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16 June 2017


De cette saison 2016-2017 mais aussi certainement des prochaines années, les amateurs de football retiendront un nom, qu’ils soient gardien ou non : celui de Gianluigi Donnarumma. Alors que l’année dernière nous émettions des réserves et étions prudent quant à l’avenir de ce gardien, après cette saison plus aucun doute n’est permis : Donnarumma est déjà un grand et un futur très grand. En ce temps de mercato on pense aux interrogations, aux négociations concernant son avenir. Prenons du recul et revenons sur une saison incroyable, celle d’un gamin de 18 ans titulaire à l’AC Milan et qui a disputé avec son club chaque minute de cet exercice 2016-2017, pour devenir l’objet d’un feuilleton du mercato qui dure depuis ces derniers jours.

Au final, le bilan de l’équipe après 38 matchs de Serie A est satisfaisant sans être extraordinaire. L’AC Milan termine sixième et jouera l’Europe la saison prochaine. Mais le plus incroyable, c’est sans doute que Donnarumma semble au-dessus de tout cela. Alors qu’au fur et à mesure de la saison on critiquait les performances de son club, son gardien semblait intouchable. Sommes-nous objectifs et jugeons-nous ses performances uniquement, ou bien sommes-nous bluffés par ce talent précoce auquel on voudrait tout pardonner ? Toujours est-il qu’il a été très peu critiqué, toujours adoré par les supporters et admiré par les observateurs, dans la victoire comme dans la défaite.

Cependant quand tout commence pour cette saison 2016-2017 on n’en est pas encore là. Donnarumma est parti pour être titulaire avec le Milan, et il entre dans l’histoire en devenant le plus jeune joueur convoqué en équipe nationale italienne depuis 1911, à 17 ans et demi. Le plus incroyable, c’est qu’il joue ! Il entre en jeu contre la France à la mi-temps à la place de Buffon, tout un symbole. Giampiero Ventura, le sélectionneur italien,  ne l’a pas appelé pour le laisser sur le banc et il semble vouloir faire de lui ce que tout le monde lui prédit : le successeur de son homonyme Gianluigi Buffon. Il réalise un match correct, c’est-à-dire impressionnant si on prend en compte son âge, mais il faudra s’habituer à ne plus le prendre en compte. Il encaisse cependant un but évitable de Kurzawa. Il sera par la suite à nouveau sélectionné et pourra même débuter comme titulaire contre les Pays-Bas, où il sera élu homme du match. Gigio ne fait pas les choses à moitié.

source photo : Goal.com.
source photo : Goal.com.

On a cependant oublié de parler d’une chose. Lors de la première rencontre de la saison face au Torino, le 27 août, alors que son équipe mène 3-2 et que l’on joue la 95ème minute, il sort un penalty, histoire de donner le ton de ce qu’il nous réserve par la suite. San Siro l’acclame, et difficile d’oublier le calme de Siniša Mihajlović – coach du Torino – après l’exploit, et ce sourire sur la bouche, mélange de déception et d’admiration (voir à partir de 3mn52s). Ironie du sort, c’est le coach serbe qui l’a lancé dans le grand bain avec Milan… En un match, Gigio a presque déjà convaincu le public et son nouveau coach qu’il était à sa place.

Par la suite en championnat il peut presque tous les week-ends faire montre de sa détente et de ses réflexes. Il réalise des très bons matchs, même si son équipe ne gagne pas assez. De plus, la prise de balle et le jeu au pied ne sont pas ses points forts mais Milan n’a pas à se plaindre : Gigio est précieux, spectaculaire et efficace. Plus que cela c’est un leader, avec toujours la rage de vaincre, il n’hésite pas à hausser le ton pour se faire entendre et respecter. Pas étonnant qu’il suscite aujourd’hui de telles convoitises. A 18 ans il est déjà une valeur sûre.

On retiendra de sa saison aussi les trois confrontations avec la Juventus où Donnarumma a été brillant. Parce que c’est ce qu’il a eu de mieux à affronter cette saison, cela montre qu’il sait être présent dans le grands rendez-vous. Cela se déroule donc en trois temps.

