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5 April 2019


Arrivé à Nice à l’été 2016, Walter Benitez est un des hommes forts du club azuréen. Considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs gardiens de Ligue 1, il nous livre en exclusivité son sentiment sur sa carrière, la saison de l’OGC Nice et la sélection argentine à laquelle il postule en vue de la prochaine coupe du monde. Entretien. 

Main Opposée : Bonjour Walter, tout a commencé en Argentine dans le club de Quilmes AC. Comment et pourquoi avoir choisi le poste de gardien ? 

Walter Benítez : J’ai commencé à jouer dans la ville où je suis né, dans le club du quartier. J’ai vu qu’il manquait un gardien, alors je suis allé dans les buts durant les matchs de foot à 7 que nous disputions. J’ai continué à jouer gardien, je me suis entraîné plus spécifiquement à ce poste et cela me plaisait énormément.

MO : Qu’est-ce qui te plaisait en particulier dans le poste de gardien ?

WB : J’aimais le fait d’être un peu différent des autres, pouvoir plonger, sortir, capter un ballon… j’adorais ça, et encore plus quand il pleuvait ! Quand tu es enfant, tu aimes faire ces choses-là et ça a été mon cas, alors je me suis entraîné chaque jour un peu plus. 

MO : Tu débutes avec l’équipe première le 15 avril 2014 à l’âge de 21 ans, sous les ordres de Ricardo Caruso Lombardi. Quel souvenir gardes-tu de ce match contre Vélez Sarsfield ?

WB : Émotionnellement, je ne l’oublierai jamais. Le club était dans un moment difficile, nous jouions pour ne pas descendre et c’était la première fois depuis de nombreuses années qu’un gardien formé au club allait avoir l’opportunité de débuter avec Quilmes. Je m’en souviens comme si c’était hier. Nous avons sauvé notre place en première division lors des dernières journées. C’était un moment difficile, car nous avions gagné mais nous devions attendre les résultats d’autres équipes. Au final, la joie a été double : celle d’avoir débuté et que le club se soit maintenu. 

Dans un contexte comme celui-ci, c’est un souvenir qui reste forcément gravé, mais aussi parce que c’est un moment que l’on attend depuis longtemps. Ce sont des années de travail quotidien pour pouvoir un jour jouer avec l’équipe première et profiter de ce moment. 

MO : Tu restes alors titulaire, Nice te repère dès janvier 2016 et tu rejoins l’hexagone durant l’été. Malheureusement, tu souffres d’une fracture de fatigue au tibia contractée quelques mois plus tôt et ne peux donc pas disputer la place de titulaire à Yoann Cardinale. C’est le monde qui s’écroule à ce moment-là, non ? 

WB : Si, au début ça a été dur. Arriver dans un nouveau club avec une blessure, dans un autre pays avec une langue et une culture différente, ça a été compliqué, mais comme je dis toujours, je me suis concentré sur le fait de bien récupérer de ma blessure et d’être le plus rapidement possible à disposition du coach parce que c’est ce que j’aime, ce que je suis venu chercher ici : pouvoir jouer, être avec l’équipe première. 

Walter Benítez pose avec le maillot de l’OGC Nice.
Walter Benítez pose avec le maillot de l’OGC Nice.

MO : Comment s’est passé ton adaptation dans ces conditions particulières ?

WB : Je crois qu’il était très important de garder la tête froide dans cette période, parce que, si on ajoute à tout ce que je t’expliquais sur mon arrivée avec ma femme, il y a eu l’attentat de Nice. 

Tout cela était très étrange. Nous ne savions pas quoi faire parce que, entre la blessure et l’attentat qui s’est déroulé proche de l’endroit où nous vivions, tu commences à te poser des questions, te demander quoi faire… Il y avait aussi des gens qui m’appelaient d’Argentine, des clubs qui me demandaient si je voulais revenir jouer là-bas, etc… Dans ces moments-là, on ne sait pas très bien quoi faire, alors nous en avons beaucoup parlé avec ma femme et nous sommes dit que nous étions venus ici avec un objectif clairement défini, comme le projet du club, et nous avons décidé de rester, de continuer à se battre jour après jour. Aujourd’hui je joue et je suis très content.  

MO : Quelles différences y a-t-il entre la France et l’Argentine dans les méthodes d’entraînement de gardiens ? 

WB : Pour ce qui est de la première division, il n’y a pas beaucoup de différences parce qu’aujourd’hui, grâce aux vidéos, les entraîneurs de gardiens en Argentine cherchent à s’adapter à ce qui se fait en Europe, car nous savons tous que l’Europe est un des endroits où le football est le plus reconnu au niveau mondial. 

