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3 May 2019


Actuel gardien du MDA Chasselay passé par l’OL, Bastia et Grenoble, Daniel Jaccard a déjà derrière lui une longue carrière de gardien aux multiples rebondissements, mais aussi une carrière d’entraîneur spécifique au cours de laquelle il a notamment remporté par deux fois la Ligue des Champions féminine. Porteur d’un projet visant à améliorer les conditions de travail des gardiens de but dans la région lyonnaise, il revient sans détour sur son parcours, son académie et nous livre sa vision du poste de gardien. Entretien.

Main Opposée : Bonjour Daniel, peux-tu nous expliquer comment tu as commencé le foot et pourquoi t’être tourné vers le poste de gardien de but ?
Daniel Jaccard : J’ai commencé à 6 ou 7 ans en tant que joueur à Craponne. Les gars de ma génération avaient tous été inscrit une année avant moi au foot, du coup j’étais plutôt dans les équipes 3 ou 4. L’année suivante, je suis passé en Poussins, sauf que j’étais un des plus jeunes de ma catégorie, donc toujours en équipe 3 ou 4, jusqu’au jour où j’en ai eu marre de prendre des piles à tous les matchs et je me suis fixé dans le but en me disant peut-être que si on n’en prend pas, on gagnera un peu plus… Et l’impact est arrivé vite. On fait un tournoi en salle, on était une équipe réserve et on est arrivé plus loin que l’équipe première. On avait été en finale et j’avais sorti des pénaltys en quart-de-finale et demi-finale. Du coup, je termine meilleur gardien du tournoi, et les éducateurs voulaient plus me sortir des buts.

MO : Quel est ton parcours ?
DJ : Je me suis fixé, je me suis entraîné, perfectionné et en Benjamins (U11). On avait une bonne génération, on se hissait au niveau des meilleurs clubs de la région sur toutes les compétitions : l’OL, Saint-Priest… Je faisais aussi les stages de l’OL, donc j’ai été vu. J’avais failli intégrer l’OL à la fin de mon année de Benjamins, sauf qu’à l’époque, en moins de 13 ans, il y avait trois équipes à l’OL. La première équipe pour les deuxièmes années, l’équipe 2 était un mix et l’équipe 3 c’était les premières années. Je n’étais pas forcément garanti d’un temps de jeu, et l’équipe dans laquelle je jouais à Craponne était à un niveau similaire que l’équipe 2 de l’OL. J’avais donc plus de garanties en jouant dans mon club, en étant dans mon environnement avec mes potes plutôt que d’aller à l’OL. Deux ans plus tard, à la fin de ma saison de deuxième année en -13 ans, l’OL était de nouveau à la recherche d’un nouveau gardien et j’ai intégré le club.

MO : Intégrer un club professionel comme l’OL, comment l’as tu vécu ?
DJ : La première année est très dure parce que tu sors de ton club où tu étais depuis gamin, où tu es un peu la vedette et tu arrives dans un endroit où tu n’es personne. Ce n’était pas évident de se faire une place, c’était une année difficile et derrière j’ai dominé la concurrence tous les ans pour me retrouver à 17 ans tout seul de ma génération avec 2 gardiens plus vieux que moi dans ma catégorie, la génération 84. A 18 ans je signe stagiaire, j’étais capitaine en -18 ans, on perd en finale du championnat de france U18 contre Nice. Il y avait Hugo Lloris dans les buts, et on perd aux tirs aux buts. Non pas parce que Lloris les sort mais parce qu’on tire au-dessus ou à côté. Chez nous, il y avait Hatem (Ben Arfa) qui jouait, il était surclassé de deux ans. Il loupe le pénalty d’ailleurs.

MO : Pourtant Lloris, à une époque les tirs aux buts et penalty, ce n’était pas sa spécialité…
DJ : Ce sont des cycles. Il y une part de réussite, une part d’instinct, c’est difficilement expliquable. Landreau, il en a arrêté un peu toute sa carrière, moi j’ai eu un petit passage où j’en ai arrêté un peu et si là je prend les 10 derniers penaltys, je dois avoir une statistique pas loin des 50 pourcents, c’est complètement fou. Des fois c’est comme ça, des fois plus compliqués. Mais parfois, avec le métier, on arrive à percevoir des choses entre l’instant où l’arbitre siffle le penalty et le moment où le joueur va tirer.

MO : As-tu connu le monde professionnel à Lyon ?
DJ : J’ai fait mes 2 ans stagiaire à l’OL. Je fais deux saisons difficiles à cette période là. Je fais l’année 18 ans en question, ça se passait mal en début de saison collectivement. Les coachs au centre décident de changer les choses, de me donner des responsabilités, de me donner le brassard et au final on fait une bonne saison avec les moyens qu’on avait. A l’issue de la saison, l’entretien est clair avec Alain Olio, Robert Vallette qui étaient entraîneurs de la CFA et Patrick Piallot, mon entraîneur en 18 ans : “Daniel, ce nouveau contrat, aujourd’hui tu le mérites, ce que t’as fait cette année pour l’équipe c’est fort”. Rémy Vercoutre part en prêt à Strasbourg, Greg Coupet sera numéro 1, Nicolas Puydebois sera numéro 2 et nous on fait le forcing pour que ca soit toi le numéro 3. Donc prépare-toi à partir en stage avec les pros au moi de juin-juillet à la reprise.”

