Longtemps critiqué et accusé de ne devoir sa place de gardien au Barça que grâce à ses qualités de relance, cet exercice 2016-2017 a bien été celui de Marc-André ter Stegen. L’Allemand a fait des pieds et des mains pendant des mois pour montrer qu’il était plus que cela. De la volonté et de la patience, voilà deux mots qui résument bien sa saison.
Ter Stegen a mis du temps à rentrer pleinement dedans. La responsabilité était lourde et ce, dès le début. Cinq jours après la reprise du championnat et la victoire écrasante face au Betis, c’est officiel : ter Stegen sera seul cette saison pour garder la cage barcelonaise, que ce soit en championnat ou en coupe. Claudio Bravo s’envole pour l’Angleterre et fait le choix de rejoindre Pep Guardiola à Manchester City. Jasper Cillessen arrive en provenance de l’Ajax pour concurrencer ter Stegen mais Luis Enrique a bien en tête de faire de l’Allemand LE gardien du Barça. Il tend la main à son protégé et ce dernier a bien l’intention de montrer que les siennes peuvent faire des prouesses. Il a donc l’occasion, après une Ligue des Champions et deux coupes d’Espagne, de remporter la Liga avec son club.
Les ambitions de la formation barcelonaise sont à la hauteur des responsabilités de son gardien dont on attend beaucoup. Cependant, attendre il va falloir, et pendant un certain temps. Ter Stegen a décidé de conserver à fond ce qui fait son jeu et son style : une attitude assez statique, mais surtout un jeu au pied très osé voire parfois très risqué. Le temps d’adaptation est long.
Il réalise notamment un match catastrophique contre le Celta début octobre, au cour duquel son équipe perd 4-3 et où deux de ses relances entraînent un but… encaissé. Après ce match, il admet sa responsabilité mais prononce ces mots : « Je ne changerai pas mon jeu. Après tout, ce n’est arrivé qu’une fois ». Ici est résumé l’esprit de ce gardien, qui fera son succès par la suite.
La talent de ter Stegen fait surface face à Manchester City au match aller où il réalise plusieurs parades solides. Son équipe s’impose 4-0 alors qu’en face Claudio Bravo est expulsé. Cette soirée est bien celle de l’Allemand. En plus de jouer pleinement son jeu – comme d’habitude finalement – il sait montrer qu’il est décisif. Cerise sur le gâteau, son ancien concurrent lui donne un beau coup de main pour rassurer Luis Enrique et le peuple blaugrana quant au choix de leur portier.
Cependant il manque encore à ter Stegen, comme à son équipe d’ailleurs, de la régularité. Au retour le Barça perd 3-1 à Manchester City et son gardien s’illustre par son immobilité à plusieurs reprises. Sur Radio Main Opposée on s’énerve et on va même jusqu’à parler d’ « erreur de casting » pour les plus sévères. Dans une moindre mesure, il est vrai que dans cette première moitié de saison, celui qui nous intéresse ici a été tantôt catastrophique, tantôt transparent, mais a trop peu montré le visage d’un grand gardien, décisif et régulier, digne du club dont il porte le maillot. Barcelone est troisième avec 12 victoires, 5 nuls et 2 défaites.
Le défi est donc de taille pour la deuxième partie de saison et ter Stegen l’attend de pied ferme. L’équipe est en difficulté et doit revoir son niveau de jeu pour conserver ses ambitions. Face au Betis (20e journée), puis face à Leganès et l’Atlético (23e et 24e), il est décisif, enfin ! Barcelone ne perd aucun de ces trois matchs et en gagne deux par un but d’écart. Pour le moment si l’équipe a pris de bonnes résolutions, son portier est le seul à les tenir et cela suffit.
