Actuelle gardienne du Dijon FCO en Division 1 passée par l’AS Saint- Étienne, sélectionnée à plusieurs reprises en équipe de France jeune, Mylène Chavas dispose, à seulement 22 ans, d’une grande expérience dans le football féminin. Pour Main Opposée, elle revient sur le poste de gardien de but, son parcours, ses titres et le football féminin en France. Entretien.
Main Opposée: Bonjour Mylène, tout d’abord comment as-tu commencé au poste de gardien de but ?
Mylène Chavas : J’ai commencé tout de suite chez les jeunes car mon grand frère était gardien. Il m’a donné envie de le suivre.
MO : As-tu des souvenirs de la première où tu es allée dans les buts ?
MC : Oui, je crois que c’était un entraînement. On n’avait pas de gardien, je jouais avec les garçons à ce moment là. Personne ne voulait y aller, je me suis proposée et ça a plutôt marché. Ils m’ont donc proposé de rester dans les buts, c’est comme cela que tout a commencé.
MO : Quand tu as débuté à Verin (Entente Sportive Trèfle football de Verin), tu jouais avec les garçons. Comment cela s’est-il passé avec eux ?
MC : Très bien, j’ai toujours été bien accueillie par les garçons, ils m’ont toujours soutenue. À ce moment là on était deux filles, ma coéquipière jouait en défense centrale, cela m’a aidé également. On formait une belle doublette toutes les deux derrière. Tout se passait très bien que ça soit à l’entraînement ou en match.
MO : En 2012, tu rejoins l’ASSE où tu feras tes débuts en première division lors de la saison 2014-2015. Que retiens-tu de ton aventure stéphanoise ?
MC : C’était une expérience positive car c’est un club très familial, d’autant plus qu’ils m’ont lancé et m’ont fait confiance. Je ne les remercierai jamais assez pour m’avoir donné cette opportunité. Si je suis au niveau auquel je suis aujourd’hui, c’est grâce à eux.
MO: En 2018 tu rejoins Dijon. Pourquoi avoir signé chez le club bourguignon ?
MC : Dijon évoluait en première division contrairement à Saint- Étienne et je pense que j’arrivais à une fin de cycle à Saint- Étienne. Dijon était une belle opportunité.
MO : Qu’envisages-tu pour cette saison avec ton club ? Est-ce que vous avez des objectifs avec l’équipe ?
MC : Notre premier objectif, c’est le maintien évidemment. Maintenant, si nous pouvons grappiller quelques places par à rapport à l’année dernière où nous avons terminé huitième, cela sera positif.
MO : Revenons sur le poste de gardien de but. Quelles sont tes qualités et les points sur lesquels tu peux encore t’améliorer ?
MC : Au vu de ma taille (1m78), je pense que je dispose d’avantages dans le domaine aérien, que ça soit les sorties aériennes ou les plongeons en hauteur ou bien à mi-hauteur. Il faut que je travaille encore mon jeu au pied, ma puissance, ma vitesse de réaction car c’est l’un des désavantages quand on est grande. Je pense que je progresse chaque année, mais je vais continuer à travailler pour m’améliorer.
MO : Quel exercice préfères-tu lors d’un entraînement spécifique ?
MC : Je dirais qu’il n’y a pas d’exercice que je préfère. J’aime beaucoup travailler donc avoir différents exercices qui me permettent de progresser c’est quelque chose que j’apprécie. Après évidemment que tous les exercices de plongeon où il faut plonger ou sauter… c’est pour cela qu’on aime le poste. Cela fait toujours plaisir quand un exercice est basé là-dessus.
MO : La coupe du monde féminine 2019 a rythmé l’été en France. Qu’en as-tu pensé ?
MC : Une très belle compétition, très bien organisée en France, cela fait plaisir. De plus, avoir pu suivre quasiment toutes les rencontres à la télé c’est un vrai plus. Vraiment un coup de chapeau à la Fédération qui a vraiment tout mis en place pour qu’on puisse avoir accès aux matchs. C’était une belle compétition, dommage que la France n’ait pas pu aller plus loin.
MO : Comment juges-tu le parcours de l’équipe de France ?
MC : Elles avaient très bien commencé puisque avec trois matchs de poules remportés, c’était positif. Malheureusement comme un peu à chaque fois, elles s’arrêtent tôt c’est dommage. Il y a peut être quelque chose à changer mais je ne sais pas quoi, c’est le rôle de la Fédération et du staff de le savoir. J’espère que ça évoluera pour les saisons et compétitions à venir car la France a besoin d’un déclic. J’espère que cela arrivera prochainement.
MO : Penses-tu que la coupe du monde va permettre de développer davantage le football féminin en France ?