MO : Et ça se concrétise ?
DJ: Le coup de téléphone, je l’attends encore (rires). Le jour de la reprise, c’est l’épisode de Joan Hartock : ils font venir Joan Hartock qui sort de nul part et qui a fait au final 4, 5, 6 ans pro à l’OL avec 0 match professionnel. Je n’ai rien contre Joan, c’est des décisions qui ont été prises. Moi Joan, je l’apprécie, j’ai des bonnes relations avec lui, on se respecte beaucoup. Tout ça pour dire qu’il y a eu un choix qui a barré plusieurs garçons au club, moi en premier et Rémy Riou aussi qui a une carrière bien différente de la mienne. Aujourd’hui, mes anciens éducateurs me le disent, Robert Valette que j’ai croisé au match contre Toulouse, qui me dit “toi, tu t’es fait enflé” (rires).

MO : As-tu eu des explications du club ?
DJ : Ah non, j’en ai pas eu. Je suis passé 4ème gardien. En début de saison, Joan Hartock joue tous les matchs en CFA. Au bout de 8-10 matchs, ça ne se passe pas bien, l’équipe n’est pas bien, Joan n’est pas influent, pas leader, pas charismatique. Il a des qualités attention, mais la compétition, ça fait appel à d’autres ressources que les qualités intrinsèques. Surtout j’avais une plus grande expérience de la compétition que lui. Jouer dans une équipe où tu joues avec 10 joueurs qui ont tous 200-300 matchs avec les équipes de jeunes, qui sont habitués à la compétition en permanence, jouer contre des mecs qui veulent taper l’OL tous les week-ends, c’est une partie d’une pression à laquelle il faut se faire.

MO : Tu passes titulaire ?
DJ : Au bout de 10 matchs, les coachs du centre ont sorti Joan et ils m’ont mis moi jusqu’à la fin de saison. C’est un peu paradoxal parce qu’il s’entraînait avec les pros, moi je m’entraînais avec la CFA, et le week-end il venait sur le banc en CFA et je jouais. Au final, je fais quand même une belle saison, parce que je pars dans l’idée ne pas faire un match de l’année et je fais 20 matchs, on termine l’année encore très bien, et on fait la finale des centres de formations professionnels. Je termine ma saison de stagiaire, je fais mon entretien, c’est marrant parce qu’au final c’est moi qui ai fait l’entretien tout seul.

MO : Que t’ont-ils dit ?
DJ : Je suis arrivé, ils m’ont demandé ce que je pensais de ma saison, j’ai répondu  “j’étais parti pour pas jouer de la saison, au final j’en fais 20, je crois qu’elle est pas vilaine ma saison”. Après je voulais pas trop les mettre dans la merde parce que j’avais aussi besoin d’eux pour rebondir. J’ai dit : “Voilà vous avez fait des choix, vous avez fait signer des garçons plus jeunes que moi avec des contrats de 3 ans, de 4 ans. Moi j’arrive aujourd’hui en fin de contrat stagiaire, je présume que vous me ferez pas signer, malgré le fait que je viens de faire une bonne saison”. Ça se termine comme ça.

MO : Dur de rebondir après ça ?
DJ : Dans cette saison, il y a eu plusieurs choses. Le début de saison où je me posais beaucoup de questions parce qu’on me parachute un mec devant moi et je m’aperçois que je suis peut-être beaucoup plus performant sur la compétition. Après je pars en Champions League avec les pros parce que Greg (Coupet) se blesse et Nico (Puydebois) joue, Johan Hartock du fait qu’il ne vient pas du centre de formation n’est pas qualifié pour la Champions League. Du coup, c’était moi le 3ème gardien en Ligue des Champions. Donc je pars en LDC, ça, ça m’a donné un coup de pouce en me disant que c’était quand même quelque chose, donc je fais deux bancs en Ligue des Champions : Manchester et Sparta Prague.

Il y a eu aussi l’épisode où les coachs du centre me font jouer en allant contre l’avis de Joël Bats qui tenant absolument à ce que ça soit Johan Hartock qui joue. Au mois d’août ou septembre, j’ai été voir Joël Bats pour savoir pourquoi je ne jouais pas en CFA et il m’avait répondu “c’est le meilleur qui joue”, et finalement j’ai joué (rires). Voilà la fin de mon aventure à Lyon, avec une année riche. Joël Bats débarque trois semaines après le début de saison où Johan Hartock arrive avec un courrier disant que Cherbourg cherche un 2ème gardien : “tu ne veux pas y aller?”. Cherbourg en National qui cherche un deuxième gardien, je suis en CFA à l’OL, je bosse, “bah non je veux pas y aller”. Trois semaines après, je pars en Champions League avec les pros et je prends la place en CFA. Vraiment un truc très très riche , une année très importante pour moi, qui a remis à sa place pas mal de choses.

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MO : Du coup tu quittes l’OL ?
DJ : Tu sors de l’OL, t’es un gamin, t’as 20 ans, tu te dis “j’ai joué cette année, j’ai fais du banc en pro, je veux signer pro, je veux aller en Ligue 2, je veux être deuxième en Ligue 2, être premier en Ligue 2”, sauf qu’à notre poste, ce n’est pas comme ça que ça se passe. Il y a peu d’élus et les structures sont très simples. Plutôt qu’un gamin qui n’a pas prouvé grand chose, ce qui était le cas, j’avais 20-30 matchs de CFA – ce n’est pas énorme – il préfère faire confiance aux gamins de leurs structures ou alors des mecs un peu plus expérimentés qui ont un vécu sur le niveau de jeu. Je n’avais pas forcément les yeux en face des trous et moi je voulais absolument signer pro.

