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17 August 2020


Formé à l’OM, passé par Bastia puis Niort, Florent Maddaloni est aujourd’hui le gardien de l’AS Furiani-Agliani (National 3). Âgé de 25 ans, l’allaudien revient sur son parcours, les méthodes d’entraînement du centre de formation marseillais, son expérience et ses déboires, mais surtout sur sa formidable envie de poursuivre une carrière inspirée par la passion d’un père lui-même gardien par le passé. Entretien.

Main Opposée : Bonjour Florent, quel est ton parcours, comment es-tu devenu gardien ?

Florent Maddaloni : Mes deux parents étaient footballeurs, en amateur. Mon père était gardien, j‘ai toujours voulu être gardien dès le plus jeune âge. Quand on commence vers 5-6 ans, on nous faisait tourner un peu à tous les postes pour nous faire goûter à tout mais moi, quand j’étais sur le terrain, je ne voulais être que dans les cages. Je ne sais pas si ça vient des gênes de mon père mon coté casse-cou, un peu fou-fou, ça a toujours été ma passion. 

En fait ça ne m’intéressait pas d’être sur le terrain, peut-être par fainéantise de courir, mais j’ai adoré ça dès le début au point que les entraîneurs disaient à mon père : « Ton fils ne veut pas jouer sur le terrain, il ne veut jouer que dans les cages ». J’étais tellement fan de ce poste que même après les entraînements, ça m’est arrivé de casser quelques lattes du lit en reproduisant des plongeons que je voyais à la TV. Je n’ai jamais eu peur d’aller au contact, je n’ai jamais eu cette crainte d’aller par terre.

MO : On dit souvent que le gardien est un joueur qui a « un grain », qui n’est pas complètement normal dans sa tête. Tu es d’accord avec ça ?

FM : Je suis complètement d’accord. Je pense qu’il faut avoir un côté du cerveau qui n’est pas branché, ce coté fou-fou, parce que c’est pas donné à tout le monde de se faire fusiller à bout portant pendant une séance de spécifique-attaquant et que nous, les gardiens, on se régale. Prendre un ballon en pleine tête ça fait mal, mais nous on kiffe ça.

MO : A quel moment l’idée de faire du football ton métier germe-t-elle ?

FM : Comme n’importe quel petit garçon, il y a le rêve d’être footballeur professionnel. Mais moi je n’ai pas vraiment eu de déclic. J’ai commencé le football dans un club de quartier à côté de chez moi qui s’appelle Plan de Cuq, à côté de Marseille et très tôt, l’Olympique de Marseille a contacté mon père pour que je les rejoigne. Ça ne s’est pas fait parce que mon père ne voulait pas que je sois trop tôt dans un cursus d’apprentissage du foot pro, que ça reste un loisir. 

Ça s’est fait naturellement plus tard, j’ai gravi les échelons à l’OM quand j’ai signé là-bas. J’étais toujours dans les premières catégories, au niveau national. Je m’entraînais à la Commanderie, donc forcément on côtoie le foot pro et ça donne encore plus envie. En voyant que je m’en sortais plutôt bien, il y a l’idée d’essayer d’aller plus haut. Après, moi, je suis un compétiteur, je ne m’arrête pas tant que je n’ai pas réussi.

MO : Que faut-il selon toi pour faire une carrière ?

FM : Pour moi à l’heure actuelle, ce n’est pas forcément le meilleur qui réussit. Il faut beaucoup de travail et à mon sens, un gros bosseur multiplie ses chances de faire carrière. On ne peut pas tout faire au talent. Il y a beaucoup d’exemples de joueurs pourris de talents qui n’ont jamais fait de carrière pro et à l’inverse, d’autres qui avaient beaucoup moins de talent et qui ont réussi à faire des carrières. Pour moi, l’expression « le travail paye », il n’y pas plus vrai dans cet univers.

MO : Pour revenir sur l’OM, comment ça se déroule là-bas ?

