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22 December 2021


Trois jours après l’élimination face au Paris Saint Germain en 32e de finale de la Coupe de France, les gardiens de Feignies-Aulnoye, club de National 3, reviennent sur cette grande et belle soirée qui les aura vu tous deux s’illustrer face à Mbappé, Icardi, Paredes, Sergio Ramos, Xavi Simons, Navas et consorts. Jordan Fernand et Yann le Meur sont de retour au micro de Main Opposée pour nous livrer leur sentiment sur cette rencontre face aux stars du club de la capitale et évoquer les souvenirs d’une rencontre qui les marquera à vie.

Main Opposée : Bonsoir Messieurs, nous nous étions quittés le soir du tirage au sort des 32e de finale avec des étoiles plein les yeux et des rêves d’exploit plein la tête. 72 heures après la fin de votre épopée Coupe de France face au PSG (défaite 3-0, ndlr), quel est le sentiment qui prédomine ?

Jordan Fernand : La fierté, la joie. La grande fierté d’avoir pu participer à un tel évènement. Jouer contre une telle équipe et avoir pu rendre aussi fiers et heureux notre famille, les gens autour de nous, tous les gens qui sont venus nous voir, nous soutenir, donc c’est vraiment une immense fierté, une grande joie parce que les gens me disent à chaque fois qu’ils sont fiers de nous, qu’ils ont passé un super moment, c’était incroyable. C’est vraiment ça qui se dégage : la fierté d’avoir eu du bonheur nous, mais surtout d’avoir pu donner du bonheur aux gens.

Yann Le Meur : C’était un truc de fou parce que déjà on a joué devant 25.000 personnes. Quand on joue à Feignies, il n’y a jamais autant de monde et là jouer dans un stade rempli comme ça c’était fou et c’était que du bonheur pour tout le monde. En plus, de jouer contre des Kylian Mbappé, Marco Verratti, Sergio Ramos… c’est pas tous les jours qu’on a joué des joueurs comme ça et c’était un réel plaisir de jouer contre eux. C’est une bonne expérience.

Jouer face à Mbappé, Icardi, Paredes, etc… ça doit changer du National 3 !

JF : Bien sûr ! Après, moi, j’ai démarré sur le banc et quand tu es sur le banc, tu les vois jouer, tu les admires et tu te dis : “Put***, ca va vite !”, mais une fois que tu es sur le terrain, tu n’as plus le temps de penser à tout ça. Tu n’as plus le temps de penser aux joueurs, à ce qui se passe dans le stade, t’es tellement dans ton truc…

Après c’est ma mentalité, je suis tellement concentré et focus que je fais plus gaffe à qui est là, qui n’est pas là… Pour moi après, quand je suis sur le terrain, je vais pas dire que ce sont des joueurs comme les autres, mais à partir de là je ne fais plus la différence entre Mbappé et un joueur de National 3. Bien sûr cela va plus vite, mais ce que je veux dire c’est que je ne me pose même pas la question. Pour moi l’objectif reste le même : arrêter le ballon, donc Mbappé ou un joueur de National 3, sur ce plan-là, il n’y a pas de différence. Après, c’est sûr que c’est autre chose, c’est le top niveau, c’est la classe mondiale, ce n’est pas la même chose que le National 3, ça c’est sûr. [rires]

YLM : C’est clair ! En plus ça va largement plus vite que notre championnat, ça n’a rien à voir. Franchement, c’était que du plaisir de jouer contre ces personnes-là et j’espère que cela se reproduira un jour.

Yann, tu as réalisé près d’une douzaine d’interventions décisives : trois face à Paredes, deux face à Mbappé, Icardi, Xavi Simons et Dina Edimbe. Ta préférée ?

YLM : Celle que j’ai bien aimé c’est celle où je l’arrête du pied. Y a celle sur Paredes aussi, la première, elle est pas mal non plus. J’ai bien aimé les deux, c’est celles où je pense que j’ai fait les plus beaux arrêts.