Je pense qu’ici, on travaille plus sur l’amélioration de détails spécifiques. On travaille beaucoup la réactivité, la vitesse et l’explosivité, mais aussi le jeu au pied sur lequel on insiste plus ici. Je ne sais pas comment on travaille aujourd’hui en Argentine car cela fait trois ans que je suis ici, mais c’est un aspect du jeu que l’on travaille beaucoup, dans le sens où le gardien se doit d’être un joueur de plus,  de ne pas seulement jouer avec ses mains mais également avec ses pieds.  

MO : Comment se passent les entraînements avec Lionel Letizi ? 

WB : J’adore les entraînements de Lionel, j’y prends beaucoup de plaisir. J’aime beaucoup sa manière de travailler, les exercices qu’il met en place, il s’adapte très vite à ce qu’un gardien lui dit. Ce n’est pas quelqu’un qui a son programme et qui, si tu lui demandes quelque chose, répond “Non. On fait ça et c’est tout.”. C’est une personne très ouverte, qui t’écoute, qui te parle et te conseille. C’est super important pour un gardien.  

Lionel Letizi et Walter Benítez à l’entrainement - source : OGC Nice
Lionel Letizi et Walter Benítez à l’entrainement – source : OGC Nice

MO : On sent une réelle complicité entre vous… 

WB : Oui, c’est ça. On discute souvent : “Qu’en penses-tu si on fait ça ? Tu veux faire quelque chose en plus ? Aujourd’hui, j’ai pensé qu’on pourrait travailler comme ceci et demain comme cela.” Il y a des jours où on commence une heure avant pour faire un travail spécifique ou un travail de force. C’est un entraîneur de gardiens qui me plait énormément. Tu apprends toujours avec lui. Avec tous les matchs qu’il a joué, il a une grande expérience qu’il tente de te transmettre tous les jours. 

MO : Tu joues ton premier match sous le maillot niçois en Ligue Europa le 8 décembre face à Krasnodar. Quel est ton sentiment après cette rencontre ? 

WB : Ce fut un moment très agréable et très joyeux. Comme nous le disions, après la blessure, après autant de temps, jouer avec l’équipe première, avec le maillot de Nice, qui plus est en Europa League.. Jouer de tels matchs était aussi un objectif pour moi, comme tout joueur de football rêve de jouer une coupe d’Europe.  C’était un moment inoubliable dont je me souviens très bien, d’autant que nous avions gagné (2-1). 

MO : Tu avais notamment été l’auteur d’un arrêt décisif à 5 minutes de la fin pour conserver le score et permettre à Nice de l’emporter. Être ainsi décisif dès ton premier match a dû être important pour toi ?

WB : Exactement, car en tant que gardien, c’est l’objectif que nous avons toujours : pouvoir sauver l’équipe ou l’aider dans les moments les plus difficiles. C’est ce que j’ai fait et ce que je cherche à faire constamment. 

MO : Tu débutes la saison suivante (2017-2018) derrière Yoann mais il se blesse au mois d’octobre, l’occasion pour toi de prouver ta valeur, comme face à Toulouse et Nantes contre qui tu arrêtes 2 penalties. Quelle est ta technique dans cet exercice ? 

WB : Je ne peux pas te dire quelle est ma technique, sinon les attaquants vont l’étudier et la connaître [rires]. Il faut tenter de ne pas donner d’indication ou d’espace à l’attaquant. Nous savons tous qu’avec le public ou si le gardien bouge, le but se fait plus petit pour le tireur. J’essaie d’en sortir un maximum car c’est un moment important pour l’équipe, comme pour moi, parce qu’un penalty arrêté donne de la confiance et la sensation d’avoir plus de possibilités d’égaliser ou de gagner le match. 

Un exemple typique est le match contre Toulouse. Nous perdions 1-0, ils ont un penalty en deuxième mi-temps. Je l’arrête et nous gagnons finalement 2 buts à 1. Ce sont des moments très importants et décisifs pour la confiance lorsque tu dois renverser la situation. 

Face à Toulouse, Benítez repousse son 4e penalty de la saison et permet à Nice de renverser le score - source : OGC Nice
Face à Toulouse, Benítez repousse son 4e penalty de la saison et permet à Nice de renverser le score – source : OGC Nice

MO : Les penalties sont une situation que tu apprécies ? 

WB : Oui, j’aime beaucoup. On reste toujours à la fin de l’entraînement avec les gars pour en frapper. J’aime m’y entraîner, que ce soit avec le groupe, avec l’entraîneur des gardiens, qui que ce soit, j’adore ça. 

MO : Lucien Favre parti à Dortmund, c’est Patrick Vieira qui prend la tête de l’équipe cette saison et à son arrivée, celui-ci rebat les cartes et te préfère Yoann Cardinale en début de saison. Comment as-tu vécu cette situation après une saison convaincante l’an passé ?