Jusqu’au 14 février et le déplacement au Parc des Princes… Plus besoin de décrire cette soirée, et encore moins celle qui va suivre quelques semaines plus tard. Barcelone perd 4-0, puis gagne 6-1 et se qualifie pour les quarts de finale de la Ligue des Champions face au Paris Saint-Germain. Une remontada historique. Au milieu de cette folie, ter Stegen a été d’une importance capitale. Malgré quelques arrêts à l’aller, il repart sûrement frustré de ne pas en avoir pris un de moins. Mais s’il n’y avait pas eu ces quatre buts, y aurait-il eu ce spectacle incroyable au retour, ces paroles après le but encaissé, à 3-1, « on va gagner, on est le Barça quand même ! », cette audace à 5-1 pour aller provoquer un coup franc au milieu de terrain, le tirer, pour voir Sergi Roberto marquer le sixième but au bout du suspense ? Alors que parfois tout semblait perdu, il est obstinément, comme Neymar, resté sur le pied de guerre. On pourra dire que ce soir-là, dans la cage du Barça, lors d’un des plus grands matches de l’histoire du club, il y avait Marc-André ter Stegen. Sur le terrain c’était bien ce grand Barça dont il parle, et, enfin, ce Barça avait un grand gardien.
Par la suite le retour à la réalité est difficile puisque Barcelone perd à La Corogne. Ensuite les victoires se suivent, et la course au titre avec le Real est amorcée, avec un net avantage côté madrilène. Le club ne va pas aussi bien qu’il ne devrait aller à l’exception de son gardien qui fait enfin preuve de régularité. L’élimination en quart de finale de LDC face à la Juve est dure à encaisser. Ter Stegen n’y peut pas grand-chose.
Enfin, alors que se joue un des moments forts de la saison et de l’histoire des deux clubs, il décide, bien inspiré, de réaliser son chef d’œuvre 2016-2017 face au Real Madrid. Dans un Clásico complètement fou comme on les aime, il réalise 9 arrêts, il s’envole, se couche pour repousser les tentatives adverses, et c’est son pied gauche qui nous offre un de ses plus beaux arrêts de la saison face à Benzema. Un comble.
Enfin on voit le ter Stegen que l’on attendait. Alors que longtemps il a semblé vouloir faire ce dont il n’est pas capable, enfin il sort de ses cages pour aller intercepter des ballons avec une facilité déconcertante, enfin il s’envole sur une frappe de Modric ! Il n’est plus ce bloc lourd posé au milieu de la cage mais qui ne serait pas plus mal en défense centrale ! Et il est récompensé car Messi offre la victoire aux blaugranas dans les ultimes instants, 3-2.
Le titre échappera finalement à ter Stegen et à son équipe cette année. En fait le seul trophée qu’il a brandi est la coupe du roi, qu’il a regardée depuis le banc… Mais il a gagné autre chose, de non moins important : la confiance du coach, de tous les joueurs et des supporters, une place à part, reconnue dans cette équipe à la peine cette année. Une place de gardien et plus seulement de premier relanceur.
Pour l’extraire de la Masia il faudra sortir le chéquier et montrer patte blanche. Les 180 millions d’euros de sa clause libératoire ne veulent pas dire grand-chose si ce n’est que pour ter Stegen il n’y a que le Barça, et qu’il a su faire en sorte que cela soit réciproque. Cela ne s’est pas fait en un tour de main mais, tout talentueux, solide et discret qu’il est, la patience a été sa qualité première cette saison.
Longtemps dans l’ombre de Claudio Bravo et ne pouvant se montrer jusqu’alors que toutes les deux semaines, ter Stegen a attendu son heure. Il est devenu le véritable gardien du Barça et n’est pas loin de devenir un symbole du club. Derrière cet allemand blond très prometteur, mais intriguant car apparaissant rarement, se cachait donc bien un potentiel de numéro 1, qui a mis quelques mois à émerger. 8ème des MODOR cette saison, il lui a manqué les titres pour être mieux classé. D’ailleurs, on a déjà commencé à pardonner son début de saison raté et pour l’oublier, il faudra le voir continuer à progresser. Rendez-vous donc la saison prochaine où l’on a hâte de voir évoluer le portier le plus cher de l’histoire !
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