D’abord la révélation, lors de la 9ème journée. Milan mène 1-0 au terme d’un match très tendu, et dans les ultimes instants il sort d’une superbe main opposée une frappe de Khedira. Dans la foulée l’arbitre siffle la fin du match.

Ensuite la gloire. Il permet à son équipe, en finale de la Supercoupe d’Italie, de remporter son premier titre majeur depuis 2011 au terme de la séance de tirs aux buts. Là encore c’est sa main opposée, la droite, qui sort magistralement la frappe de Dybala. Un arrêt époustouflant.

Pour finir, l’injustice. Lors du match retour à l’occasion de la 28ème journée. Donnarumma réalise un match superbe, il enchaîne les parades, toutes plus belles les unes que les autres. Milan semble imbattable avec un tel gardien ce soir-là. Mais cette fois-ci les dernières minutes lui sont fatales. Un penalty est accordé à la Juve, et le portier milanais a beau pousser de toutes ses forces, Dybala se venge de la Supercoupe et le transforme parfaitement.

source photo : Corriere della Sera.
source photo : Corriere della Sera.

Terrible pour le tout jeune Italien en larmes, mais qui saura rebondir. Ces moments font partie d’une carrière et le simple fait que Donnarumma en ait vécu un, montre qu’il joue déjà dans la cour des grands.

Finalement cette saison se termine par 18 victoires, 9 nuls et 11 défaites en Serie A pour Milan, de quoi assurer l’Europe, mais le club a dû batailler, a été très inconstant. Son gardien, lui, nous a offert de nouvelles preuves de son talent chaque week-end. Il a brûlé toutes les étapes et s’offre une 9ème place au MODOR cette année, et ce avec un seul titre, la Supercoupe d’Italie. Les années vont passer mais on espère que le talent va rester et que l’on pourra encore parler dans quelques années de Donnarumma en de pareils termes.

On retiendra aussi toutes les fois où ses coéquipiers sont venus le féliciter, même plus que cela, le remercier de les avoir soulagés. On pense à l’arrêt face à la Juve en début de saison ou au penalty de la première journée. Donnarumma a une grande responsabilité dans cette équipe et l’assume parfaitement.

Maintenant se pose la question de son avenir. Donnarumma est géré par Mino Raiola, son agent, qui a pour son protégé, des exigences sportives et financières très élevées. Rien ne semble arrêter le jeune portier dans sa progression, alors Raiola se dit certainement qu’une telle affaire ne l’ébranlera pas. Difficile d’avoir le point de vue du joueur, car son agent ne veut pas l’exposer. L’opposition avec le club est rude et les demandes affluent de Manchester, Paris, Madrid. Tout récemment Donnarumma a refusé de prolonger. Il semblerait donc qu’il parte mais on n’est sûr de rien…

Finalement durant cette saison, il aurait pu prendre confiance, se croire tout puissant, intouchable, autorisé plus que les autres à se tromper. Mais non, Gigio s’est toujours battu, a toujours répondu présent dans les grands matchs, s’est toujours relevé fou de rage après un but encaissé. Tout cela avec un calme, une sérénité extraordinaire pour son âge. Pas toujours à l’aise au pied il a semblé faire comme s’il savait faire, et le pire c’est que ça marche, c’est qu’il est capable de garder le ballon et de tenter un dribble dans sa surface alors que l’adversaire lui arrive dessus, comme s’il jouait avec ses amis alors qu’il est à San Siro, et que si derrière il se trompe c’est une catastrophe. Tout cela sans que l’on n’ose le lui reprocher parce que ça marche… Le pire c’est que malgré tout ce qu’il se passe autour de lui on ne le voit à aucun moment revenir la saison prochaine affaibli. Au contraire, on ne voit pas comment il ne pourrait pas s’imposer, dans quelque club que ce soit. Ce garçon est fait pour réussir à ce poste, alors on ne voudrait pas trop en faire, mais s’il continue à travailler, un avenir radieux lui semble promis. A condition de faire les bons choix de carrière…

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