J’ai des opportunités, notamment Louhans Cuiseaux qui était dans la poule en CFA, contre qui j’avais joué, qui était premier et allait monter en National. Ils avaient des super joueurs à l’époque : Romao, Licata… et le coach veut me faire signer. Il me dit “tu viens à Louhans, tu signes demain fédéral et tu joues en National”. C’était déjà un super challenge, on me donne une place en National, titulaire à 20 ans, et ma réponse c’est : “ouais je sais pas…”. Mal conseillé – j’avais un conseillé qui ne voulait qu’une chose : que je signe pro pour prendre son biff – je fais attendre un peu le coach de Louhans Cuiseaux, un mois, un mois et demi, et il ne m’a pas attendu. Il avait trouvé quelqu’un et ce n’était pas moi. Du coup, je pars en essai à Guingamp, en Belgique, et à Dijon pour la reprise avec Rudi Garcia comme coach. Au final, mon coach actuel qui était à Saint-Priest voulait me faire signer pour me donner la place de titulaire. Et pareil que Louhans :“attends, attends…”, et que dalle.

La Belgique, ça s’est bien passé mais ils avaient des mecs d’expérience, c’était compliqué aussi parce qu’ils voulaient des mecs pour jouer tout de suite. Débarquer devant deux mecs de 30 ans en ayant 20 ans, ce n’était pas simple. Dijon, ils cherchaient un 3ème, ils m’avaient dit qu’ils me rappelleraient, j’attends encore. Guingamp, ils m’avaient fait venir, mais au final ils n’étaient pas forcément dans le besoin. Je me retrouve au mois d’août sans club, je suis dans la merde clairement, et Saint-Priest, je les ai fait attendre, ils m’ont pas attendu. Du coup, je reçois un coup de fil de Mâcon, qui évoluait en CFA2 à l’époque (ex-N3).

MO : Tu dis “oui” tout de suite ?

DJ : En fait, j’étais à cheval sur ma dernière année de bac, donc si je partais, j’abandonnais quelque part. Cette équipe-là m’appelle et je regarde la poule de Mâcon qui débutait le championnat : réserve de Bastia, Ajaccio, Nîmes, Gueugnon, Clermont, Grenoble, il y avait 7 ou 8 réserves et je me dit qu’il faut que j’y aille. C’est là qu’il faut que j’aille, je vais être vu, je seras dans une petite équipe, je vais être mis en valeur. En même temps, je reste sur Lyon et je termine mon bac. Donc ça se fait avec Mâcon, j’ai volé toute la saison. On descend, sauf que j’ai Gueugnon, Grenoble et Bastia qui veulent me faire signer et en fait, je suis allé au premier qui a dégainé une offre concrète.

Grenoble, il fallait qu’ils se séparent de gardiens. Gueugnon, ils voulaient me faire signer comme 3ème gardien pro mais je m’entraînais pas avec les pros, je ne signais pas un contrat pro. Du coup, je vais à Bastia parce que c’est le premier qui me sort un contrat pro. Je commence la saison deuxième gardien derrière Jean-Louis Leca. C’est Eric Durand (entraîneur des gardiens) qui était un Bourguignon, qui était bien au courant de ce qui se passait en Bourgogne, à Mâcon, il m’avait vu deux fois contre la réserve. Je reprends à la reprise avec eux, je fais 4-5 jours en essai, et le dernier jour d’essai, je me pète la cheville. Du coup je vais faire mes examens, je reviens et Eric me dit : “écoute, on a vu ce qu’on voulait voir, on part en stage pendant 2 jours à Cluses (en Haute-Savoie), soigne-toi chez toi et tu rentres avec nous du stage et on te fais signer pro”, c’était génial. Je démarre deuxième, c’était très clair avec Cazzoni et Eric Durand, ils m’avaient dit “on va démarrer comme ça. Si Jean-Louis, ça se passe bien, on va rester en l’état. Si Jean-Louis ça se passe mal et toi ça se passe bien, peut-être que tu auras ta chance. Par contre, si ça se passe mal pour vous deux ou qu’on est un peu réticent, on fera signer quelqu’un en premier gardien”. C’était très clair.

MO : Et ça se passe comment ? 

DJ : Sur le début de saison, l’équipe ça se passait moyen et moi j’ai eu des petits soucis de “merdeux”. Je me suis tiré une balle dans le pied tout seul, et qu’est ce qui s’est passé ? L’équipe tournait moyen, Jean-Louis n’était pas forcément très décisif et au final ils font venir quelqu’un, donc ça décale tout. Je me retrouve troisième. Deuxième c’était bien, je faisais le banc en Ligue 2 le vendredi, le samedi je jouais avec la réserve et je passe 3ème donc je ne joue plus du tout. Là, j’étais pas bien par contre. Je travaillais beaucoup, en condition de travail c’était énorme avec Eric Durand et Jean-Louis, je travaillais bien. Ils font venir Austin Ejide, 2ème gardien du Nigéria derrière Enyeama. Il faisait des relances à la main, elles arrivaient quasiment dans les 30 m adverses, c’était incroyable ! Jean-Louis et moi à côté, on était des bébés (rires). Du coup je travaille beaucoup. Comme on le disait en début de discussion, la compétition ça fait appel à beaucoup de qualités autres qu’intrinsèques. Je n’étais pas suffisamment mature pour passer outre mes petits soucis de merdeux et c’est une année en compétion où je n’ai pas réussi à retranscrire mon travail, il y avait soucis perso. Sur la fin de saison je viens m’entraîner ici (à Lyon), je me pète le coude, j’avais déjà un petit pépin, je m’entraînais à St-Priest pour maintenir des contacts. Je me retrouve en fin de saison à me faire opérer du coude, sans club à la sortie d’une saison où j’ai du faire 10 matchs en CFA2.

