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3 September 2021


346 minutes de jeu, 270 selon les autorités, et toujours pas le moindre ballon au fond de ses filets. Choisissez la statistique qui vous sied la mieux des deux, mais en attendant le verdict de la commission de discipline concernant l’officialisation de son temps de jeu, Walter Benitez n’a toujours pas encaissé le moindre but depuis le début de saison. Il est le seul portier de Ligue 1 à pouvoir se vanter d’un tel exploit ce qui, n’en déplaise à Messi, lui octroie de facto le titre honorifique de meilleur argentin de la Ligue 1 à l’issue de ce premier mois de compétition. Mais en est-ce vraiment un pour l’aiglon sud-américain qui déploie ses ailes sur la Côte d’Azur et le championnat de France depuis maintenant cinq ans ? A bien y regarder, il n’y a pas de quoi s’étonner !

PETIT À PETIT, L’AIGLON FAIT SON NID

Arrivé libre du club argentin de Quilmes en juillet 2016, le natif de General San Martin doit d’abord patienter pour faire ses débuts en Europe. Victime d’une fracture de fatigue au tibia quelques mois plus tôt qui le prive de disputer la place de titulaire à armes égales avec Yoann Cardinale, il découvre la France, Nice et sa promenade quelques semaines après les attentats, à quelques encablures de son nouveau domicile. Difficile de faire plus compliquée comme arrivée !

D’abord remplaçant de Yoann Cardinale, Walter Benitez saisit la première opportunité qui lui est donnée de montrer ses qualités. Titularisé en décembre 2016 face à Krasnodar, l’argentin fait ses premiers pas sous le maillot niçois en Ligue Europa et signe notamment un arrêt déterminant à cinq minutes du terme de la rencontre pour permettre aux rouge-et-noirs de s’imposer 2 à 1. Décisif d’entrée, voilà ce qu’on attend d’un grand portier, même s’il ne joue que trois rencontres de championnat pour sa première année.

La saison suivante débute comme la précédente et Walter Benitez, bien que sur pied, commence l’exercice 2017-2018 sur le banc. Lucien Favre lui préfère Yoann Cardinale et Walter prend son mal en patience. Gros travailleur, il sait que sa chance arrivera et qu’il lui appartiendra de la saisir au vol à ce moment là, et le dernier rempart argentin de l’OGC Nice ne se fait pas prier quand se présente enfin l’opportunité. Cardinale blessé, Benitez enchaîne les matchs, les bonnes performances, les arrêts décisifs et les penalties arrêtés, son pêché mignon comme il nous l’avait lui-même confié en interview.

Lucien Favre parti au Borussia Dortmund, c’est Patrick Vieira qui prend place sur le banc niçois et tout est à refaire pour l’ancien gardien de Quilmes : il débute sur le banc, l’entraîneur français préférant débuter la saison avec Cardinale au poste de numéro 1. Là encore, Benitez continue de travailler et attend patiemment son opportunité.

Après dix journées de championnat au cours desquelles l’OGC Nice connaît par six fois l’amer goût de la défaite, Vieira se ravise et titularise son gardien argentin lors de la 11e journée de Ligue 1, au Parc des Princes, face au Paris Saint Germain.

Pas de miracle ce soir-là, l’OGC Nice subissant la loi de l’armada parisienne menée par Mbappé, Cavani et Di Maria, mais une prestation suffisamment aboutie de Benitez pour convaincre son champion du monde 98 de coach de lui renouveler sa confiance et de l’installer durablement dans la cage niçoise pour qu’il puisse enfin déployer ses ailes dans le ciel azuréen.

Aiglon niçois OGC Nice
Mèfi, l’aiglon mascotte de l’OGC Nice, survole le stade avant chaque match – source : OGC Nice

L’ENVOL

La saison suivante est celle de la confirmation pour Walter : Benitez est un mur.
Avec un ratio de 81,3% d’arrêts et pas moins de 16 clean sheet en 35 matchs de championnat lors de la saison 2018-2019, le portier de l’OGC Nice survole les débats. Des statistiques de haute volée qui lui offrent le titre de meillleure défense du championnat à égalité avec le LOSC, mais insuffisantes cependant pour être nominé parmi les cinq meilleurs gardiens de Ligue 1 lors des trophées UNFP.

Vous connaissez le principe, ce sont les joueurs qui votent et à ce petit jeu, ces derniers lui préférent Mike Maignan, Benjamin Lecomte, Anthony Lopes, Edouard Mendy et Alphonse Areola, titulaire à seulement 21 reprises dans les buts du PSG. Un Top 5 surprenant au vu de la magnifique saison de Benitez et vécu comme une injustice par le dernier rempart niçois, qui se fend alors d’un Tweet assassin à l’encontre de l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels dans lequel il dénonce une vaste opération de copinage : “Donc les prix ne sont pas pour les meilleurs joueurs, sinon pour les joueurs les plus charismatiques. J’ai quitté ma maison à 11 ans pour être le meilleur joueur, pas pour être le plus sympa !”.

