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19 December 2017



Actuellement de l’autre côté de l’Atlantique, Sébastien Chabbert, formé à l’AS Cannes, est revenu avec nous sur sa carrière professionnelle longue de 17 années, dont 8 passées sous les bois du Racing Club de Lens. À présent du côté de Miami, en Floride, il s’occupe de jeunes gardiens qui veulent s’imposer dans le monde des portiers.

Main Opposée : Bonjour Sébastien, tu as été formé à l’AS Cannes avant de réjoindre le RC Lens en qualité de numéro 2. Quelle a été la différence pour toi ?
Sébastien Chabbert : Quand tu es numéro 2, tu te bats comme si tu allais jouer le week-end. Après, c’est un peu la mentalité du gardien à part entière. On a une mentalité où le travail est important pour le nombre de ballons touchés en match, et derrière, il y a un travail énorme qui est fait. En fait, on bosse ensemble mais on n’a pas l’impression de bosser. On se tire un petit peu la bourre, on se challenge un petit peu, mais toujours dans le respect des uns et des autres, toujours avec le sourire même s’il y a parfois des situations un peu plus difficiles. Il y a une concurrence mais aux entrainements, tous les jours on ne la ressent pas forcément au quotidien parce qu’on a un poste où tu donnes le maximum à l’entraînement que tu sois numéro 1, numéro 2 ou numéro 3, comme si tu allais jouer le week-end.

MO : Tu es ensuite prêté à Metz, en 2001…
SC : J’étais à Metz pour l’histoire des faux passeports. J’aurai dû faire 6 mois à la place de Mondragon mais il n’a pris que 5 matchs de suspension, donc je n’ai joué que 5-6 matchs. On s’est sauvé à la dernière journée avec Albert Cartier, mais c’est un bon souvenir Metz.

MO : Tu repasses alors par Lens mais c‘est finalement à Amiens, en Ligue 2, que tu trouves du temps de jeu. Comment cela se passe-t-il?

SC :  J’ai joué à Amiens toute la saison 2007-2008. Je repars pour une saison et, en préparation, je me pète l’épaule. J’en ai pour 5 mois d’arrêt, donc je passe une année blanche, sans jouer, avec toutes les galères possibles. Je reviens en CFA et au premier match que je fais, je me fais tacler, je m’ouvre le genou. J’en ai pour 3 mois encore, donc saison blanche complète et le club descend en National. Je ne voulais pas jouer en National, j’avais l’offre de Charleroi et j’ai fait une saison complète là-bas en 1ère division. La saison s’est très bien passée et à la fin, je reçois des offres de Belgique dans les clubs les plus huppés, mais aussi de Monaco dont l’entraineur des gardiens, André Amitrano, est mon père spirituel dans le football. C’est une personne à qui je dois énormément. Je l’ai connu à Cannes au centre de formation pendant 4 ans, c’est avec lui que j’ai commencé en pro, c’est avec lui que j’ai toujours gardé contact et c‘est lui qui me rappelle, et on repasse 4 ans ensemble. Avec lui, c’est vraiment une belle histoire. C’est quelqu’un qui pour moi est l’un des meilleurs entraîneurs en Europe. Il n’est pas à Monaco par hasard. Suba (Subasic, ndlr) l’avait soutenu pour qu’il reste à un moment où il y a eu des quiproquos. C’est quelqu’un qui mérite sa carrière, et aujourd’hui, je me sers un petit peu de tout ce qu’il m’a appris pour le retranscrire et le transmettre aux jeunes.

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Sébastien Chabbert avec André Amitrano

 

MO : Et à Monaco, tu redeviens doublure ?
SC : A Monaco, j’arrive comme doublure de Ruffier, il se blesse à 6-7 matchs de la fin, je fais la fin de saison, et on descend. L’année d’après, on change d’entraineur. C’est Banide (Laurent Banide, ndlr) qui vient et je resigne 3 ans en tant que premier gardien en Ligue 2. Mes prestations avaient été jugées satisfaisantes, ils étaient contents de moi donc ils me mettent numéro 1. Je fais ensuite 6 matchs et, comme un signe, je joue mon dernier match à Lens. J’ai une douleur au genou énorme, je veux finir le match et à partir de là, je n’ai plus joué au football. Et comme par hasard, cela m’arrive à Lens, où j’ai passé 8 ans de ma vie. J’étais titulaire, j’étais bien à Monaco, j’étais en pleine santé et du jour au lendemain, j’ai commencé à avoir des galères. Ça laisse un goût amer parce que la suite a été belle, et je l’ai vécue sur le côté parce que j’étais blessé. Mais je l’ai vécu quand même le titre.

