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26 November 2018


À l’évocation du nom du portier tchèque, certains souvenirs forts remontent à la surface : une blessure grave à la tête, des arrêts salvateurs sur des pénalties et aux tirs-au-but en finale d’une grande compétition européenne, entre autre choses. Mais c’est aussi l’histoire d’un homme précoce, talentueux extrêmement travailleur et qui a su progresser sans griller les étapes afin de devenir l’un des meilleurs à son poste. De son village natal de Plzen à Londres en passant par Rennes, voici l’histoire de Petr Cech.

PRECOCE ET TALENTUEUX

Le jeune Petr naît à Plzen le 20 mai 1982 dans un pays alors encore appelé Tchécoslovaquie, et commence le foot à l’âge de 8 ans dans le club de son village.

À cette époque, il oscille entre plusieurs postes, milieu défensif, ailier et gardien lorsque le titulaire est absent.

Très athlétique, il pratique d’autres sports dont le hockey sur glace, sport le plus populaire en République Tchèque.

À l’âge de 10 ans , il se fracture la jambe droite et fera le choix de rester au poste de gardien car, selon lui, « il serait moins dangereux de rester dans le but. Et c’est ainsi que je suis devenu gardien ». Le pauvre ne sait pas encore dans quoi il s’est embarqué !

Très vite repéré par le club de D1 de sa région, il est transféré au Chmel Blzany en 1999 et joue, lors de sa 2ème saison, une saison pleine qui attire alors le regard du meilleur club du pays, le Sparta Prague.

Petr Cech, alors gardien du Sparta Prague - Source : 24smi.org
Petr Cech, alors gardien du Sparta Prague – Source : 24smi.org

Il y est transféré en 2001 à l’âge de 18 ans et commence très fort avec près de 1120 minutes sans concéder de but, toutes compétitions confondues.

En 2002, il manque le titre avec le Sparta, mais glane son premier titre avec sa sélection lors de l’Euro Espoirs en 2004. Face à l’Equipe de France menée par Raymond Domenech, les tchèques emmènent Les Bleus jusqu’aux tirs-au-but où Cech sort le grand jeu… et les tirs de Pierre-Alain Frau, Julien Escudé et Jean-Alain Boumsong !

Grâce à cette performance, il sera repéré par de nombreux clubs européens dont certains grands clubs anglais, mais il portera son choix sur le Stade Rennais afin de parfaire sa formation, assuré d’être dans un rôle de numéro 1. La présence de Philippe Bergeroo, ancien gardien, fini d’entériner son choix. 

Le montant du transfert est alors estimé entre 4,5 et 5 millions d’euros, ce qui en fait à l’époque le plus gros transfert du Sparta Prague.

DE RENNES À L’ANGLETERRE

À Rennes, Cech va vite s’acclimater et prendre ses marques. Il sera assez rapidement décisif et important lors du maintien obtenu en 2002-03, malgré une année compliquée qui aura vu le limogeage de Bergeroo et son remplacement par Vahid Halilhodzic, pour une mission maintien obtenu in extremis.

Seul point noir cette année-là, il commet une erreur et relâche le ballon devant Djibril Cissé lors de la demi-finale de Coupe de France. Mais cela ne l’empêche pas de continuer sa progression et de clairement surnager dans cette équipe rennaise.

Petr Cech sous les couleurs du Stade Rennais - Source : Stade Rennais Online
Petr Cech – Source : Stade Rennais Online

Performant et régulier, Cech est alors toujours suivi par de nombreux clubs, notamment les anglais de Manchester United. L’interet Est bien réel puisque Sir Alex Ferguson se déplacera en personne lors d’un Rennes – Auxerre de mars 2003 pour voir évoluer le portier tchèque. Petr Cech reste néanmoins fidèle à ses principes et à son envie de progresser étape par étape. Il ne prend pas la grosse tête et décide de continuer sa progression en Ligue 1. Qu’importe, la Premier League attendra.