On vous avait prévenus, l’argentin a sorti la sulfateuse pour tirer à vue sur le seul et unique syndicat de footballeurs professionnels français mais à vrai dire, on le comprend. OK, il ne joue pas la Ligue des Champions mais qu’importe, on vote pour le meilleur portier de Ligue 1 de la saison et pour une fois, il n’y avait même pas débat.

Son président d’alors au sein du club niçois, Gauthier Ganaye, était d’ailleurs lui aussi sorti du bois pour soutenir son gardien de but et dénoncer vigoureusement le vote des joueurs et autres attaquants de Ligue 1, jetant l’opprobre sur cette cérémonie de remise de trophées qui avait osé laisser Benitez de côté, oublié : “On en parle UNFP ??? Qui a voté ? Les attaquants qui n’ont pas su marquer ? On le sait que c’est toi le meilleur Walter.”

Non récompensé par ses pairs, Benitez se remet à nouveau au travail car il le sait, seule compte la vérité du terrain et c’est à travers ses performances qu’il parviendra à ses fins : continuer à grandir en tant que gardien, et jouer la coupe du monde 2022 pour y défendre le drapeau argentin. Un objectif très élevé pour celui qui a déjà porté les couleurs de son pays dans sa jeunesse en catégorie U20, mais réaliste pour celui qui a aujourd’hui réussi son envol, si tant est que Lionel Scaloni jette un oeil sur le championnat de France de Ligue 1.

LA CONFIRMATION

Depuis lors, nul ne semble en mesure de remettre en cause sa place de numéro 1 sur le sol niçois et Benitez continue de répéter ses gammes. Deux saisons pleines au cours desquelles il n’aura été vaincu deux fois dans le même match qu’à douze reprises en 61 rencontres de Ligue 1. Pilier de l’OGC Nice à qui il a juré “Honneur et Fidélité” jusqu’en juin 2023, il fait aujourd’hui partie des murs dans le paysage français des portiers et se voit régulièrement confier le brassard de capitaine frappé du sceau de l’aiglon. Adulé des supporters, valeur sûre du championnat, Benitez n’a donc pas fini de planer sur la Ligue 1 comme le confirme son début de saison tonitruant.

Invaincu au mois d’août, il a repoussé contre vents et marées les 9 tirs cadrés qui lui ont été proposés. D’aucuns pourraient dire que Benitez a bien dû s’ennuyer s’il n’a eu que 9 ballons à négocier depuis l’été, mais les 38 tirs concédés par les niçois depuis le début du championnat auront raison de tels arguments fallacieux et confirment une fois de plus ô combien le gardien argentin est indispensable au sein de l’effectif de Christophe Galtier.

Si ce départ en fanfare pourrait enflammer les romantiques les plus fous, sachons toutefois raison garder : non, Walter n’a pas encore affronté ses compatriotes Messi, Paredes et Di Maria. Oui, Benitez finira bien par en prendre un ou par faire une erreur, chose qu’on ne lui souhaite pas. Non, il n’est pas parfait, mais Walter Benitez fait partie de ces gardiens sous-côtés de notre championnat quand, en réalité ne nous en cachons pas, plus d’un club souhaiterait un portier de cet envergure pour garder ses filets.

L’AIGLON DEVENU AIGLE ROYAL

Si l’aigle royal atteint sa taille adulte aux alentours de l’âge de 5 ans, soit l’âge niçois de Benitez, on peut considérer que le portier argentin est arrivé à maturité. Il n’y a donc rien de surprenant à le voir dominer les airs dans sa surface de réparation, ses mains telles des serres pour se saisir du ballon. De même, il est bien connu que le renard fait partie des mets préférés de cet accipitridé. On comprend ainsi mieux l’appétit du gardien argentin pour les renards des surfaces de Ligue 1 dans les duels en un contre un, lors desquels il déploie son mètre 91 pour mieux occuper l’espace et prendre toute la place devant son précieux filet.

Aujourd’hui aigle royal, Walter Benitez est affamé comme jamais et nul ne semble pouvoir l’arrêter, ou plutôt le tromper tant il règne en maître sur ses 18 mètres et même au-delà. Nantes, Monaco, Lorient et Saint-Etienne seront les prochains à tenter de faire trembler les filets du gardien argentin mais en attendant, et ce sera le MO de la fin, une chose est sûre côté niçois : tant que Walter et Mèfi planent de concert au-dessus de l’Allianz Riviera, les cages du Gym sont entre de bonnes mains.

 


photo de couverture : Foot sur 7

 

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