FM : J’arrive à l’OM à 11 ans donc à l’époque catégorie Benjamins, l’équivalent U12, et j’avais un accord avec eux pour ma dernière année avec mon club : je continue de m’entraîner et de jouer pour mon club et en plus, je faisais les spécifiques avec l’OM. A l’époque, il y avait déjà des spécifiques de gardiens avec un entraîneur des gardiens. On s’entraînait trois fois par semaine avec tout le groupe, avec un spécifique une fois par semaine où on mélangeait les catégories avec 3-4 ans d’écart en gros.

MO : Quels étaient les méthodes d’entraînement là-bas ?

FM : Dès le plus jeune âge, il y a la volonté d’identifier les points forts et les points faibles de chaque gardien et d’adapter l’entraînement en fonction de cela. Quand je suis arrivé, j’étais déjà assez grand et rapidement ils ont identifié que j’étais rapide au sol et assez vif, donc il y avait un entraînement personnalisé pour chaque gardien.

MO : Quels étaient tes points forts et points faibles ?

FM : Mes deux points forts, c’était surtout ma taille pour mon âge et ma vivacité, et puis ce qu’on a évoqué plus haut : mon énergie, ma niak, le fait que j’avais peur de rien, le tout avec un gabarit un peu costaud. Après j’ai cherché à perfectionner mon jeu aérien sachant que j’étais déjà avantagé avec ma taille.

Le jeu au pied, ça a été un point faible pour moi pendant un petit moment donc j’ai dû pas mal travailler là-dessus, sachant que dès les Benjamins, on n’avait plus droit de prendre les passes en retrait à la main. Mais grâce au travail personnalisé pendant les séances, on a pu corriger ça.

MO : Comment se passe la suite après le centre de formation de l’OM ?

FM : A l’OM, j’arrive à l’âge de la pré-formation avec les contrats aspirants. Moi je veux me sentir impliqué dans le club, donc je rencontre en réunion de fin d’année le directeur du centre, Roland Gransard, et il m’informe qu’il veut me conserver mais ne propose pas de contrat aspirant. À cet âge-là ça veut dire qu’on est en bas de la liste. Moi je voulais un projet qui m’implique un peu plus, sachant qu’avec l’OM on avait beaucoup de tournois nationaux et internationaux et que j’avais fini plusieurs fois meilleur gardien, que j’avais été repéré par plusieurs clubs et ne pas avoir la reconnaissance du club, ça m’a fait chier.

Ça faisait 5 ans que j’étais là-bas et ça ne me dérangeait pas d’aller voir ailleurs, et donc du coup mon père a fait les démarches auprès des clubs pour faire savoir que je ne resterai pas à l’OM. Suite à ça on a eu trois appels, un de la part du Sporting Club de Bastia, un de l’OL et un de l’OGC Nice. Donc avec mon père on a fait les choses bien, on a fait un essai d’une semaine avec les trois clubs et j’ai signé avec le Sporting, car j’avais senti que le club me désirait et me faisait confiance.

MO : Comment ça s’est passé au Sporting ?

FM : Dès mon arrivée, donc à 16 ans, je fais des entraînements avec l’équipe première qui est en Ligue 2 à ce moment-là. Je fais quelques matchs en U17 nationaux, mais la plupart en U19 nationaux. Dès la première année, je fais un match avec la réserve en CFA2. Donc globalement, la première année s’est très bien passé !

En tout, j’ai fait 4 ans là-bas : deux ans en tant qu’aspirant, deux ans en tant que stagiaire pro. J’enchaîne les matchs, je suis performant. Les deux dernières années, j’intègre pratiquement le groupe pro. Je m’entraîne 4-5 fois par semaine avec le groupe pro et je redescends juste pour jouer avec la réserve.