MO : Malgré tout ça tu restes en Principauté et tu essayes de revenir ?
SC : Je me suis blessé au bout de ma deuxième année, mais je suis resté 4 ans. Après ils ont fait venir Suba, Romero, mais moi j’étais là. J’essayais de me ré-entrainer, je m’entraînais un coup et je m’arrêtais, mais j’étais là. Je vivais avec eux tous les jours et avec moi, on était 4 gardiens, il y avait Flavio (Roma) en plus.

MO : À Monaco, Subasic a été assez critiqué lors de ses premières années en Ligue 1. Qu’en penses-tu?
SC : Je vais résumer très rapidement la situation. Ils ont voulu le mettre en concurrence avec ce qu’ils voyaient comme des gardiens de grande envergure, mais personne n’a réussi à lui prendre la place. Ils lui ont mis Romero, le hollandais Stekelenburg, De Sanctis. Ils lui ont mis plein de gardiens dans les pattes et il n’y a personne qui a pu lui prendre la place pour un match, personne.

MO : Lors de ta carrière, tu as été assez souvent numéro 2 en Ligue 1. Il y a toujours eu une hiérarchie préétablie quand tu es arrivé dans tes différent club ?
SC : Non, parce que moi, je suis arrivé à Lens pour jouer. Je jouais à Cannes en Ligue 2 à 17 ans. J’ai choisi justement Lens dans le but de jouer alors que j’avais pratiquement tous les clubs en France qui me voulaient. Ça ne s’est pas passé comme prévu parce que Warmuz devait à l’époque rejoindre Monaco et au dernier moment, Barthez a signé le dernier jour quand ils sont champions, dans le vestiaire. Warmuz ne va donc plus à Monaco et je me retrouve numéro 2.  Après, ce qu’il y a eu, c’est qu’à chaque fois que j’étais numéro 1, j’ai eu beaucoup de blessures, j’ai été opéré 10 fois. C’est ce qui a fait que je n’ai pas eu forcément, comme tout le monde le dit, la carrière que je méritais. C’est toujours le mauvais moment pour une blessure mais là, elles sont vraiment tombées au pire moment. Par exemple, je finis la saison en ligue 1 à Lens et quand Courbis signe, il m’annonce numéro 1. Je joue l’Intertoto, je fais les matchs amicaux et je me pète le ménisque avant la saison alors que c’était fait, j’étais numéro 1.

MO : Être blessé c’est dur à vivre, mais toi, comment as-tu surmonté tes nombreuses blessures ?
SC : Mentalement c’est très compliqué. Quand tu es blessé, déjà tu ne sers à rien et tu te retrouves, même si les clubs font le maximum pour te soigner, seul à lutter contre toi-même. Par contre j’ai toujours eu le challenge de revenir. Il n’y en a pas beaucoup qui, avec le nombre de blessures que j’ai eu et l’état de mon genou, seraient revenus au niveau. J’y suis toujours parvenu car si on regarde bien, au final je signe à Monaco. Je me suis toujours accroché, avec une mentalité où je ne lâche rien, j’ai toujours eu ça. Je ne lâche rien, je donne le maximum, je ne compte pas mes efforts.

MO : Comment tu décrirais le poste de gardien de but ?
SC : Le poste de gardien, je l’ai toujours dit, c’est le poste individuel dans le collectif. C’est vraiment un poste à responsabilité avec l’évolution de ces dernières années. C’est devenu un poste où le gardien doit être très complet, doit savoir jouer avec ses pieds, doit savoir jouer avec ses mains, doit être grand, doit être agile, doit être vite. En fait il doit savoir tout faire. C’est devenu un poste vraiment compliqué avec une pression qui est malgré tout assez importante. C’est aussi un poste où il faut être très très fort dans sa tête, où derrière chaque match il faut un certain recul pour éviter de rentrer dans cette pression inutile, et essayer de rester dans le plaisir de jouer et dans le plaisir de bien faire. C’est ce qui permet de rester équilibré à ce poste.