MO : Tu as retrouvé un club rapidement ?
DJ : Un peu galère. J’avais des potes qui jouait à la Duchère, qui sortaient de l’OL, qui avait fait deux gros parcours en coupe de france (contre Sochaux et le PSG). J’avais 2-3 potes bien implantés là-bas, le gardien à l’époque était Seb Socié qui, pendant la préparation se fait le poignet et moi j’étais dans le secteur. Je venais de me faire opérer du coude. Je reçois un coup de fil de Richard Benamou, il avait besoin d’un gardien. Je passe l’entretien, je ne me démonte pas parce qu’il fallait se le farcir Richard Benamou (rires). Je lui ai dit que je voulais un contrat fédéral parce que ça me sécurise avec divers avantages. Pendant une semaine pas de nouvelle, il me rappelle et  j’ai mon contrat. Donc je signe à la Duchère, je sors de mon opération du coude, je fais 10 jours d’entraînement, et premier match de championnat. On va jouer à Marseille contre la réserve, on perd 2-1, ça se passe pas trop mal, il m’a fallu 2-3 matchs pour me faire à l’équipe et derrière, j’ai volé toute l’année. Je suis reparti sur le même rythme qu’à Mâcon ou lors de mes années à l’OL. J’ai fait gagner je ne sais pas combien de points à moi tout seul. On fait un parcours en coupe de france avant de perdre 1-0 contre Lille, en 16ème de finale. On termine la saison contre Marseille, on gagne 1-0, je fais 8 parades pendant le match. On monte sur ce match-là. La dernière année, on manque la montée à un point derrière Bourg-en-Bresse. C’est l’année où on fait 32ème de finale à Gerland, on perd 3-1 avec triplé de Lisandro en 30 minutes. Et finalement, à la fin de saison, je pars.

MO : Pourquoi tu pars ? Tu étais pourtant un élément essentiel de l’équipe.
DJ : Quand ça fait longtemps que tu es dans les structures, tout ce que tu fais c’est normal. Quand c’est bien voire très bien, c’est normal et ça faisait 5 ans que j’y étais, c’est déjà fou. Pour notre époque c’est beaucoup, il y a eu un choix qui a été fait de ne pas reconduire mon contrat et derrière, je trouve mieux que ce que j’avais parce que je signe à Grenoble.

MO : Comment se passe ton passage à Grenoble ?
DJ : Ça se passe moyennement bien, je succède à Brice Maubleu. En fait sur ma dernière année à la Duchère, Grenoble repart en CFA2 suite à la liquidation, Brice Maubleu qui était pro, sans club, repart avec la CFA2 à Grenoble, c’est un enfant du club. Brice, il a une statue là-bas à Grenoble, donc il fait une année en CFA où à domicile, il ne prend je crois que 2 buts. Il vole toute l’année. Ce n’est pas un gardien de National 3, c’est un gardien de Ligue 2, c’est un super gardien. A la fin de saison en CFA2, Grenoble monte et lui a une opportunité pour signer à Tours, retrouver le monde pro et ils me font venir moi qui avais un beau vécu au niveau CFA pour succéder à un enfant du club. Premier match de la saison, au bout de 20 minutes, j’en ai déjà pris 2 à domicile (rires), et j’entends “Jaccard, fils de p***, rentres chez toi”. Premier match de la saison 20 minutes de jeu, c’est horrible, et ma mère dans les tribunes ce jour-là avec les mecs qui m’insultent (rires). Le début de saison avec Grenoble, il y a une grosse attente, ils voulaient tous montée de nouveau. En même temps, il y avait les moyens, les structures, des ambitions, dans le jeu c’était énorme. Je n’avais jamais vu une équipe comme ça à ce niveau. Bref, ça se passe moyennement bien, à la fin de l’année il faut trouver des coupables, c’est comme ça. Moi premier gardien, premier visé, donc “Daniel , tu restes au club mais tu seras deuxième”.

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J’ai une autre option pour rester au même niveau donc je viens à Chasselay. Première année, je vole. Fin mars on est maintenu et on est à 5-6 points des premiers. Il y avait Ludo (Giuly), Jamal Alioui, Sydney (Govou) qui nous rejoint en fin de saison, belle équipe. C’est l’année où on joue Monaco en coupe de France à Gerland, et je suis encore sur cette lancée avec le club. Je fais ma 6ème saison, 34 ans aujourd’hui et je me sens bien, performant, beaucoup d’influence sur mon équipe, que ce soit au quotidien dans le vestiaire, dans le jeu et je fais mes interventions aussi. J’ai une relation qui est plutôt bonne avec la nouvelle génération, ça me permet de continuer à me sentir bien et qu’eux aussi se sentent bien avec moi. Les vieux c’est des têtes de cons, faut se les farcir dans les équipes ! (rires)

MO : Et le corps suit ?
DJ : Physiquement, ça fait 25 ans que je me jette par terre, donc j’ai mes cartes de visites à l’hosto, mais sur les deux dernières années je reste sur hernie discale et un ménisque en juillet dernier. Mais à côté de ça, je me remets bien et j’arrive à être performant derrière. Voilà l’état du joueur (rires). Je fais partie des privilégiés qui gagnent leur vie avec le foot depuis 16 ans, c’est un privilège. Pas de quoi m’enrichir, mais je vis du foot, et en parallèle j’ai fait d’autres choses, beaucoup d’autres choses.

MO : Quel était l’objectif en début de saison ?
DJ : Au départ, il y a les objectifs en début de saison et après ils évoluent. En début de saison, l’idée était de démarrer fort pour jouer les premiers rôles, sauf qu’en 5 matchs, on n’avait toujours pas gagné. Maintenant, vu qu’on commence à être pas trop mal, l’idée est déjà de se maintenir et de jouer les places honorables. Si on fait 6ème ou 7ème, ce qui n’est jamais arrivé au club, ça pourrait être pas mal. On est sur une bonne dynamique, mais on n’a pas une équipe pour marquer 2 ou 3 buts par match. On est une équipe qui défend bien avant tout, parce qu’après c’est compliqué de marquer des buts. On est costaud.