La dernière année, il y a 3 gardiens pro sous contrat et pour que je puisse passer pro, il fallait qu’un des gardiens s’en aille car financièrement ce n’était pas possible pour le club d’avoir quatre gardiens pro sous contrat. J’essaye d’avoir des infos via Ghislain Printant qui est le coach à ce moment-là car entre temps le Sporting est monté en Ligue 1. Via mes conseillers, il me dit que tous les feux sont au vert et lors de mon entretien, on m’annonce que je ne suis pas conservé pour des raisons vagues. Sur le coup, je suis assez choqué parce que je m’attendais vraiment à signer mon premier contrat pro au Sporting.

MO : Après ça, tu vis une saison blanche…

FM : Oui tout à fait. Je pense que c’est dû peut-être à un manque de réactivité, de m’être vu trop beau et d’avoir tout misé sur le Sporting. Mais pendant cette période, je fais six mois d’entraînement avec Marseille Consolat qui à ce moment-là est en National.

Les six premiers mois sont très difficiles, je me pose pas mal de questions. Je passe de la vie de rêve au Sporting au cauchemar. Je m’entraînais avec un groupe de Ligue 1, j’ai croisé des joueurs comme Djibril Cissé, Mickaël Landreau, Alphonse Aréola, Florian Thauvin, Whabi Kazhri. Du jour au lendemain je me retrouve à la maison sans rien. À cette époque là j’ai 20 ans et mentalement, c’est dur d’encaisser ça… Au point d’avoir de longues discussions pour savoir si je dois continuer le foot.

MO : Mais une opportunité se présente la saison d’après…

FM : Via une connaissance, je signe au FC Gueugnon et ça me redonne goût à la compétition et au football, ce qui me fait énormément de bien tant sur le plan physique que mental, et sur le plan des performances aussi puisque je fais une bonne saison là-bas.

MO : Et qui plus est, ils te prennent alors que tu es blessé…

FM : Effectivement pendant la préparation je me blesse. Je viens avec l’envie de faire une grosse préparation, surtout avec la saison blanche que je viens de faire malgré les six mois d’entraînements avec Marseille-Consolat et malheureusement je me fais une grosse entorse de la cheville avec double rupture des ligaments. Et malgré ça, le club me fait signer quand même, sans essai.

Ils décident de me faire confiance via ce qu’ils ont entendu sur moi et sur les infos qu’ils ont pu obtenir. J’ai manqué les deux premiers matchs de championnat, mais j’ai maximisé les soins pour revenir le plus vite et le mieux possible et j’ai tout donné cette saison-là pour les remercier de la confiance qu’ils m’ont accordée. Ça s’est avéré bénéfique pour tout le monde au vu de la saison que j’ai faite.

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MO : Donc après cette belle saison, tu pars à Martigues.

FM : Pour resituer le contexte, à cette époque le club est racheté par le mannequin Baptise Giabiconi et, via des connaissances de mon père, je sais que le club s’intéresse à moi. Un jour je suis chez mon meilleur ami, je suis réveillé par mon téléphone et c’est Baptiste Giabiconi en personne qui m’appelle. Il se présente, me vend son projet et me fait part de son envie que je rejoigne le club la saison prochaine. Je suis convaincu donc je signe là-bas.

MO : Et la saison se passe bien ?

FM : Avec Martigues, c’est ma première saison à ce niveau-là (ex-CFA2, aujourd’hui N3), et la première saison se passe très bien. J’accroche bien avec le staff, la direction et tous les joueurs. Au niveau des entraînements, j’ai un coach des gardiens qui s’appelle Christian Delachet qui m’a fait énormément progresser. A ce niveau-là, on commence à jouer contre des réserves d’équipes professionnelles et ça joue clairement mieux au ballon. Cette saison-là je prends énormément de plaisir car je joue à côté de la maison, il y a un bon niveau de jeu et de championnat. Il y a de bonnes infrastructures aussi, donc une super saison !

MO : Et pour la saison suivante, l’idée c’est de continuer ?

FM : Alors ce qui se passe c’est que la saison est perturbée. A mi-saison on est 2ème à 3 points du premier et la direction décide de changer d’entraîneur, de directeur sportif, et ils viennent avec 6-7 joueurs supplémentaires, dont un gardien.