MO : Tu as toujours été dans les buts ?
SC : Premier jour d’entrainement j’étais dans les buts. J’avais 6 ans, je venais du rugby. J’étais un peu le kamikaze de l’équipe. Le jour du premier entrainement, il y a un gardien qui est déjà prêt et le coach dit : « Par contre, il faut un autre gardien ». Je me suis mis dedans et je n’en suis jamais sorti. Au départ, j’ai gardé le rugby. Je suis un amoureux du rugby, je suis issu du sud-ouest, élevé dans une famille de rugbymen. J’ai toujours gardé les deux avec ce côté un petit peu kamikaze. C’était vraiment le poste qui était fait pour moi.

MO : On a l’impression que beaucoup de gardiens sont attirés par le rugby. Le poste de gardien de but et le rugby sont liés selon toi ?
SC : Clairement. Moi, je suis issu d’une famille du rugby et mes amis, qui sont mes amis d’enfance, sont rugby. Moi j’aime cette mentalité, j’aime l’esprit du rugby même s’il est en train de changer, malheureusement et heureusement, par l’entrée de capitaux, ce qui change un peu la donne, mais moi j’aime cette ambiance de confrérie. Moi, le football, ça a toujours été comme ça. C’était professionnel, mais c’était une bande de potes. J’ai vécu ça à Cannes, on était une bande de potes qui allait jouer le week-end, qui se donnait les uns pour les autres, qui avait envie de se battre les uns pour les autres parce qu’on avait grandi ensemble, on était devenu professionnels ensemble, il y avait l’esprit de sacrifice. Quand moi j’ai commencé le football, sans dénigrer celui d’aujourd’hui où il y a plus d’argent, on vivait vraiment le football pour ce qu’il était, pour le jeu, même si après c’était notre métier et que l’argent était un élément de choix pour le futur. Ce qu’il y avait dans le rugby, on le retrouvait aussi entre gardiens. À Lens, Warmuz était un amoureux du rugby. J’ai connu Greg Coupet, c’est un amoureux du rugby. J’ai connu Ruff (Stéphane Ruffier, ndlr) à Monaco qui est un amoureux du rugby, qui est du sud-ouest. C’est vrai que c’est le poste qui se rapproche le plus. On joue avec les mains dans les deux cas.

Monaco - Matin
Sébastien Chabbert aux côtés de Grégory Coupet. Source : Nice matin

MO : Trouves-tu qu’il y a eu un changement de mentalité dans le football au fil des années ?
SC : Quand j’ai commencé c’était déjà comme ça. Après il y a eu l’industrie du football qui est devenu tout un business, et c’est normal. Le rugby le devient actuellement avec un petit peu d’années de retard, mais on est sur la même chose dans le rugby, donc automatiquement tu te professionnalises un petit peu plus parce que les enjeux financiers sont plus importants. Ce sont des changements normaux, mais j’ai eu la chance de vivre les deux, le professionnel-amateur et le professionnel-professionnel. J’ai eu la chance quand j’étais à Monaco de connaître des gens comme Falca’ (Radamel Falcao ndlr), comme James (Rodriguez ndlr). Ce sont quand même des monuments du football, et avec une simplicité énorme aussi. Ce ne sont pas forcément les individus qui rendent le monde comme ça, c’est le business du football et forcément, les mentalités changent. Les jeunes ne sont plus formés de la même façon qu’on pouvait l’être avant. Maintenant c’est des machines, les plus jeunes deviennent plus forts avec précocité, l’équipe de France à une moyenne d’âge très jeune. Quand j’ai commencé, le seul gardien qui explosait, c’était Buffon qui jouait à 17 ans. Les gardiens jouaient quand ils étaient un peu plus mûrs. C’est bien que ça évolue dans le sens-là et que le poste soit réévalué à sa juste valeur, parce que quand j’étais jeune, quand j’ai commencé le football, c’était le poste le moins payé de l’époque alors qu’il avait une importance énorme. Peut-être qu’à ce moment-là, les coachs n’avaient pas ce recul-là. Et puis moi, je suis vraiment dedans maintenant.