MO : On voit que tu aimes les challenges avec ton parcours. Tu as toujours eu cette âme de compétiteur ?
DJ : Clairement. J’ai travaillé pour atteindre mon niveau mais ce qui m’a fait durer, c’est ce que j’apporte à l’équipe sur l’aspect compétition, ma personnalité dans une équipe, sur un match, sur des séances. Depuis tout jeune, dès qu’on dit qu’on joue, au foot, à la pétanque, au ping-pong, au billard, au baby-foot, au bowling, ce que tu veux, moi je suis pas là pour jouer, ça m’interesse pas, je suis là pour gagner (rires), c’est comme ça.

MO : Tu as voulu entraîner pour cette raison ? 
DJ : À la base, ce n’est pas mon âme de compétiteur, c’est plus ma volonté de donner. J’ai voulu entraîner des gardiens suite à mon expérience à Bastia. J’ai côtoyé Joël Bats et Gilles Rousset à Lyon, tous deux anciens gardiens de l’équipe de France, et Eric Durand à Bastia, quelqu’un qui à 500 matchs en pro et qui a entraîné des gardiens des années. Je me suis dit que j’avais des choses à donner, c’est parti de ça. J’ai eu cette opportunité à Lyon avec les filles en 2010 pendant deux ans. Cela m’a permis de pratiquer, de transmettre, de filer un coup de pouce, d’accompagner des athlètes de très très haut niveau international. On gagnait des titres, les championnats… Normal j’ai envie de te dire, mais aussi les deux premières coupes d’Europe avec Lyon. Cela m’a au final permis de valider un certain niveau de compétence sur l’entraînement de gardiens de but et un niveau de compétence axé sur le haut niveau, je parle du certificat d’entraîneur de gardien de but (CEGB).

MO : Et aujourd’hui tu as mis en place un accès à des entraînements de gardiens de but pour les gardiens lyonnais ?
DJ : Moi aujourd’hui je suis joueur en activité principalement. J’entraîne les gardiens de but depuis que je suis sorti de Bastia, donc ça fait plus de 10 ans. J’ai fait l’OL, j’ai fait beaucoup de missions pour le district, la Ligue, ça m’a permis de voir pas mal de clubs, pas mal de gamins, de gardiens, garçons, filles, jeunes, un peu plus vieux et je m’aperçois qu’au bout de 8-10 ans, l’entraîneur des gardiens dans les clubs amateurs, c’est souvent un problème. Il n’y a personne, ou une personne qui fait un peu comme elle peut avec les moyens en terme d’infrastructures, en terme de compétences et aussi de formation. Et nous, on est dans un environnement où il y a un vivier important, c’est le 2ème ou 3ème district de France, il y a beaucoup de licenciés. Il y a des joueurs de partout donc beaucoup de clubs, beaucoup d’équipes, beaucoup de joueurs et donc beaucoup de gardiens. Mon parcours m’a permis d’avoir ce niveau de compétence, donc je l’ouvre à tous.

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Daniel Jaccard à la présentation de son projet – Source : 20 Minutes

MO : Ton projet est-il bien perçu par les clubs ?
DJ : Oui mais il y a un travail en amont à faire pour prévenir avant de lancer quoique ce soit. Mon vécu de joueur dans le secteur m’a permis d’avoir déjà une certaine image, en tant que sportif mais aussi en tant qu’humain. A côté de ça, j’avais les diplômes donc, quelque part, les clubs ne sont pas capables de fournir le même niveau de compétence que moi. Il y a une manière de présenter aussi. Je ne me considère pas mieux qu’un club, moi je suis un outil seulement. Je vais voir les clubs, pas pour recruter des joueurs ni pour récupérer du pognon, mais pour expliquer et présenter ce que je vais faire et faire valider l’utilité de mon projet auprès de ces clubs, c’est tout. Globalement mon projet a été validé par les clubs de niveau National dans le secteur donc à partir de là, ça me crédibilise. C’est plutôt bien perçu par les clubs parce que je m’impose pas comme ca, je me donne la peine de présenter et d’expliquer. Globalement c’est bien perçu, je reçois des coups de main. En terme de communication, j’ai des éducateurs qui me disent que si leurs gardiens ratent l’entraînement du jeudi pour être avec moi, ce n’est pas grave. Au contraire, ils savent que leur gardien va bien travailler.

MO : Quel est le niveau des jeunes que tu accueilles ?
DJ : Ma structure est ouverte à tous. Les seules contraintes, c’est qu’en cas d’entraînement simultané avec les clubs, il y a une entente entre la personne qui vient et le club. La deuxième est la contrainte logistique. Il faut que le lieu d’entraînement, je suis dans le 5ème arrondissement, soit faisable pour la famille. La troisième, c’est que la famille puisse assumer les coûts mensuels aussi. C’est un coût mensuel, tu payes les éducateurs, tu payes l’assurance, la structure, le matériel, les textiles. Pour moi, c’est un projet que j’ai lancé parce que j’ai identifié le manque et que j’ai estimé que j’étais la personne la mieux placée pour y répondre. Aujourd’hui je n’ai pas l’ambition de vivre de ça, je prends beaucoup de plaisir à faire ce que je fais, à donner ce que je donne, que ça soit aux adhérents et aux éducateurs avec qui je bossent aussi, parce que ce sont des personnes que j’apprécie et en qui j’ai une confiance totale.