La manchette sur Paredes est ta première intervention en plus, dès la 4e minute. C’est ce qui te met dans le match ? 

YLM : Oui, c’est ça. C’est celle qui m’a mis en confiance.

Vous avez tous les deux participés à la fête, Yann cédant sa place à Jordan à la 55e minute juste après le 3e but parisien. J’imagine que cela avait été préparé en amont avec le coach…

YLM : Il nous avait dit avant le match qu’il souhaitait faire participer tout le monde, dont Jordan, et vu la physionomie du match et l’évolution du score, il a fait le changement. Ce n’était pas une punition, il voulait juste faire participer tout le monde.

JF : Ce qui était convenu, c’est qu’en championnat c’est moi qui joue et donc du coup, Yann joue un peu plus la Coupe pour avoir du temps de jeu.

Le coach nous a appelé samedi en fin d’après-midi pour nous dire qu’il ne savait pas quelle décision il allait prendre pour ce match là, mais qu’on méritait tous les deux de jouer car Yann a fait ses matchs en Coupe et moi j’ai été performant en championnat donc forcément, c’était une décision compliquée. Finalement, il nous a annoncé dimanche que c’était Yann qui commençait pour maintenir sa logique initiale de faire jouer la Coupe au 2e gardien.

Je dois reconnaitre que j’étais un peu déçu au départ même j’ai aussi compris son choix, un choix difficile. Pour nous, c’est l’évènement de notre vie, donc forcément tu es déçu quand on te dit que tu ne vas pas jouer, c’est logique, mais il nous a dit qu’il voulait faire participer tout le monde, qu’il essaierait au maximum de nous faire participer et je pense que vue la physionomie du match, c’était plus simple pour lui de me faire rentrer à 3-0. Enfin non, pas 3-0, mais 2-0 plutôt puisqu’il m’avait dit que j’allais rentrer juste avant.

Après, si ça reste à 0-0, que l’équipe tourne bien, je pense que c’est plus compliqué pour lui de me faire entrer en jeu, mais ça fait partie du job. On sait que lorsque les places sont “définies”, le coach doit respecter sa ligne de conduite et c’est ce qu’il a fait tout en nous laissant jouer tous les deux. C’était quelque chose d’énorme et je pense que le coach a fait le maximum pour que tout le monde puisse participer et il l’a très bien fait.

Et d’ailleurs, comme Yann durant la première heure de jeu, tu as l’occasion de t’illustrer à ton tour lors des 30 dernières minutes…

JF : Oui, je fais un arrêt sur Gharbi. C’est sur une frappe de Mbappé qui est contrée, récupérée par Xavi Simons qui la remet dans l’axe à Gharbi qui crochète notre défenseur et se retrouve plein axe. Il y a une foule de joueurs devant moi et je ne vois pas du tout le ballon qui part. J’ai juste le temps de fermer les jambes et le ballon vient me taper dans l’intérieur de la cuisse. C’est un arrêt réflexe parce que je ne vois vraiment pas du tout le ballon partir, il est quasiment au point de penalty, et ça arrive tellement vite…

Tu n’as pas le temps d’analyser la chose, mais ça met clairement en confiance, d’autant qu’après je n’ai pas eu grand chose à faire comme arrêt. Un petit peu de jeu au pied, mais sinon pas grand chose à faire. Bon, je pense aussi qu’à ce moment là, 3-0, ils avaient déjà un peu aussi levé le pied et géraient le score plus qu’autre chose.

On t’a vu échanger ton maillot avec Keylor Navas à la fin du match, mais je crois que ce n’est pas le seul maillot que tu aies ramené  à la maison… 

JF : Non, j’ai ramené le maillot de Messi aussi. En fait, c’est le staff parisien qui m’a donné son maillot mais oui, j’ai donné mon maillot à Navas. J’ai quand même été surpris parce que je lui avais demandé à la mi-temps et il m’avait répondu qu’il me le donnerait à la fin du match. Du coup, je vais le voir et quand il me donne son maillot, il me met la main sur le torse et il me dit : “bah moi aussi je veux ton maillot”. J’ai dit : “QUOI ?!! Tu veux mon maillot à moi ?!!” et il me répond : “Oui oui, je veux ton maillot à toi”. Donc bah je lui ai donné mon maillot [rires]. Du coup, Navas a le maillot de l’Entente Feignies-Aulnoye et de Jordan Fernand chez lui, c’est plutôt flatteur !

