COUPE DU MONDE 2022 – GROUPE B – R.I. IRAN : ALIREZA BEIRANVAND, AU NOM DU PEUPLE…

J-7 avant la Coupe du Monde. Quatre ans que toute la planète football attend la grand-messe du football mondial. 32 équipes, 99 gardiens, Main Opposée vous propose de découvrir ceux qui défendront les couleurs et les filets de leurs pays lors de la compétition pour tenter de détrôner l’équipe de France d’Hugo Lloris, tenante du titre.

Episode 7 : l’Iran.

Qualifiée pour la Coupe du Monde après avoir validé son billet sur le terrain, l’équipe nationale de la République Islamique d’Iran, 21^e nation au classement FIFA, a bien failli rester à quai.

Alors que les joueurs de Dragan Skočić sont opposés au Liban le 29 mars dernier, 2000 femmes venues assister à la rencontre se voient refuser l’accès au stade en raison des règles et principes de la république islamique qui, depuis 40 ans, interdit généralement aux spectatrices d’assister à des matches de football, afin que ces dernières soient protégées de l’atmosphère masculine et de la vue des hommes en tenue de sport, dont le corps est donc partiellement visible.

Un incident qui n’a évidemment pas plu à la FIFA, celle-là même qui avait ordonné à l’Iran d’autoriser aux femmes l’accès au stade sans restriction il y a près de 3 ans. “La position de la FIFA concernant la présence des femmes lors des matches de football en Iran est claire : des progrès historiques ont été réalisés – comme l’illustre l’étape importante d’octobre 2019, lorsque des femmes ont été autorisées à entrer dans le stade pour la première fois en 40 ans. La FIFA compte les voir se poursuivre, car il ne peut y avoir de retour en arrière”, a ajouté l’instance. Le président iranien, Ebrahim Raissi, a lui aussi réagit, demandant à son ministre de l’Intérieur Ahmad Vahidi de suivre cette affaire, tandis que le capitaine de la sélection iranienne, Alireza Jahanbakhsh, a pour sa part regretté cet incident : « Je ne pense pas que quelque chose se serait passé si les femmes étaient venues au stade, et cela peut au contraire favoriser notre culture ».

Des réactions qui trouvent leur écho dans l’actualité récente, de nombreux joueurs de l’équipe nationale ayant, malgré les risques de sanctions, pris position en faveur du mouvement de contestation qui bouscule actuellement la société Iranienne à la suite du décès de la jeune Mahsa Amini, mais on imagine mal la fédération se priver de l’ensemble de ses athlètes à quelques encablures du Mondial.

Les Italiens peuvent donc se rasseoir, tout comme les ukrainiens qui ont eux aussi tenter leur chance pour faire disqualifier l’Iran, c’est bien la Tim Melli, surnom de l’équipe Iranienne, qui se rendra au Qatar pour affronter l’Angleterre, le Pays de Galles et les États-Unis dans un groupe B dont il rêve de sortir qualifiés, eux qui n’ont jamais connu les 8^e de finale malgré déjà 5 participations en phase finale de Coupe du Monde (1978, 1998, 2006, 2014 et 2018).

Si l’Angleterre peut sembler hors de leur portée, les Iraniens joueront sans nul doute crânement leur chance face aux Gallois et aux USA, des Américains qu’ils avaient battus 2 buts à 1 dans un match empli de symboles lors de l’édition 1998 disputée sur le sol français avec à l’époque dans ses buts un certain Ahmad Reza Abedzadeh dont le fils aîné, Amir, est lui-même devenu gardien de but, évolue au SD Ponferradina et fait partie du quatuor d’élus amenés à défendre les filets de la nation. Car oui, il s’agit bien d’un quatuor…

ALIREZA BEIRANVAND, DE LA RUE AU GUINNESS BOOK

A 29 ans, Alireza Beiranvand est connu de tous pour son record inscrit au Guinness Book en 2016. Une relance à la main face à la Corée du Sud entrée dans la légende lorsque le ballon atterit 61,26m après avoir quitté ses gants. Etonnant, et même bluffant lorsque l’on sait que le plus long dégagement effectué au pied, réalisé par le brésilien Ederson, n’a fini que 14,09 mètres plus loin que le bras roulé du portier Iranien. Mais ce que l’on conaît moins du natif de Khorramabad, c’est son parcours, atypique.

Issu d’une famille nomade, il n’a que 12 ans lorsque son père lui dit qu’il ne pourra pas faire carrière dans le football. La réaction du pré-adolescent est sans appel : il fuit le domicile familial pour s’installer à Téhéran, convaincu qu’il peut donner tort à son aïeul. Il vit alors dans la rue et enchaîne les petits boulots comme serveur dans un restaurant de pizzas, laveur de voitures, ou encore en nettoyant les rues et les parcs publics, avant de finalement signer son premier contrat professionnel en 2011 au sein du Naft Téhéran, à l’âge de 19 ans.

Il rejoint par la suite le club du Téhéran Persepolis avant de tenter l’aventure européenne en signant au Royal Antwerp FC en Jupiler Pro League à l’été 2020. Il participe ainsi à 12 rencontres dont 2 en Ligue Europa avant d’être prêté au club portugais du Boavista où il restera un an, disputant 8 rencontres de LigaNos et un match de coupe du Portugal. Insuffisant pour convaincre le club portugais de le conserver, tout comme le club Anversois qui le laisse repartir libre à Téhéran. Titulaire dès le début de saison, il faudra attendre la 5e journée de championnat pour le voir encaisser un but. Début septembre, il se voit confier le brassard de capitaine, brassard qu’il n’a plus quitté depuis. Côté palmarès, Beiranvand compte deux titres de champion d’Iran ainsi que deux victoires en Supercoupe d’Iran en 2017 et 2018. Il est également élu meilleur gardien du championnat iranien à trois reprises : en 2015, 2017 et 2018.