C’est lors de son passage à Rennes qu’il fera la connaissance de son mentor et ami Christophe Lollichon, entraîneur du centre formation rennais puis entraîneur des gardiens de l’équipe première, à la demande de Cech.

Lors de la saison 2004, il continue sa progression et continue de se faire remarquer, et c’est Chelsea qui prend les devants pour un transfert qui sera bouclé en janvier 2004 pour un montant de 11,5 millions d’euros, mais effectif seulement en juillet, permettant à Cech de terminer la saison avec Rennes et d’emmener l’équipe à une belle 9ème place.

Lors de son dernier match au Stade de la route de Lorient, il est remplacé à quelques minutes de la fin afin de recevoir une belle ovation. Reconnaissance des supporters qui savent qu’ils ont vu passer chez eux un futur très grand gardien.

CHELSEA, SON JARDIN

Recruté par Ranieri avec comme objectif d’être la doublure de Carlo Cudicini, il va finalement prendre sa place suite à la blessure du portier italien.

Entre temps, Ranieri est remplacé par Mourinho qui le fait donc démarrer contre Manchester United. Comme à son habitude, le portier tchèque démarre en fanfare avec  une série de 11 clean sheet, établissant un nouveau record en Premier League. Cette année-là, il remportera le championnat avec la meilleure défense du championnat, 15 buts encaissés et recevra le Golden Glove de la Premier League au terme de la saison pour sa performance, et notamment ses 21 clean sheet !

Les saisons suivantes sont du même acabit et les trophées s’enchaînent, tant collectivement (4 Premier League, 4 FA Cup, 3 League Cup 2 Community Shield, 1 LDC, 1 Europa League) qu’individuellement (Meilleur gardien du monde IFFHS 2005, Premier League Golden Glove 2004-05, 2009-10, 2013-14 entre autres).

Tout ces trophées glanés au cours de ses 9 saisons à Chelsea sont les fruits du travail et de l’implication de Cech dès son arrivée, lui qui a pris la pleine mesure de la Premier League très vite et su s’adapter sans délai.

Gardien de grande taille (1,97m), fort physiquement, agile et vif, il a su plus que tout être décisif dans une équipe dominatrice qui concédait peu d’occasions.

Ses performances lui ouvrent les portes de la sélection tchèque . Il y connaîtra sa plus belle période lors de l’Euro 2004, emmenant ses coéquipiers jusqu’en demi-finale après un bon tournoi, mais il devra s’incliner (1-0) face aux futurs vainqueurs de la compétition, la Grèce. Il fera partie néanmoins de l’équipe type du tournoi. Ce sera sa meilleure performance avec sa sélection, et Cech prit sa retraite internationale le 8 juillet 2016.

UN CRÂNE ET UN MENTAL D’ACIER

Durant ses 9 années à Chelsea, il y aura 2 épisodes très importants dans la carrière et la vie de Petr Cech.

Le premier le 14 octobre à 2006, face à Reading à la 2ème minute, alors qu’il va capter un ballon dans les pieds du milieu de terrain Stephen Hunt, le genou du joueur adverse heurte violemment son crâne. Il est inconscient sur la pelouse et emmené d’urgence à l’hôpital où on lui diagnostic une fracture du crâne, blessure qui aurait pu lui être fatale selon les médecins.

Après l’avoir remis sur pieds, les médecins préconisent une période de convalescence d’un an. Il sera remis au bout de 3 mois ! Il fera son retour le 20 janvier 2007 contre Liverpool et portera un casque spécialement conçu qui ne le quitte plus aujourd’hui. 

Le second moment fort eût lieu lors de la campagne en Ligue des Champions de la saison 2011-12. Une fin de saison européenne qui voit Chelsea battre le Barca en demi-finale grâce à un Cech en état de grâce, ainsi que la finale face au Bayern Munich qui voit le portier arrêter un pénalty de Robben dans le temps additionnel et envoyer le match aux tirs-au-but. Une fois de plus bien préparé, il part du bon coté pour chacun des tireurs sans parvenir à les arrêter. Alors que l’on est à 3-3, il détourne le tir d’Olic puis celui de Schweinsteiger. Aux yeux des fans, il restera celui qui a permis aux Blues de gagner leur première Ligue des Champions, surtout après la défaite en 2008 face à Manchester United.