Au début tout se passe bien, mais sur les 8 dernières journées de championnat, l’entraîneur décide de faire un roulement des gardiens avec deux matchs chacun alors que je j’avais une belle saison jusque-là. Et lorsque je demande une explication, il me dit que c’est pour déterminer quels seront les gardiens pour la saison prochaine. Donc moi je me pose des questions. Je ne comprends pas vu la saison que j’ai faite pourquoi ils hésiteraient entre moi et un autre gardien. Et comme je suis quelqu’un d’un peu sanguin, je n’accepte pas la situation d’être mis en concurrence et je décide de quitter le club de moi-même sans avoir trouvé un autre projet.  Je fais donc savoir sur les réseaux sociaux que je quitte Martigues à la fin de la saison. Je prends un risque, mais je prends cette décision par rapport à ce qu’il s’est passé en interne avec la direction.

Je fais un essai à Bastia-Borgo qui est à l’époque en national, ça se passe bien mais la proposition qu’ils me font sur le plan financier ne correspond pas à mes attentes. À part ça rien, jusqu’à ce que je reçoive un appel de Faouzi qui était recruteur pour les Chamois Niortais et aussi en partenariat avec Martigues. Il me dit que les Chamois cherche un numéro 2. On est un mardi et il fallait que je sois le jeudi à l’entraînement pour trois jours d’essais. Forcément un poste de numéro 2 en Ligue 2, ça m’enchante ! Donc je fais les essais, ça se passe bien et c’est là que l’épisode avec les Chamois commence.

MO : Une belle opportunité et l’occasion d’être dans un club de Ligue 2 !

FM : Carrément, c’était inattendu pour moi ! Même si je sortais d’une belle saison avec Martigues, je ne m’attendais pas à voir une telle proposition. J’avais dans l’idée de trouver un club de CFA 2 ambitieux ou un club de national qui jouait le milieu de tableau. Cette proposition est tombée du ciel.

MO : Qu’est-ce qui a changé dans le fait d’être numéro 2 alors que tu avais toujours été numéro 1 ?

FM : Il a fallu que je fasse un travail sur moi-même. Je l’ai pris comme une épreuve et non comme une difficulté. J’ai mesuré la chance que j’avais d’être dans un club professionnel et de signer mon premier contrat pro, donc j’ai assimilé toutes ces nouveautés, j’ai accepté le fait que j’aurais moins de temps de jeu et j’ai essayé de n’en garder que le positif.

Plus concrètement, j’ai intégré un groupe jeune avec lequel je m’entends très bien et particulièrement avec les gardiens, dont le numéro 1 Saturnin Allagbe avec qui j’accroche dès le premier entrainement. « Sat » c’est une personne en or, qui a le coeur sur la main, extrêmement gentil et bienveillant. Mais aussi avec Enzo Pochet le numéro 3. On forme un super groupe où on essaye tous de se tirer vers le haut. Chacun apprend de l’autre et on a tous compris très vite que ce serait bénéfique pour chacun d’entre nous.

En ce qui concerne la hiérarchie des gardiens, c’était actée. « Sat » était le numéro 1 indiscutable. Il a fait une saison exceptionnelle cette année-là, et j’ai tenté de lui apporter le plus possible et inversement.

Florent Maddaloni - Gardien de but - football - entrainement

MO : Du coup, tu as l’occasion de jouer avec les Chamois ?

FM : Je ne fais que des bancs en Ligue 2 et en Coupe. Il faut comprendre que Saturnin s’était blessé la saison précédente pendant 6 mois et l’année suivante, il préparait la CAN avec le Bénin, donc il a voulu enchaîner tous les matchs de championnat et de coupe pour être performant à la CAN, ce que tout le monde aurait fait à sa place. Il a fait une belle performance à la CAN et j’étais très content pour lui.