MO : Et maintenant ? Que fais-tu depuis la fin de ta carrière ?
SC : Aujourd’hui, je suis à Miami. Je suis entraineur personnel, d’une trentaine de petits gardiens. J’entraîne en individuel ou en petits groupes de 4 à 5 gardiens maximum. Je les entraîne afin que les jeunes aient accès aux « scholarship », qui sont les bourses d’études universitaires pour les jeunes talentueux qui désirent un avenir en Europe. J’ai commencé petit à petit et le travail commence à porter ses fruits. À la base je suis parti pour autre chose, et maintenant, j’ai aussi des contacts pour être scout, pour voir les jeunes à potentiel et les ramener en France.

MO : Donc tu es en contact avec certains clubs européens ?
SC : Bien sûr et je suis vraiment plus qu’en contact ! Je n’ai pas encore envoyé de jeunes mais normalement ça devrait se faire cette année. Je le fais à plein temps depuis un an. Je vais adapter le recrutement en fonction de ce que je pense le mieux pour le jeune que je veux emmener. Si c’est un jeune qui a besoin de mûrir, je ne vais pas l’envoyer dans un club comme Paris. Par contre il vaut mieux qu’il aille à Amiens s’aguerrir et avoir une chance de jouer. J’ai aussi des contacts en Espagne. En fait, j’essaye ici, à Miami, de livrer une prestation complète, à savoir des entraînements personnalisés, physiques, techniques, avec vidéo,  un peu comme dans un centre de formation avec en plus l’opportunité de pouvoir les aider à aller en Europe, et en France plus particulièrement.

MO : Le niveau de formation aux Etats-Unis n’est pas le même qu’en Europe ?
SC : Le niveau de formation est plus avancé en Europe. En fait, il n’y a pas de professionnel qui soit transféré des Etats-Unis en Europe. Par contre, les jeunes c’est autre chose. Je n’ai que 4 américains sur les 30. Il y a beaucoup de latinos, qui connaissaient le ballon, qui ont été élevés avec. Je pense que petit à petit, il y a un potentiel qui est en train de se développer chez les jeunes, et je ne parle que de jeunes. Quand tu vois les Etats-Unis et le nombre de licenciés, tu te dis que forcément il y a un potentiel, mais je pense qu’en Europe, la France, l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne sont les plus avancés au monde en terme de formation. Donc si tu amènes un potentiel et que tu le mets dans les méthodes de travail européennes, je ne comprendrais pas pourquoi il réussirait moins qu’un autre.

MO : Quel est le rapport des Etats-Unis avec le sport en général ?
SC : Les mentalités sont différentes, c’est une autre culture. Après, moi, je suis à Miami, et ce n’est pas vraiment les Etats-Unis. La première langue parlée en Floride c’est l’espagnol. Je suis plus en Amérique du Sud qu’aux Etats-Unis, et Miami est vraiment un mélange de cultures et de nationalités, et c’est vraiment un atout pour trouver des pépites. Donc moi j’essaye d’amener mon expérience, la vision que je peux avoir, les formations que j’ai pu suivre en Europe. Je fais uniquement un complément des entraînements. Je me base sur l’optimisation des qualités individuelles. J’espère qu’avec l’expérience que j’ai acquise, avoir un œil pour voir un petit peu quand le talent est là ou pas.

MO : Les jeunes que tu entraînes, combien de fois les as-tu par semaine ?
SC : Ceux à gros potentiel, ils font « home school », c’est-à-dire école à la maison et je les ai tous les jours, comme un centre de formation. Ils s’entraînent le matin avec moi et l’après-midi avec leurs clubs. Ici, il y a 2-3 grosses écuries qui s’entraînent tous les jours et peuvent leur assurer des séances.

MO : Quelles sont les qualités dont a besoin un gardien selon toi ? Que cherches-tu à inculquer à tes gardiens pour qu’ils percent en Europe ?
SC : J’ai envie de dire tout (rires). Ce qui ne l’était pas à l’époque, c’est la taille. Maintenant, avec un gardien qui fait 1m95, tu arrives à tirer les mêmes qualités qu’un gardien qui mesure 1m84. Donc avec l’envergure et la différence de taille, ça joue énormément. À l’heure actuelle, quand tu regardes Courtois ou Donnaruma, ils sont bons aux pieds, ils sont bons dans les airs, ils sont bons sur la ligne, ils vont vite, ils vont haut, ils sont super complets. Ce qui fait la différence, c’est que tu ne peux pas avoir de lacune. Maintenant, ce n’est pas qu’est-ce qu’il faut avoir mais plutôt qu’est-ce qu’il ne faut pas avoir. Aujourd’hui, les attaquants ont aussi changé, ils sont grands, ils vont vite, ils sont complets. Donc tu es obligé de répondre en étant complet. Quand tu vois la nouvelle génération, en étant vulgaire, j’ai bandé. Quand je vois Donnarumma, De Gea, Courtois, moi je dis « Whouah ». C’est un plaisir de les voir jouer.

