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29 January 2019


Une face d’ange, le mètre quatre-vingt neuf élancé d’un profil presque adolescent, inexpérimenté des compétitions européennes, contraste saisissant avec ses prédécesseurs comme le bientôt regretté Petr Cech et la star belge Thibaut Courtois : le 8 août, Kepa Arrizagalaba débarquait à Chelsea et en Premier League, avec l’étiquette du nouveau gardien le plus cher du monde…

Kepa à Madrid, Kepa à Londres

Dire que le nouveau “portero” du Real, ça aurait pu être lui. Depuis 2014 et la mise à l’écart progressive d’Iker Casillas, le Real Madrid voulait mettre la main sur le futur gardien de la sélection nationale, afin de le voir faire carrière chez lui. Un rôle symbolique que ce même Casillas avait honoré pendant des années. À l’hiver 2017, le transfert tant attendu de David De Gea au Real ne se concrétisait pas, et Florentino Perez visait l’arrivée d’Arrizabalaga. Mais coach Zidane préservait Keylor Navas, gage d’assurance et de sérénité. Une C1 en plus et un Zizou en moins plus tard, le Real s’attachait finalement les services de la star Thibaut Courtois, un 7 août 2018. Le lendemain, Chelsea passait à la caisse et remplaçait le Belge par le Basque Kepa Arrizabalaga, pour 80M€. Un record, un acte dans l’avenir des Blues et de la Roja.

Kepa le basque

Pur produit de la formation basque de l’Athletic Bilbao, Kepa Arrizabalaga était promis à un parcours international. À 10 ans, il intègre le centre de formation de l’Athletic, en 2004. Au sein du club le plus identitaire des 5 championnats européens, Kepa progresse jusqu’à l’équipe sénior, où Bielsa l’adoube troisième gardien en 2011. Mais à 17 ans, le natif d’Ondarroa doit jouer. En 2012, il est prêté au Deportivo Baskonia, club de Segundo Division B, équivalent du national. Titulaire avec la réserve de l’Athletic en 2014, il enregistre un ratio de 0,64 buts encaissé par match. Confié au SD Ponferradina en 2015, Kepa découvre la Liga Adelante à l’âge de 20 ans. Il termine sa première demi-saison à ce niveau, avec un ratio de 0,95 buts encaissé par match :

Septième de Liga Adelante avec Ponferradina en 2015, seizième avec Valladolid la saison suivante, Kepa revient à l’Athletic Bilbao à l’été 2016. A 21 ans, il partage le temps de jeu avec le capitaine Gorka Iraizoz, titulaire depuis 2008. Titulaire 23 fois, Kepa termine septième de Liga avec son club, mais ne participe pas à la courte aventure des siens en Ligue Europa, l’Athletic Club sortant dès les seizièmes de finale. En 2017-2018, Kepa est le troisième gardien à effectuer le plus d’arrêts dans la saison, mais ne peut empêcher Bilbao de terminer seizième de Liga. Sur le plan européen, nouvelle désillusion : les Basques dérapent encore en 16ème contre le Panatinaikos, sans qu’Arrizabalaga n’apparaisse de la compétition. Une saison de rupture dans la quête à la Champions League. Mais si Kepa n’aura pas goûté à l’Europe avec l’Athletic, l’Europe vient à lui. Son choix se portera sur Chelsea.

L’archétype du gardien de Premier League

L’arrivée record de Kepa surprend. On voyait Chelsea recruter un adepte de la Premier League (Butland), ou une plus grosse tête d’affiche (Oblak). Cinq mois plus tard, l’Angleterre a fini d’être convaincue par le gardien basque, compatible avec le style de jeu de Sarri. Chelsea est devenue une équipe plus offensive et possessive du ballon que sous l’ère Conte, et son gardien est son premier meneur de jeu. Six mètres lobés pour sauter proprement la première ligne adverse et toucher les latéraux le long de la ligne de touche, relances sur un meneur de jeu descendu initier une phase de possession au milieu de terrain, dégagements longs et fuyants dès la récupération du ballon pour lancer un Eden Hazard dans la profondeur adverse, les jambes de Kepa sont capables de tous les renvois utiles aux Blues. De quoi être une référence au poste, aux côtés des Neuer, Ter-Stegen et Ederson :

La vidéo ne nous en informe pas, mais le pied fort de Kepa est le droit, et ses observateurs ne tarissent pas d’éloges à son égard. L’ancien entraîneur des gardiens du Real Madrid, Luis Llopis, est un aficionado assumé du jeune portier : “Il est bon dans sa circulation du ballon grâce à sa technique qu’il a travaillée depuis le début, explique le coach espagnol. Il sait servir de soutien à son équipe (…) Il lit très bien le jeu et prédit les options de passes des attaquants adverses“. Toujours serein en match, Kepa a digéré ses nouvelles responsabilités en Premier League. “Il est toujours relax, il transmet son calme à l’équipe“, conclut le milieu de l’Athletic Bilbao, Mikel San Jose. Une sérénité remarquable à 23 ans, qui aimerait épouser plus d’autorité dans le domaine aérien comme patron de sa surface de réparation. Sur sa ligne, Kepa a déjà convaincu la Premier League :

Un avenir radieux avec la Roja ?

International depuis les U18, Kepa a remporté l’Euro U19 avec la Rojita en 2012, avant d’échouer en finale de l’Euro espoir 2017. Face à l’Allemagne de Gnabry et Kehrer. Il connaît sa première sélection en A face au Costa-Rica de Navas le 11 novembre 2017 (5-0). Depuis, Kepa est barré par David De Gea, quadruple meilleur gardien de Premier League en titre. La concurrence ne pouvait être plus rude. Le Mancunien est sur la pente ascendante avec les Red Devils de Solskjaer, et contrairement à Arrizabalaga, il pourra briller en Ligue des Champions.

Kepa avec Jese Rodriguez (10), Suso (en haut à droite), Deulofeu (17) ou encore Saul Niguez (15) - photo : Wikipédia
Kepa avec Jese Rodriguez (10), Suso (en haut à droite), Deulofeu (17) ou encore Saul Niguez (15) – photo : Wikipédia

 

La Premier League livre un duel pour les cages de la Roja. Aspirant déchu à l’empire de Madrid, le roi De Gea a conquis l’Angleterre et protège le royaume d’Espagne. Mais le prince basque lui livre bataille, pour lui voler les trônes castillan et saxon. Le duel durera des années. Il offre déjà un grand spectacle.

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photo de couverture : The Times

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