Sur quelques journées de championnat, j’allais faire un match en réserve pour avoir un peu de temps de jeu, environ une fois par mois, mais c’était compliqué d’avoir des repères avec aussi peu de matchs, donc clairement ce ne furent pas mes meilleurs matchs. En terme de temps de jeu, ce fut une saison assez creuse mais en terme d’enrichissement personnel, de satisfaction et de plaisir, ce fut une saison pleine et à mon sens, c’était comme si mon rêve se réalisait. Le fait de devenir un joueur de football professionnel et de voir la fierté sur le visage de mes parents, ma famille et mes amis, ça n’a pas de prix.

MO : Nouvelle saison et encore un nouveau club ?

FM : En fin de saison, il font signer Quentin Braat en prêt de Nantes et je me retrouve une fois de plus sans club. Je signe à L’AS Furiani en National 3 où le coach Patrick Videira me suivait depuis Gueugnon et m’avait proposé à l’époque de le rejoindre à Istres. Mais à l’époque le club était en DH et j’aspirais à plus que ce niveau là. J’avais été franc à ce propos.

Il me propose de me signer car leur gardien avait pris un rouge et 8 matchs de suspension, donc il n’avait plus leur gardien jusqu’en décembre. On me propose d’avoir du temps de jeu jusqu’à cette période, avec l’idée que si une proposition se fait au mercato d’hiver, je serais prêt et dispo et eux ont un gardien jusqu’à la fin de la suspension de leur gardien.

Au final, au mercato, je n’ai pas de proposition et d’un commun accord, je décide de rester finir l’année avec eux avant que le confinement ne vienne stopper la saison.

MO : Combien de matchs as-tu disputé cette année ?

FM : Je dispute 8 matchs avec Furiani et surtout je retrouve pas mal de joueurs que je connais ou avec qui j’ai joué au Sporting. J’ai senti que le club et le groupe étaient ravis de m’avoir, ce qui m’a donné un surplus d’énergie. Je fais de bonne performances : sur les six derniers matchs, je suis à 5 clean sheets. Ça a fait du bien à tout le monde car le club était dans une mauvaise passe, et moi je suis content de retrouver goût à la compétition, ce qui ne m’était pas arrivé depuis 1 an et demi.

Le seul match où je ne fais pas un clean sheet, je prends deux buts aux 91ème et 93ème minutes, je peux vous dire les boules que j’avais ! Surtout que je sors un pénalty à la 88ème… on menait 1-0 on perd 2-1 ! D’ailleurs, si je ne prends pas un rouge à la fin de ce match, c’est un miracle parce que généralement les matchs comme ça je vrille (rires). Mais là j’ai réussi à me contrôler, j’ai gagné en maturité. J’étais vraiment sur une bonne dynamique avant le confinement, ça s’est coupé de manière nette, mais la situation l’obligeait.

MO : Le retour à Furiani c’est aussi une retour en Corse sur des terres que tu connais bien ?

FM : Exactement, c’est le retour en Corse. Furiani, c’est collé à Bastia. Je retrouve des amis là-bas, je retrouve des repères, ça me rappelle des souvenirs. Je repasse devant le centre d’entraînement du Sporting, je recroise des entraîneurs, des préparateurs physiques, des joueurs que j’ai connu là-bas, c’est agréable. Je suis tombé amoureux de la Corse quand j’ai fini au Sporting donc ça m’a fait beaucoup de bien de revenir ici et j’apprécie énormément d’y être en ce moment.

MO : Quand est-il de la saison prochaine ?

FM : Pour l’instant rien n’est fixé. Je suis à la recherche du projet le plus ambitieux possible. Le club est au courant de ma situation. Ils savent que si on me propose un projet professionnel… ils me laisseront partir. Mais si rien de venait à se présenter, on s’est mis d’accord que je continue avec eux la saison prochaine, avec l’objectif d’engranger du temps de jeu et de leur apporter le maximum que je peux.