MO : À Monaco, tu travaillais aux côtés de Ruffier. Quelle était ta relation avec lui ?
SC : Ruffier, il est spécial. Pour résumer, on est les deux du sud-ouest, on a été élevés dans la même région. Je suis arrivé à Monaco, j’étais content d’être là en tant que doublure. Mon but, c’était plus de l’aider plutôt que de le titiller. C’est quelqu’un avec qui j’ai de très bonnes relations.

MO : On connait tous les qualités de Stéphane Ruffier, mais sa communication lui dessert, non ?
SC : Je pense qu’il a été maladroit dans certaines interviews et il a été pris au pied de la lettre. Ça lui est resté et je pense qu’aujourd’hui ça lui fait défaut, mais je pense que c’était plus de la maladresse qu’autre chose. Ça fait un moment que je suis parti et je n’ai pas trop suivi non plus, mais je pense que Ruff, il devrait être le numéro 2 en équipe de France. Après je ne sais pas son comportement, ce qu’il a dit ou fait, je ne peux pas juger. Mais du point de vue qualités, puisque c’est les seules choses que je connaisse, je pense qu’il a le potentiel pour être international. Si son image médiatique avait été différente, je pense qu’il aurait signé dans un club plus huppé que Saint Etienne.

MO : Tu as aussi côtoyé Sébastien Frey, il a eu aussi de grandes qualités mais n’a pas été reconnue à sa juste valeur en France, non ?
SC : Là aussi quand je vois la carrière qu’il a fait à l’étranger… Encore la semaine dernière je parlais avec un mec de la Firorentina qui vit à Miami, j’entraîne son fils, un italien, il m’a dit : « Frey c’est l’idole de tout Florence, c’est le plus grand gardien qu’on ait eu. » Je n’arrive pas à comprendre ce qu’il s’est passé, quand on connait la difficulté du championnat italien, surtout à l’époque. Je ne vois pas comment il a pu passer à travers d’une carrière internationale. Je pense que lui aussi, à un moment, il y a eu quelque chose. Je ne sais pas quoi, peut être son image. Peut-être sa boulette contre l’Ukraine, il l’a payé plus cher que ce qu’il aurait dû payer. Mais en tout cas c’est quelqu’un qui aurait dut avoir une carrière internationale. Il a joué à l’Inter, il avait 18 ans quand il a remplacé Pagliuca. Personnellement j’aurais aimé le voir en équipe de France. Mais il est aussi tombé à une époque où il y avait des monstres, il y avait Barthez, Coupet, les deux premiers c’étaient des monstres. C’est comme en Italie, quand tu sais que tu as Buffon devant, tu ne peux pas jouer, là c’est un peu pareil.

Les pénos de MO

sébastien chabbert

MO : Quels ont été tes idoles ?
SC : Moi j’ai grandi avec Barthez. Je ne le connais pas forcément, j’ai joué contre, j’étais sur le banc plusieurs fois. J’aurais dû signer comme sa doublure à Monaco l’année après Cannes avec Tigana. Tout était réglé et malheureusement Tigana s’est fait virer durant l’année et ça n’as pas pu se faire. Mais normalement mon club après Cannes aurait dû être Monaco en étant doublure de Barthez. J’avais fait ce choix, car j’avais envie de grandir à côté de l’un des plus grands du monde. J’ai été souvent doublure, mais à cette époque-là j’étais jeune et plutôt que d’essayer de trouver un club pour jouer, j’avais fait plus le choix de travailler à côté de quelqu’un qui je pensais aurait pu me faire progresser. Je sortais d’une saison en Ligue 2 et je pesais que la meilleure façon pour que je progresse c’était de côtoyer le meilleur.