MC: Bien sûr ! Je pense que ça été un pas en avant pour le football féminin notamment grâce à la médiatisation de la compétition. Je pense que cela va donner l’envie aux plus jeunes de s’inscrire au foot. C’est une très bonne chose pour nous, car le niveau va être augmenté. Cela va permettre à notre sport de se développer.
MO : Qu’as-tu pensé des performances des gardiennes de but lors de ce mondial ? Il y a eu des débats autour du poste de gardien de but dans le football féminin, penses-tu que ces critiques sont justifiées ?
MC : Sur cette compétition je pense qu’elles ont fait taire toutes les critiques puisqu’elles ont été vraiment été exceptionnelles tout au long de la compétition, en particulier sur les matchs de poule où elles se sont mises en valeur. Je pense que le poste évolue, il faut laisser du temps. Aujourd’hui il y a des moyens qui sont mis en place qu’on n’avait pas il y a quelques années. Ça va dans le bons sens désormais, il faut que ça continue.
MO : Lorsque tu évoques les moyens dont vous disposez désormais, quel sont ces moyens ?
MC : Tout simplement des entraîneurs spécifiques en jeunes, mais également en D2 ou D1. Encore aujourd’hui des clubs n’ont pas d’entraîneur spécifique sur les matchs ou sur les entraînements. Les entraîneurs ont tendance à se partager plusieurs équipes, ils ne sont pas à 100 % avec les équipes professionnelles de D1. Tout cela est en développement et ça contribuera à l’évolution de notre poste.
MO : Pendant ce mondial, est-ce qu’une gardienne t’a plus marquée que les autres ?
MC : Je pense pas que je dirai de nom car c’est l’ensemble qui m’a marqué, qui m’a fait plaisir. Sur certains matchs ça été des gardiennes qu’on n’avait jamais vu avant, elles ont montré de belles choses. Je retiendrai plus la généralité que des noms.
MO : Les U19 viennent d’être sacrées championne d’Europe. Tu as remporté ce titre en 2016. Quels en sont tes souvenirs ?
MC : Une aventure magnifique avec un groupe exceptionnel et un résultat magique à la fin. Pour nous cela a été une énorme aventure, je pense que ça va être pareille pour elles. Je leur souhaite de profiter et de vraiment savourer ce moment parce que c’est un instant magique. J’espère que cela ne sera pas le dernier mais on sait jamais, alors qu’elles savourent.
MO : La même année, tu es finaliste de la coupe du monde U20. Malgré la défaite en finale, tu remportes le Gant d’Or. Que retiens-tu de cette aventure ?
MC : C’était une aventure humaine exceptionnelle car on était à l’autre bout du monde (l’édition 2016 s’est déroulée en Papouasie-Nouvelle-Guinée, NDLR). C’était une atmosphère particulière. Sur le moment, après la défaite en finale, j’avais quelques regrets puis avec le recul, se dire qu’on a été élue meilleure gardienne ce n’est pas rien. Cette récompense m’a fait chaud au cœur mais c’est également une fierté d’avoir été reconnue.
MO : Que représente pour toi le maillot de l’équipe de France ?
MC : C’est une fierté de le porter, c’est un honneur. J’espère pouvoir le porter chez les A afin de profiter de chaque instant sous le maillot bleu, car c’est magnifique de l’avoir sur les épaules. J’espère qu’un jour mon tour viendra.
MO : Tu as 3 sélections en équipe de France B, à moyen ou court terme ambitionnes tu d’intégrer l’équipe de France A ?
MC : Je sais pas tout dépend de ma saison avec Dijon ainsi que de mes choix futurs. Bien sûr c’est un objectif, une ambition, maintenant ça ne va dépendre que de moi. Je vais tout faire pour y arriver et on verra comment cela va se passer.
MO : Un dernier mot pour les lecteurs de MO ?
MC : Il faut s’accrocher, croire en ses rêves. Personnellement, mon rêve était de porter le maillot bleu, aujourd’hui j’ai pu le réaliser plusieurs fois. À la base je n’étais pas partie pour faire ça, mais avec beaucoup de travail et d’abnégation on peut arriver à de grandes choses.
MO : On va conclure par la séance de pénos de MO….
MO : Ton idole de jeunesse ?
MC : Buffon.
MO : La meilleure gardienne ?
MC : C’est dur… Je dirais Hope Solo même si elle ne joue plus.
MO : Ton plus bel arrêt en match ?
MC : Lors de la finale de l’Euro 2016, j’arrête le penalty face à l’Espagne.
MO : Ton meilleur souvenir en tant que joueuse ?
MC : La finale de l’Euro 2016 face à l’Espagne.
MO : Le pire ?
MC : La relégation avec Saint- Étienne en D2.