Au cours de sa carrière, à l’exception de sa terrible fracture du crâne, Cech s’est souvent blessé sans que cela ne l’éloigne des terrains trop longtemps. Malheureusement, en avril 2014, il se blesse sérieusement à l’épaule et sa saison est terminée. L’arrivée de Thibaut Courtois, de retour de prêt, le pousse progressivement sur le banc.

Malgré la perte de son statut de titulaire, il conserve un professionnalisme sans égal et continue de travailler. Sa situation de numéro 2 actée, il est finalement autorisé à rejoindre un concurrent pour tous ses services rendus. Il signe donc à Arsenal en 2015 pour y être numéro 1. La suite est plus compliqué, malgré 3 trophées gagné avec Arsenal, (2 Comunity Shield, 1 FA Cup), le club londonien vit la fin du cycle de Wenger. Plus récemment, l’arrivé de Bernd Leno, venu sérieusement le concurrencer, pourrait provoquer soit un déclic soit un départ.

UN MENTOR ET BEAUCOUP DE TRAVAIL

Petr fera une rencontre décisive pour sa carrière lors de son passage à Rennes, celui qui deviendra son mentor et ami, Christophe Lollichon.

Alors entraîneur du centre de formation rennais puis du recrutement et du scouting des jeunes, il développera très vite une alchimie avec le portier tchèque.

« On se croisait parfois sur le parking du centre d’entraînement des professionnels et on a eu l’occasion de parler de ses matchs, il se montrait très intéressé par nos discussions. Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer mais je pense que c’est chimique, on n’arrive pas à expliquer notre relation. On est devenus amis, c’était dans le regard, c’était quelque chose… »

Une relation qui s’intensifie lorsque Cech pose comme condition pour sa 2ème saison la venue de Lollichon au poste d’entraîneur de gardiens, afin de travailler main dans la main avec celui qui deviendra son mentor et ami.

Petr Cech, avec Christophe Lollichon - source : Stadito
Petr Cech, avec Christophe Lollichon – source : Stadito

La relation entre les deux hommes et le travail acharné d’analyse de Lollichon paiera particulièrement lors de la demi-finale de Ligue des Champions contre le Barça en 2012, match considéré comme le match référence du portier tchèque :

« Là aussi, on avait bossé. On sait que Messi, proche du gardien, normalement il aime bien tirer dans les pieds. C’est pour ça que sur ce match, Petr a cherché à adopter une position de gardien de hockey et ça a marché deux, trois fois. »

Ce sera aussi le cas lors de la finale contre le Bayern Munich, en particulier concernant une potentielle séance de tirs-au-but. Christophe Lollichon observe tous les pénalties de toute la ligne offensive du club allemand depuis 2007 et demande aux 3 autres gardiens de se focaliser sur un joueur et d’en faire une présentation à Cech. « Ce qui est génial, c’est que le jour du match, on se réunit dans ma chambre sur mon rétroprojecteur pendant 45 minutes et qu’ils avaient tous fait un super travail, qu’ils ont présenté à Petr. 45 minutes de bonheur. C’est un moment très fort, en parfaite intimité. »

Une anecdote qui reflète l’accomplissement d’un travail de préparation minutieux et qui permet à Cech de plonger du bon coté à chaque tir et d’arrêter 2 tirs et de gagner la première Ligue des Champions pour Chelsea.

Encore aujourd’hui, Cech travaille beaucoup sur des exercices atypiques et cherche à améliorer sa perception et ses réflexes. Au vu de son expérience et de son esprit analytique, on espère qu’il embrassera une carrière d’entraîneur lorsqu’il prendra sa retraite.

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photo de couverture : talkchelsea.com

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