MO : Quel a été le meilleur gardien que tu ais côtoyé ?
SC : Ruffier, c’est un monstre physique. C’est 1m89 je crois, mais c’est une puissance énorme. Il y a eu lui, et à l’époque quelqu’un que j’ai côtoyé aussi et qui était très fort, c’est Sébastien Frey, avec qui j’étais à Cannes.  Au centre de formation, il était déjà très très fort. Les deux c’est vraiment, avec des profils différents, deux très bons gardiens.

MO : Quels gardiens tu apprécies à l’heure actuelle ?
SC : Je suis fan des 6-7 bons gardiens qu’il y a actuellement. Je suis fan de tous, parce que quand tu as connu la difficulté d’être un gardien de but. Quand tu sais que déjà joué dans un club de ligue 1, c’est compliqué, donc dans les meilleurs clubs du monde, tu peux être qu’admiratif de ça. J’aime un peu moins Neuer, mais après attention, c’est plus à cause de son style de jeu, ce n’est pas côté qualité. Le côté allemand et le côté anglais, je suis un peu moins fan que le style italien, français et espagnol. Il y a un gardien que j’adore c’est Oblak, c’est un monstre, il a une vitesse de déplacement, il n’a pas besoin de plonger. Faire une coupe du monde avec ces gardiens, on va se régaler. Je pense qu’on est dans les années, où le niveau de certains gardiens n’est pas loin de l’excellence.  Il y a beaucoup de bons gardiens, mais à l’heure actuelle on a un top 5 qui est exceptionnel avec des mecs qui ont 20 ans. Ils vont prendre de l’expérience et tu dis « allez montre-moi, qu’est-ce que ça va être dans 5 ans ». On ne va pas se mentir, si à l’heure actuelle tu es dans le top 5 des clubs européens, c’est que tu es au-dessus.

MO : Quelles étaient tes qualités ?
SC :Je pense que c’était ma lecture du jeu, j’avais un bon jeu aérien. J’étais assez rapide, un peu complet. Je n’avais pas de réelle lacune.

MO : Quel est ton meilleur souvenir de carrière ?
SC : Mon meilleur souvenir c’est mon premier match en pro à Bordeaux. J’étais bien, j’étais excité. En plus je suis de Pau, j’avais toute ma famille qui venait. C’était juste énorme, en plus on gagne 2-1 à Bordeaux, c’était la grosse équipe avec Wiltord, Laslandes et Duga. On gagne et ça se passe super bien pour moi, je fais une belle partie donc tout est réuni pour que ce jour-là soit super beau. Ça s’est vraiment le côté football, après tu vis plein de moments dans le foot. Je n’ai pas envie de prendre un moment en particulier, mais hormis les blessures et les galères qui vont avec, j’ai vécu plein de beaux moments, plein de bonnes rencontres. En fait mon plus beau souvenir c’est les 25 dernières années, c’est ma carrière. Tu vis des moments de vestiaire, et tu ne te rends pas forcément compte. Je vais faire 40 ans, et avec le recul, j’ai quitté ce monde-là, et il y a plein de choses qui me manque, se retrouver avec les potes dans le vestiaire, les déplacements, forcément tu as fait ça toute ta vie. Quand t’es dans le football, tu ne peux pas quitter ce monde-là, il est ancré en toi. Donc c’est vraiment la totalité avec les émotions, avec les supports. A Lens, tu peux bien t’imagine qu’on a vécu des moments juste exceptionnels.  Tout ça c’est un bon souvenir, même s’il aurait pu être plus beau, mais aujourd’hui il est beau. Encore aujourd’hui, j’ai été contacté par une copine d’une supportrice qui fête son anniversaire, c’est ma plus grande supportrice depuis des années. Sa copine m’a demandé aujourd’hui si je pouvais faire une vidéo pour lui souhaiter bon anniversaire parce que ça serait le plus beau cadeau pour elle. On parle de ça, j’ai arrêté il y a 5 ans. Je ne peux pas donner un moment fort de foot, ça s’est un moment fort, il n’ y a que dans le foot que tu vis ça.

Toute l’équipe de Main Opposée remercie Sébastien Chabbert pour le temps accordé pour cette interview, et nous lui souhaitons la plus grande réussite pour ces projets à venir.

 

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