MO : Qui t’accompagne dans ton projet ?
DJ : Alors, Nassim Torche. Quand j’étais à la Duchère, il est sorti de l’OL à 17 ans. Il a commencé à s’entraîner avec le groupe CFA il y a 10 ans, et on a toujours gardé contact. On s’est retrouvé à Chasselay pendant 2 ans, il a arrêté pour un projet professionnel. Nassim, c’est un garçon qui a un vécu sur les équipes qui ont un niveau National sur le secteur, La Duchère, Chasselay, Ain Sud avec aussi une formation de gardien de but. En tant qu’être humain, si je le prends avec moi, c’est que j’estime que c’est quelqu’un qui va dégager une belle image de la structure, bien présenter et donner des éléments pour permettre aux adhérents de progresser. Il y a aussi Alan Jafari qui est mon suppléant à Chasselay aujourd’hui et qui j’espère sera celui qui me succédera. Il a un peu la même histoire que Nassim, il est arrivé à Chasselay il y a 5-6 ans. On construit une bonne relation, j’essaye de lui montrer la voie. Quand il m’a remplacé, il a fait le le boulot, donc j’espère que ça sera lui,  mais pas tout de suite hein ?! (rires). C’est quelqu’un que j’aime beaucoup et que je côtoie au quotidien, stable, fiable et je veux lui donner quelque chose aussi en tant qu’éducateur. Et enfin, Alexandre Vergnaud qui est spécialisé sur la préparation athlétique, qui est à la fac. Il vient de la région parisienne et a pris en cours de route les gardiens de but de la N3 de Vaulx-en-Velin. Avec sa spécialité préparation physique, il donne un atout en plus par rapport à mes compétences et celles de Nassim et Alan.

MO : As-tu des retours par rapport à ce projet ?
DJ : Des retours explicites, pas forcément, mais de manière implicite, oui. Quand on a attaqué, on était à 25 adhérents, sur novembre-décembre, l’engagement était sur 2 mois. Les adhérents qui souhaitaient continuer pouvaient se réengager jusqu’à fin mai ou arrêter. Sur les 25, deux ont arrêté : un parce que les parents ne pouvaient pas suivre, et un autre qui s’est aperçu que les motivations, l’engagement sur les séances, ce n’était pas forcément fait pour lui. Depuis, on a augmenté le nombre, on doit être à 32-33.

MO : Niveau logistique, comment tu t’en sors avec autant de gardiens ?
DJ : J’ai à peu près 15 jeunes sur foot réduit que je reçois de 18h à 19h15, et à peu près 15 sur foot à 11 que je reçois de 19h15 à 20h30. On est tout le temps à trois éducateurs, j’ai de la marge. Je viens d’obtenir une moitié de terrain. Jusqu’à il y a 2 semaines, j’avais un quart, ça m’allait très bien, mais là ça élargit ma capacité de travail et ma capacité d’accueil. Je peux tourner à 4 éducateurs en permanence et si je dois augmenter le nombre, j’ai d’autres personnes en vue que j’ai déjà sondées, donc j’ai de la marge de manœuvre.

MO : Avec les entraînements que tu as fournis, quelles sont les axes que les gardiens ont le plus besoin de travailler ?
DJ : Déjà il faut placer les gros cailloux tout en bas pour que ça tienne, la base. La priorité pour un gardien, c’est de défendre sa cage. Il faut être pragmatique, donc pour bien défendre sa cage, il faut déjà savoir comment se placer par rapport à l’aspect tactique, se déplacer vite, plonger à droite, plonger à gauche, positionner ses mains, adopter toutes les bonnes postures.
Déjà pour un jeune, être sécurisé est essentiel, car c’est un poste traumatisant. Une fois que tu es sécurisé, tu es plus à l’aise pour aller plus loin et plus efficace. Relancer avec la bonne technique, à la main, aux pieds, c’est la base. A 13-14 ans, tu dois avoir une base technique complète et après tu te développes au niveau athlétique pour aller plus haut, plus vite, plus loin. Après vient l’aspect avec la relation au jeu, à partir du moment où tu intègres le terrain à 11, il y a une plus grande surface, plus grande densité de joueurs à gérer, tu dois développer ta relation au jeu avec l’aspect lecture du jeu, profondeur, aérien, sur les relances aussi.

MO : Tu as senti une évolution du gardien dans l’implication de l’équipe ?
DJ : Moi j’ai toujours été commandant. En étant gamin à 13-14 ans, j’avais des potes qui me disait “Daniel, parle moins”. Le gardien, il passe plus de temps à observer qu’à toucher des ballons, que ça soit à l’entrainement ou en match, sauf en spécifique. Toutes les observations que je fais dans le jeu, j’essaye de m’en servir, en terme de culture foot mais aussi  pour enrichir mon équipe en temps réel, pour faire en sorte qu’elle soit plus efficace sur l’aspect défensif et des fois aussi sur l’aspect offensif. Défensivement, tu apportes par ton commandement, beaucoup même mais je sais aussi qu’offensivement, des fois des consignes sont bien vues. Tu as une vision qui est plus large et tu vas arriver à avoir des informations qu’eux ne peuvent pas avoir. Les mecs sont obligés d’être centrés sur un périmètre vachement réduit quand ils sont sous pression et ils ne peuvent pas voir plus loin, c’est juste impossible. Je jouais avec un 6 à l’époque, il me disait : “tu me donnes l’info qu’il y a du monde à l’opposé, qu’est-ce que c’est bon pour moi ! Je dois juste me concentrer sur mon enchaînement et renverser très vite, tu me valorises”. C’est pas grand chose comme information, mais ça fait la différence.