WB : Ce fut un moment compliqué, car je travaille toujours pour jouer, pour être sur le terrain, pour pouvoir revêtir le maillot, mais ce sont des décisions que prend le coach à un moment donné. Ce fut difficile pour moi, je l’ai accepté, j’ai relevé la tête et j’ai continué d’avancer. Il ne faut pas y accorder trop d’importance ou penser au passé mais se tourner vers le futur, montrer que l’on est fort et à la disposition du coach. C’est ce que j’ai fait. J’ai travaillé jour après jour et mon tour est venu. 

MO : La situation de Quilmes à tes débuts, ta blessure, la concurrence… En quoi ces expériences t’ont-elle fait progresser dans l’approche mentale du poste ?

WB : Ce sont des choses qui te renforcent chaque fois un peu plus. Les obstacles te donnent de la force et de l’expérience. Tu sais qu’il y aura des difficultés, que si tu trébuches sur le chemin il faut se relever et continuer. Ce sont des choses que l’on vit dans une vie, que l’on doit affronter pour réussir ou faire une bonne carrière. Ce sont des choses qui m’ont énormément renforcé et je les prends comme un apprentissage pour continuer de progresser. 

MO : Patrick Vieira te donne ta chance lors de la 4e journée, à Lyon et tu la saisis immédiatement grâce à une superbe performance ponctuée par une victoire (0-1), un clean sheet et 9 arrêts. Tu avais « mangé du lion » ce jour-là ? Connais-tu cette expression française ? 

WB : [rires] Oui oui, je la connais ! Comme on le disait à l’instant, quand tu ne joues pas, tu travailles en pensant à l’avenir pour être prêt lorsqu’on fera appel à toi, parce que si tu prends les choses négativement, si tu ne retiens que le mauvais, si tu baisses la tête et ne travaille pas, les choses n’iront pas dans le sens que tu souhaites. 

Ce match contre Lyon, j’ai pensé à le jouer, à prendre du plaisir et démontrer que je me sentais bien, que je pouvais jouer, que rien ne m’y empêche et que l’on peut compter sur moi. Avant ce match, beaucoup de choses se sont passées et ont été dites, que si ceci ou cela, alors je me suis efforcé de prendre du plaisir, de démontrer que je me sentais bien, que je suis fort mentalement, et c’est ce qui s’est passé. 

Auteur de 9 arrêts, Benítez s’est montré impérial face aux lyonnais - source : RMC Sport
Auteur de 9 arrêts, Benítez s’est montré impérial face aux lyonnais – source : RMC Sport

MO : Sans doute l’une de tes meilleures prestations en Ligue 1. À contrario, quelle est selon toi ta plus grosse erreur depuis ton arrivée en France ?

WB : Ma première saison à Nice, lors d’un match de coupe. Je sors pour couper un ballon dans la profondeur, l’attaquant arrive juste avant moi, touche le ballon, je rentre dans un de mes coéquipiers, et l’attaquant marque. C’était le 2e ou 3e match que je jouais depuis ma blessure. 

Ce sont des choses qui arrivent, il faut le prendre comme de l’expérience en plus. Malheureusement, sur ce genre d’action, cela se joue à quelques millièmes de seconde et on sait bien que dans 99% des cas, cela peut faire but. 

MO : Nice connaît un passage compliqué en février – mars avec 4 défaites, 1 nul et seulement 2 victoires avant la trêve internationale. Penses-tu avoir une part de responsabilité dans cette baisse de régime de l’équipe ? 

WB : Non, je ne le crois pas. Nous sommes une équipe, nous sommes onze joueurs sur le terrain. Malheureusement, des joueurs sont partis au mercato d’hiver et cela nous a posé des difficultés au moment de convertir nos occasions et marquer des buts, mais je ne me pense pas seul responsable du fait que nous n’ayons pas obtenu plus de victoires comme nous le faisions avant.  

MO : Malgré cela, Nice peut encore jouer l’Europe. Quels sont les objectifs du club à l’orée du sprint final ? Et les tiens ?

WB : L’objectif du club et de l’équipe est de jouer l’Europa League la saison prochaine. Nous voulons finir dans les 5 premiers. Personnellement, je veux finir le championnat le plus haut possible avec le club, bien finir cette saison, gagner des matchs en aidant l’équipe au maximum. Je veux jouer une coupe d’Europe la saison prochaine, ce serait très bon pour moi, et pour le club également. 

MO : Vous allez jouer plusieurs adversaires direct dans la course à l’Europe d’ici la fin de saison…

WB : Sur les matchs qu’il nous reste, 6 ou 7 sont face à des équipes qui sont à égalité avec nous ou un peu au-dessus au classement. Ce seront des matchs importants et décisifs à l’heure de prendre des points et se qualifier pour une coupe d’Europe.