Tu arborais des nouveaux gants, non ? 

JF : Exact ! J’avais sollicité Nico Albertini de chez Orzale Sport après le tirage au sort, et il m’a m’envoyé deux belles paires, des prototypes qui ne sont pas encore sortis. J’ai pu en mettre une paire à l’échauffement pour médiatiser ça, parce que je savais qu’il y aurait beaucoup de monde, de photographes, donc forcément cela offre une belle exposition et je vais pouvoir les remercier en leur envoyant quelques belles photos.

Il faut savoir que je ne suis pas sponsorisé par Orzale. J’achète mes gants comme tout le monde mais j’aime ce qu’ils font, la qualité et le rapport qualité-prix de leurs produits. Nico est un super mec que j’apprécie beaucoup et si je peux les aider à développer la marque et la faire grandir. Je n’attends aucune retombée de tout ça, cela fait déjà 3 ans que je travaille avec lui et Orzale et on s’est toujours mutuellement fait confiance. Et puis quand ça marche, pas de raison de changer.

Forcément, ce n’est pas une marque comme Uhlsport ou comme Reusch, elle est un peu moins connue, un peu moins mise en avant, donc si on peut le faire sur des évènements comme ça qui sont médiatisé, c’est un grand plaisir et un honneur pour moi. Je le remercie encore.

Et toi Yann, à défaut de l’affronter sur le terrain, as-tu pu avoir le maillot de Donnarumma ?

YLM : Non, moi j’ai eu aucun maillot. Je n’ai pas pu en avoir mais je garde les souvenirs.

Vous avez pu revoir les images depuis ?

YLM : Mes parents ont enregistré le match et mon interview post-match avec Eurosport, donc j’ai regardé les deux. Se voir sur le terrain, c’est un truc de fou. Je pourrai montrer à mes enfants plus tard que j’ai joué contre les stars du PSG, dont Kylian Mbappé qui je pense sera un jour Ballon d’Or.

JF : J’ai regardé le match lundi soir avec ma femme. J’avais vu le résumé mais pas le match en entier. Quand tu le vis, t’es dedans, tu ne fais pas gaffe à certains choses mais quand après tu le revois, tu as les frissons, mais aussi plein de petits détails que tu n’as pas le temps d’analyser sur le moment. Et puis, c’est surtout de voir la réaction des gens quand je suis rentré sur le terrain, toute ma famille était là… En fait c’est l’émotion et la fierté dans les yeux de ma famille. C’est ce qui me rend le plus heureux et le plus fier.

Si vous ne pouviez en garder qu’un, quel serait le souvenir que vous garderiez de cette soirée ? 

JF : Je suis très famille, donc je vais garder le souvenir du moment où j’ai vu mes frères, ma femme et ma belle-sœur dans la tribune. Je les ai vu quasiment les larmes aux yeux donc pour moi c’était quelque chose de très touchant. Je savais qu’ils étaient déjà fiers de moi, mais là je les ai rendu vraiment fiers et eux, ils étaient fiers de voir leur frère, leur mari sur le terrain et ça reste une image gravée dans ma tête.

Ce n’est pas forcément un souvenir sur le match en lui-même mais je suis quelqu’un de très famille, dans le partage, et c’est aussi parce que j’ai perdu mon Papa il n’y a pas si longtemps que ça. Il était un très très grand amateur de football, il me suivait partout, venait me voir à tous les matchs et ça depuis tout jeune, donc je sais qu’un match comme ça, ça aurait été exceptionnel pour lui de pouvoir y être. Je sais très bien que mon père n’avait pas forcément la larme facile, mais à ce match là il aurait forcément pleurer parce que pour lui c’était une récompense, un aboutissement dans sa vie de voir son fils contre des grandes stars mondiales. Cela aurait été ce qu’il y a de plus beau pour lui, donc quand j’ai vu mes frères, ma femme et ma belle-sœur, c’est ce qui m’a fait tout de suite penser à lui et c’est ça qui est ressorti en fait, c’est pour ça. C’est un sentiment qui est venu d’un coup, qui m’a beaucoup touché et que je veux vraiment garder de cette soirée en fait.