En équipe nationale, Alireza Beiranvand est tout simplement une légende.  Convoqué pour la première fois en janvier 2015 pour affronter l’Irak (victoire 1-0), il attend patiemment son heure laissant le soin à Alireza Haghighi de défendre les filets de la Nation, et c’est fin 2015 – début 2016 que la transition s’opère. 51 sélections plus tard, il s’apprête à disputer sa deuxième Coupe du Monde, 4 ans après l’édition Russe qui l’aura vu détourner un pénalty de Cristiano Ronaldo lui-même, permettant à son pays d’arracher le match nul (1-1) dans les arrêts de jeu. Placé un bon mètre à l’intérieur de sa cage, il profite de la course d’élan de l’attaquant portugais pour avancer, sans pour autant passer sa ligne de but, avant de s’élancer corps et âme sur sa gauche alors que CR7 ouvre son pied. Stupeur lisboète, cris de joies iraniens, Alireza repousse le ballon des deux mains et entre dans le cercle très fermé de ces derniers remparts qui sont parvenus à tenir Cristiano Ronaldo en échec depuis le fatidique petit point blanc. A ce jour, sur 174 tentatives, seuls 28 portiers sont parvenus à faire échouer le portugais, Diego Alves ayant réaliser l’exploit par deux fois. C’est dire l’exploit réalisé par Beiranvand, même si le match nul obtenu ne sera finalement pas suffisant pour passer la phase de groupes, un cap que la République Islamique d’Iran n’a encore jamais franchit. Première historique cette année ?

AMIR ABDEZADEH, AU NOM DU PÈRE

Souvenez-vous… Nous sommes en 1998 lors du Mondial organisé en France. Le 21 juin, dans le groupe F, a lieu un match que tous attendent depuis le tirage au sort. Un match hautement symbolique opposant la République Islamique d’Iran et les Etats-Unis, deux pays diplomatiquement en froid depuis la révolution de 1977 et l’occupation de l’ambassade américaine à Téhéran. Dans un coin du stade Gerland, le petit Amir, 5 ans, regarde son père Ahmad Reza Abedzadeh défendre les filets iraniens avec brio, permettant à son pays de l’emporter 2 buts à 1 malgré un but de McBride. Une victoire symbolique, mais également historique, la Team Melli remportant là son tour premier succès en Coupe du Monde. 24 ans plus tard, c’est au tour de ce jeune garçon de défendre les filets de son pays lors du tournoi planétaire. Sera-t-il titularisé pour ce match le 29 novembre en hommage à son père ? Rien n’est moins sûr mais l’histoire serait belle.

S’il semble être appelé à prendre place sur le banc des remplaçants, Amir Abdezadeh, gardien de but du SD Ponferradina en 2e division espagnole, est régulièrement appelé depuis novembre 2017 mais ne compte à ce jour que 11 sélections avec l’équipe nationale A, dont 6 sur les 8 derniers matchs de la République Islamique d’Iran, le sélectionneur national Dragan Skočić souhaitant mettre ses gardiens à l’épreuve du feu avant le grand rendez-vous Qatari pour pallier à tout risque de blessure, méforme ou suspension de son numéro 1.

HOSSEIN HOSSEINI, LE REVE D’UNE VIE

Quatre ans qu’il est régulièrement appelé, mais seulement 5 matchs disputés sous les bois de sa sélection nationale. À 30 ans, Hossein Hosseini semble bien parti pour compléter le trio de la sélection nationale d’Iran à l’occasion cette Coupe du Monde. Capitaine de l’Esteghlal FC, actuel 4e du championnat iranien à 5 points du leader Persepolis, Hossein Hosseini était titulaire lors de la dernière rencontre de la sélection iranienne face au Sénégal (1-1), quatre ans après avoir défendu les filets de la Nation pour la dernière fois. Absent de la liste iranienne il y a 4 ans en Russie, le natif de Shiraz fait cette fois bel et bien faire partie du voyage, réalisant un rêve d’enfant.

PAYAM NIAZMAND, LE QUATRIÈME PILIER

La FIFA autorisant des listes de 26 joueurs et non 23 comme par le passé, le sélectionneur national en a profité pour ajouter deux noms à sa liste, dont celui de Payam Niazmand, gardien de Portimonense en prêt à Sepahan Isfahan dans le championnat iranien. Un invité de dernière minute que l’on n’attendait pas, lui qui n’a défendu qu’une seule fois les filets de son équipe nationale. C’était en octobre 2020 lors d’un match amical face à l’Ouzbékistan. Auteur d’un bon début de saison avec son club (8 matchs, 6 buts encaissés, 4 cleansheet), le natif de Téhéran (27 ans, 1m94, 82 kilos) ne jouera probablement pas mais partagera l’aventure Coupe du Monde avec ses trois compères.

LA FICHE DU TITULAIRE

ALIREZA SAFAR BEIRANVAND
Club:  Persepolis Téhéran

Âge : 30 ans
Né le : 21 septembre 1992, à Khorramabad, Lorestan (Iran)
Taille : 1m94
Poids : 85 kilos 
Pied : droit
Main : droite
Gants : Adidas

Sélections : 52
1ère sélection : 4 janvier 2015 (Iran – Irak : 1-0)

Photo : RMC Sport / BFM TV

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Egalement dans le groupe B :

• Pays de Galles
• États-Unis
• Angleterre

Dans le groupe A : 

• Qatar
• Pays-Bas
• Sénégal
• Equateur

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