MO : Et l’implication dans le bloc équipe ?
DJ : Un gardien dans le bloc équipe, c’est aussi se poser la question de savoir si on choisit le gardien en fonction de son équipe ou si on choisit la stratégie d’équipe en fonction de son gardien. Sur du très très haut niveau, ils peuvent choisir le gardien qu’ils veulent. Dans le monde amateur, c’est totalement différent. Le Barça et City ont un jeu où le gardien touche beaucoup de ballons, mais ça ne dépend pas que du gardien. Est-ce que tes défenseurs, quand le gardien va avoir le ballon, ils vont t’ouvrir les angles de passes ? Ça dépend de l’animation offensives de tes défenseurs et de tes milieux, ça ne dépend pas d’une personne. À Grenoble, on avait ça, c’était incroyable, les équipes ne venaient même pas nous chercher, j’étais jamais sous pression ou quand je l’étais, c’était une touche, deux touches et c’était joué. Actuellement c’est plus relance rapide, avec une relance à la main où tu vas en éliminé 3-4. Ou sur une volée, tu vas trouver un espace libre, un mec qui s’est bien placé. Mais à notre niveau c’est rare que tu t’appuies entièrement sur un gardien, j’aime bien moi, on a fait des tentatives mais la plupart du temps on se met en danger.

 

MO : Comment as-tu vécu la coupe du monde ?
DJ : En tant que supporter tu vibres ! J’étais inquiet après l’Argentine, on a vibré mais j’étais inquiet, 4-3, parce que sur l’aspect défensif, on s’était fait défoncer. Au final t’es costaud, Hugo fait les arrêts qu’il faut tout le temps. J’étais heureux de voir Hugo Lloris être à un très très bon niveau sur les moments clefs parce que c’est un monstre. C’est un des gardiens sur la planète capable de sortir des trucs de malades, ça te prend le ventre. Tu te dis qu’il y avait but, mais il l’a arrêté, clairement. C’est un paradoxe parce que jusque là, c’est un garçon qui avait montré des capacités hors norme, avec une vitesse monstrueuse, mais il avait gagné seulement une coupe de France à l’OL contre Quevilly. Son parcours avait fait qu’il ne s’était jamais retrouvé dans des équipes qui étaient amenées à gagner des titres et il gagne une coupe du monde à 32 ans en étant monstrueux sur des moments clés, c’est ça qui lui manquait aussi, être bon dans les moments clés. Content que ça soit pour la France et aussi pour ce personnage là, il ne faut pas oublier qu’il était décrié avant la coupe du monde. Quand tu vois quelqu’un qui répond comme ça à cette pression, t’es content.

MO : Ton avis d’expert sur les autres gardiens ? Neuer par exemple ?
DJ : Neuer est passé un peu à côté, après c’est toujours pareil, c’est très réducteur de dire ça. Lloris n’aura jamais pu faire cette coupe du monde là si l’animation défensive de son équipe n’avait pas mis les adversaires dans les positions dans lesquels ils ont été amenés, des positions qui ont permis à Lloris de faire les arrêts qu’il a fait. Tout seul, tu ne peux pas. Le gardien, il brille parce que ses gars mettent l’équipe adverse dans une position pas toujours évidente pour marquer, donc c’est réducteur pour Neuer. L’Allemagne est passée à côté de sa coupe du monde tout court, comme l’Espagne alors que De Gea, c’est au niveau d’un Lloris. Lloris a été tributaire pendant des années de ses équipes, maintenant il faut savoir être là au bon moment.

MO : Et quels regards as-tu eu sur les gardien pendant cette compétition ?
DJ : D’années en années, je vois des gardiens qui développent leurs facultés à percevoir le jeu, à vivre le jeu et on le perçoit plus dans les relances. Le gardien c’est une arme, le premier relanceur, je parlais tout à l’heure de mon rôle, aujourd’hui c’est de relancer rapidement pour éliminer des joueurs, c’est une arme. Le ratio dégagements rapides par rapport au nombre de buts marqués, c’est faible, c’est clairement une arme mais ça permet pas de marquer tout le temps, ca permet de progresser sur le terrain. Sur dix ans, l’évolution est énorme, la technique de pieds, elle est semblable à des joueurs, l’aspect athlétique aussi est fou, c’est des monstres les mecs. Ils font des poussées, t’as l’impression qu’ils ne vont jamais réatterir, ils vont à 2000 pour réagir, pour aller au sol. Ce sont deux facteurs qui font que j’ai vu une évolution lors des 10 dernières années.

MO : Tu as été numéro 1, numéro 2, numéro 3 et même numéro 4 dans la hiérarchie, ça s’est toujours bien passé ?
DJ : Ouais, je suis pas quelqu’un de compliqué, je suis respectueux, honnêtement ça c’est toujours bien passé. D’une manière globale, je me suis rarement embrouillé avec des joueurs ou même des coachs. Ça m’est arrivé une fois que je pète un câble avec un coach. La vie en collectivité, qu’elle soit au foot ou ailleurs, il faut avoir un certain savoir être, respecter les personnes avec des choses simples, des attentions, des regards, des tapes derrière l’épaule. À partir du moment où tu veux que les autres soient comme ça avec toi, il faut l’être avec eux.

MO : Quelles ont été tes sensations avec les féminines de l’OL ? C’est un monde différent du foot masculin ?
DJ : J’ai fait abstraction de féminin-masculin, c’est la connaissance du foot qui a fait que ça c’est bien passé, du foot au niveau professionnel, parce que mine de rien, j’en ai une. C’est ça qui m’a permis d’apporter quelque chose à l’époque. Ce que j’en retiens, c’est que j’ai travaillé pendant 2 ans et demi avec des athlètes de très haut niveau  international. Je participais à l’atteinte d’objectifs au très haut niveau national et participer à gagner des titres, de niveaux internationaux, les premiers de l’histoire du club à ce niveau. Tu travailles beaucoup tous les jours, tu réfléchis beaucoup, tu te remets en cause tous les jours et tu essayes de faire évoluer les choses en permanence. Quand tu es dans une structure comme ça, tu donnes de toi. Ce n’est pas toi que tu regardes, si tu fais ça pour faire la vedette, c’est mort. C’est un investissement total et je l’ai fait en parallèle de ma carrière de joueur. Vraiment une belle expérience.
Belle expérience professionnelle où j’y ai aussi appris au niveau humain. Patrice Lair, je pouvais pas me l’encadrer, clairement, j’ai pas peur de le dire aujourd’hui, il y a prescription, on ne pouvait pas s’encadrer (rires). Pour autant, on a bossé ensemble, on a gagné des choses ensemble. Il a manipulé les choses pour que moi ça s’arrête là. Officiellement c’est moi qui suis parti, il a manipulé les choses en amont pour que je prenne cette décision là. Et l’histoire veut que pendant qu’on a travaillé dans cette disposition là, on a gagné. A partir du moment où il a repris les choses, il n’a pas gagné (rires). C’est l’histoire qui veut ça, c’est pas moi. 