Après il y a plein d’autres choses, mais LE fait marquant pour moi, c’était ça. Mon père était tellement investi, il aimait tellement le sport et le football… Il avait des problèmes de santé mais il venait tout le temps à tous les matchs que ce soit l’été, l’hiver, il était là. Parfois je lui disais “viens pas il fait froid” mais il me répondait “non non, je viens, je viens” et il venait, il se gelait les c*******, oups pardon [rires] donc oui, il venait, il fallait qu’il soit là, c’était son plaisir en fait, donc je sais qu’un match comme ça il aurait vraiment plus qu’adoré.

Et toi Yann ?

YLM : Quand je fais l’arrêt sur Paredes, la première. C’est vraiment ce qui m’a mis dans le match, c’est vraiment ce qui m’a mis en confiance et après j’ai réalisé une bonne première mi-temps.

Tu n’as pris qu’un but dans le jeu, et le premier penalty, tu la touches sans pouvoir la sortir…

YLM : Je l’ai touché mais il avait mis de la force donc j’ai pas pu la sortir. En plus j’avais regardé dans la semaine des vidéos de Kylian Mbappé sur les pénalties parce qu’il avait marqué contre Nantes la semaine avant nous je crois. Il avait frappé pareil, à ma droite. J’ai essayé de partir un petit peu avant, mais il l’a bien tiré. Il a tiré fort et j’ai juste pu la toucher.

Et de ce parcours en Coupe de France ? Le PSG ? Cet incroyable scénario au 8e tour ?

YLM : Pour moi, le meilleur souvenir c’est le 8e tour, contre l’Amiens AC, quand c’est moi qui nous qualifie. Trois sur quatre aux tirs au but, c’était vraiment un truc de fou. Tous les coéquipiers m’ont dit “merci” à la fin et tout le monde me saute dessus à la fin du match.

JF : Pareil. La plus belle émotion pour moi, c’était l’émotion du tour d’avant à Amiens, parce qu’on va chercher la qualification au bout du temps additionnel, au bout du bout et aux penalties. C’était pas moi, je n’ai pas joué, mais c’est l’équipe, c’est un ensemble donc quoiqu’il arrive c’est tous ensemble qu’on passe et ça reste pour moi le plus beau souvenir de cette Coupe de France. Le PSG, ça reste la cerise sur le gâteau.

Et puis pour Yann, c’est sa première Coupe de France. C’est vraiment dans cette compétition que tu peux vivre de telles émotions parce que tu peux passer par tellement de hauts et de bas en quelques secondes… On était tout en bas, on égalise dans les arrêts de jeu et on passe aux pénos, un véritable ascenseur émotionnel ! En plus, il y avait 200 ou 300 personnes de chez nous qui avait fait le déplacement pour nous soutenir et la communion avec les gens et les jeunes du club après le match, c’était vraiment énorme !

Rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle épopée ?

JF : Bien sûr, avec plaisir ! Avec grand plaisir même ! Après on sait tous comment cela se passe en Coupe de France : tu peux faire une belle année et l’année suivante, tu peux te déchirer au premier tour, donc on espère tous revivre une épopée comme celle-là et je souhaite à tous les joueurs amateurs de vivre ça, voire même certains clubs pro parce qu’en Ligue 2 aussi ils rêvent de jouer le PSG. Je leur souhaite car c’est vraiment quelque chose d’exceptionnel.

YLM : J’espère ! On sera là, pas de souci.

Deal ! Et encore bravo Messieurs.

 


Photo de couverture : Facebook Jordan Fernand

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