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MO : J’aimerais qu’on aborde plus en profondeur le poste de gardien. Comment te décrirais-tu en tant que gardien ?

FM : Je suis un gardien qui a la chance d’avoir un gabarit qui est très intéressant pour le gardien moderne. Plus le temps évolue, plus le gardien a besoin d’être grand pour être impérial dans le jeu aérien qui est un domaine primordial dans le football moderne. Dès le plus jeune âge, j’ai travaillé ma vivacité pour compenser par rapport à ma taille et alier au sol le plus rapidement possible, ce que je fais relativement bien aujourd’hui.

Je dirais que je suis un gardien complet avec un bon jeu au pied. Je ne suis pas numéro 10 non plus, j’en suis conscient mais je l’ai travaillé, je ne panique pas quand j’ai le ballon dans les pieds. Je sais relancer propre que ce soit court, mi-long. Je suis quelqu’un de vif et réactif sur la ligne. 

En ce qui concerne les défauts, il y en a un qui ressort vraiment et que j’ai beaucoup travaillé sur les deux dernières années, c’est la concentration. J’ai tendance parfois sur un match à être un peu moins dedans pendant 30 secondes, sauf qu’à haut niveau ça se paye cash ! Plus jeune c’était pire, je pouvais décrocher pendant une ou deux minutes, donc clairement ça m’a coûté des buts.

MO : En terme de méthode d’entraînement, entre tes débuts au centre de formation à l’OM et maintenant, as-tu noté des évolutions ?

FM : En terme d’évolution de la technique pure des gardiens, je n’ai pas vu beaucoup d’évolutions. Dès le plus jeune âge, on m’a appris à plonger en attaquant le ballon, à avoir des appuis courts et toniques.

La vraie évolution, elle se situe sur le jeu au pied. Plus le football évolue, plus le gardien devient un vrai joueur de foot, dans le sens où c’est un 5e défenseur et il doit être autant voire plus technique que les quatre autres défenseurs. Donc c’est clairement ça qui s’est ajouté dans les spécifiques de gardiens. J’ai même eu parfois des séances dédiées uniquement à ça.

MO : Dans les différents clubs où tu es allé, est-ce que les séances étaient basées sur des situations de match ou plutôt sur une répétition de gestes techniques ?

FM : Bah déjà on répète des gammes à chaque entraînement, comme la prise de balle, qui sont nécessaires. Dans la plupart des clubs où j’ai été, on a fait des exercices qui reproduisent des conditions de matchs, pour qu’on retrouve les sensations qu’on a eu à l’entraînement lors des matchs.

Je pense que tous les entraîneurs des gardiens cherchent au maximum à reproduire des situations de match. Après c’est compliqué, il peut se passer tellement de choses dans un match que c’est difficile de reproduire une situation exacte. Mais je sais aussi que grâce aux nouvelles technologies, on peut faire de l’entraînement en réalité virtuelle. Je pense que tous les clubs vont y venir car c’est le futur, et si ça permet d’être plus performant et d’intégrer des vraies situations de match via des vidéos, ce serait vraiment intéressant.

MO : Ce qu’on observe de plus en plus, c’est l’intégration du gardien dans la tactique et  dans un schéma de relance et plus largement de jeu avec le reste de l’équipe, est-ce quelque chose que tu as travaillé ?

FM : Complètement, c’est travaillé. À Furiani on le fait parce qu’aujourd’hui le gardien, sur une action de jeu, peut être décisif. Il ne va pas marquer, mais il peut faire marquer. Sur une relance, il peut créer un décalage qui abouti sur un but, et c’est très important.

Pour vous donner un exemple à Furiani, on part d’une situation où je relance côté gauche. Ça va ressortir sur moi donc ça va créer un décalage parce que je relance à droite rapidement. C’est pour ça que c’est très important que le gardien ait cette aisance technique, car il est complètement intégré dans une tactique de jeu, et dans cette situation, si le gardien n’a pas de pied et qu’il met 3 heures à faire le décalage, et bah il n’y en aura pas.