MO : Suis-tu encore le football féminin ? Quel regard tu portes sur la coupe du monde qui arrive ?
DJ : Moi j’ai le sentiment qu’au niveau des gardiennes en France, le niveau évolue. Je n’ai pas peur de dire que Sarah Bouhaddi et Pauline Peyraud Magnin, que j’ai formée à Lyon, sont les deux meilleures gardiennes qu’on n’ait jamais eues en France. L’une est titulaire à Arsenal, l’autre l’est à Lyon. Il y a des moyens qui se mettent en oeuvre au sein des pôles espoir, au seins des structures, à Lyon notamment. Ça arrive avec le temps, il faut que les personnes progressent. Il faut déjà du monde, de la matière à travailler. La politique fédérale fait ce qu’il faut pour qu’il y est de la masse. Pour moi, j’ai l’impression que ça avance. Pour la coupe du monde, tu as une pression médiatique à gérer, une pression populaire, ta relation à la compétition. Encore une fois, la performance en compétition fait appel à d’autres choses que les qualités intrinsèques. En tout cas, il n’y aura pas de grande équipe de France sans grande gardienne, comme pour toutes les équipes compétitives.

MO : Un dernier mot pour les lecteurs de MO ?
DJ : J’ai toujours défendu le poste. On a un poste qui est tellement beau, qui peut aussi être ingrat. Il y a des responsabilités tellement énorme, je trouve superbe de le mettre en valeur, de mettre en avant les gens qui s’occupent de ce poste là, les entraîneurs de gardien, les gardiens eux mêmes, qui ont un job magnifique. Le fait d’être mis en lumière par votre site, par des personnes qui travaillent pour ça aujourd’hui, qui se mettent en valeur avec des vidéos, c’est génial. Je pense que c’est avec des médias, des personnes qui se mettent en valeur qu’on bannira, de notre vivant je n’en sais rien, le fait de ne pas être estimés à notre juste valeur, parce que c’est un poste clef. Lire dans les médias que le gardien gagne moins d’argent parce qu’il est gardien, c’est quoi ça ? Je ne suis pas en phase avec ça, ça me dérange clairement. L’influence du gardien a du poids. Mais je crois que ça évolue et je suis convaincu que ça va évolué.

 

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MO : Ton idole de jeunesse?
DJ : Barthez ! Barthez-Coupet, aïe-aïe… Greg a réussi quelque chose de grand déjà, très très grand. Quand il est arrivé à Lyon, Bats est arrivé ensuite, Bats est arrivé en disant qu’il était venu à Lyon parce que Greg est l’un des gardiens qui peut aller titiller Fabien Barthez. C’était fou à l’époque, mais ça s’est réalisé. Il a fait de grandes choses avec son club. Combien as-tu de mec qui vont dans un club qui est de niveau national et qui atteigne le très très haut niveau international avec ce club ? Combien ? Ce qu’il a réalisé c’est énorme. Donc pour moi clairement au niveau France, c’est Barthez et Coupet, Barthez parce que c’est la coupe du monde 98, et le premier à avoir une technique au pied assez élevée. Marseille 93 aussi, j’étais déjà fan. Et après Coupet à Lyon.

MO : Le meilleur des gardiens actuels ?
DJ : On a tous notre définition de meilleur, ça veut dire quoi ? Celui qui fait le mieux son job ? Celui qui a gagné le plus de titres ? À part Iker Casillas, qui a fait ça ? Personne ! Tant qu’il sera sur le terrain ce sera lui.

MO : Et sur les qualités intrinsèques ?
DJ : On a des phénomènes, mais c’est plus sur des cycles. D’une saison à une autre, ça varie, mais actuellement dans les 5, tu mets Neuer, Lloris, Ter Stegen, Ederson, Courtois.. il y en a plein. Mais Ter Stegen en ce moment, je le trouve particulièrement chaud.

MO : Le gardien que tu rêverais d’entraîner ?
DJ : Il y a quelque années, quand il prenait le poste à Milan, j’aurais dit Donnarumma, maintenant… C’est compliqué… J’aime bien celui de Chelsea, Kepa.

MO : Un arrêt qui t’as marqué ?
DJ : C’est pas celui qui reste dans les mémoires, mais c’était un match de légende, l’arrêt a eu une influence énorme au final. L’arrêt de Jerzy Dudek devant Shevchenko en prolongations de finale de Champions League, Liverpool-Milan, quand le mec est à un mètre de la ligne. Le mec te claque la balle au-dessus de la barre alors qu’il se fait démonter à 1 mètre de sa ligne. C’est pas celui qui a marqué les mémoires, aujourd’hui, on parle plus de celui de Banks, je ne sais même pas l’influence de l’arrêt de Banks sur le résultat du match. L’arrêt de Coupet contre Barcelone, c’est pareil. Mais celui de Dudek est à l’image du match.

 

 

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