MO : Cet entraînement spécifique est-il suivi d’une mise en place avec l’entraînement collectif ?

FM : Bien sûr ! L’entraîneur des gardiens et l’entraîneur général essaient de se mettre d’accord pour travailler une séquence en particulier, ce qui va déboucher sur un échauffement ou une séance spécifique pour travailler l’aspect tactique auquel l’entraîneur veut aboutir. Donc pour reprendre l’exemple évoqué plus haut, on va travailler relance courte à gauche, puis relance mi-longue à droite, puis on le réintègre dans le jeu collectif.

MO : Est-ce que tu as eu ce type d’entraînement par le passé dans les autres clubs ?

FM : Je l’ai fait à Niort, club professionnel forcément, un peu à Martigues. Plus jeune beaucoup moins, déjà parce qu’en jeunes, il y a moins de tactique.

En gros, à partir de mon arrivée en séniors, j’ai commencé à le travailler, assez peu à Martigues, beaucoup plus à Niort et à Furiani qui est un club avec des groupes d’entraînements et un staff qui n’ont rien à faire en National 3 et qui est de très bonne qualité. Je travaille comme si j’étais en National ou en Ligue 2.

MO : As-tu senti une modernisation sur les entraînements de gardien ?

FM : Clairement ! Même à mon échelle je l’ai ressentie. Je sais très bien que le gardien il y a 10-15 ans, il était là pour arrêter les buts et puis c’est tout. Les méthodes de travail ont évolué et en bien je trouve, parce que le gardien est beaucoup plus impliqué dans le jeu, dans l’équipe, dans la technique donc c’est bénéfique. Le poste de gardien n’est plus réservé au mec qui n’a pas de pied et qui sait juste arrêter des ballons (rires).

MO : Comment sera le gardien du futur selon toi ?

FM : Pour moi le gardien, dans un futur proche, devra être aussi technique qu’un joueur de champ. Dans un futur plus lointain, je m’étais déjà posé la question, il sera peut être comme au hand : il sortira de sa cage pour apporter un apport numérique. Ce serait plus compliqué vu la taille du terrain, mais pour moi en fait, le gardien serait un joueur de champ avec les capacités d’un gardien et qui pourrait apporter plus dans le jeu. 

Par exemple, sur une relance dans une défense à 3, le défenseur gauche passe latéral et le gardien devient un défenseur, l’axial se décale un peu et le gardien devient le deuxième axial. Pour faire une sortie de balle avec les 3 défenseurs. Alors évidemment ce serait une grosse prise de risque, mais bien maîtrisé ça pourrait apporter un avantage conséquent. Mais pour ça, il faut que le gardien passe un cap techniquement et qu’on ne voit pas la différence avec les autres joueurs.

-Les Pénos de MO-

 

Florent Maddaloni les pénos de MO

MO : Ton idole de jeunesse ?

FM : Buffon

MO : Le meilleur gardien du monde ?

FM : Buffon (rires)

MO : Ton plus bel arrêt ?

FM : A Gueugnon sur un corner. Mon joueur au premier poteau dévie le ballon de la tête mais vers la cage, je fais un premier arrêt réflexe mais je reste sur mes appuis, le ballon monte et l’attaquant adverse met une tête vers le sol sur ma gauche et je me couche super vite, je me suis même surpris d’aller aussi vite !


MO : Ton pire souvenir ?

FM : La fin d’année à Bastia où je me suis retrouvé sans club après.

MO : Ton meilleur souvenir ?

FM : Lorsque l’entraîneur des gardiens et le directeur sportif de Niort m’ont annoncé qu’ils allaient me faire signer mon premier contrat pro. J’ai pensé à ma famille et surtout à mon père qui me suit depuis que j’ai 5 ans et qui fait tout pour que j’y arrive. Ça peut paraître cliché mais comme j’ai eu une carrière un peu semé d’embûches, c’était l’apothéose pour moi !


 

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