MO : Cette saison a tristement été marquée par la disparition d’Emiliano Sala, ton compatriote. Comment as-tu vécu l’annonce de son décès ? 

WB : Cela a été dur, très dur. L’espoir est la dernière chose que l’on perd, et jusqu’à ce que l’on sache ce qu’il s’était passé, jusqu’à ce qu’on sache si l’avion était tombé dans la Manche ou sur une des îles qu’il y a dans cette zone, nous avions toujours espoir de le retrouver vivant. Alors lorsque j’ai appris la nouvelle, lorsque j’ai appris qu’ils avaient identifié le corps d’Emiliano, ce fut un moment très difficile, d’autant qu’il est lui aussi argentin. C’est un garçon qui a beaucoup lutté, beaucoup travaillé pour en arriver là et réaliser son rêve. Cela a été un moment vraiment très difficile. 

MO : Il avait marqué face à toi à Nantes, lors de la 7e journée. Quels souvenirs gardes-tu de ce match et de ce but ?

WB : C’était un match en semaine, un mardi si je me souviens bien. Nous nous sommes retrouvés en face-à-face et Emiliano a croisé sa frappe au 2e poteau au moment où je suis sorti. Je touche le ballon du protège-tibia, mais pas assez pour la dévier suffisamment. Emiliano l’avait très bien placé et avait égalisé. 

Battu par Sala lors de la 7e journée, Benítez reste marqué par le décès de son compatriote - source : SportsCenter
Battu par Sala lors de la 7e journée, Benítez reste marqué par le décès de son compatriote – source : SportsCenter

MO : Quel souvenir gardes-tu de lui ? 

WB : Nous n’étions pas particulièrement  proches. Je l’ai connu sur le terrain lorsque nous jouions l’un face à l’autre, mais j’avais pu discuter un peu avec lui. C’était un garçon attachant, très travailleur, qui dédiait beaucoup de temps à ce qu’il faisait. Il était très humble et il était facile d’échanger avec lui. C’est le souvenir que je garde de lui. 

C’est un garçon qui vient comme moi d’un petit village du nord de l’Argentine à la poursuite d’un rêve, de ce qu’on souhaite le plus : jouer dans un grand club, réaliser nos rêves et en ce sens, c’est aussi pourquoi sa disparition impacte et touche autant. Même sans le connaître beaucoup, en pensant à toutes ces choses, ce qui lui est arrivé est terriblement douloureux. 

MO : Quel message souhaites-tu adresser au FCNA et à la famille de Sala ?

WB : Mon soutien et ma force. C’est un moment terriblement difficile pour la famille, mais aussi les amis, le club et les gens qui le connaissaient. Nous sommes tous avec eux. J’espère que justice pourra être faite, car on ne sait pas encore vraiment comment tout cela est arrivé, et que la famille pourra obtenir des réponses sur les circonstances de l’accident. Mais plus que tout, je leur souhaite force et courage dans ce moment très difficile. Nous sommes avec eux !

MO : Revenons au terrain. Es-tu plutôt Boca Juniors ou River Plate ? 

WB : Aucun des deux. Quand je suis passé par Quilmes, je me suis énormément attaché au club et j’en suis resté supporter. J’y suis resté de nombreuses années, je connais beaucoup de gens là-bas et c’est le club que je soutiens à présent. 

MO : Comment as-tu suivi la dernière la finale de la Copa Libertadores entre Boca et River (victoire de River Plate après prolongation) ? 

WB : Je l’ai suivi à la télévision. Cela a été un peu dur de voir une finale de Copa Libertadores se jouer en Europe. Le football se vit d’une manière différente en Argentine et la passion peut parfois être un peu “agressive” malheureusement, c’est peut être aussi pour cela que le match s’est joué à Madrid. Je l’ai regardé comme tout autre amoureux du football et je pense que le vainqueur a été celui qui a été le meilleur ce jour-là. 

MO : Ta régularité dans les performances fait grand bruit et on parle beaucoup de toi pour garder les buts de l’Albiceleste. Que crois-tu qu’il te manque pour être appelé par Lionel Scaloni ? 

WB : Je ne pense pas qu’il me manque grand chose. Ce sont des choix, des décisions du sélectionneur actuel. Dernièrement, il a décidé d’appeler des gardiens de River, Boca et d’autres gardiens qui jouent je crois au Mexique et en Italie. C’est la décision qu’il a prise à l’instant T et je l’accepte, tout simplement. Aller en sélection est pour moi un objectif, mais bon, je travaille jour après jour pour pouvoir y être.  

MO : As-tu des échanges avec Lionel Scaloni ? Sais-tu s’il te suit du côté de Nice ? 

WB : Non non, je n’ai pas parlé avec lui personnellement, mais j’ai vu dans une interview qu’il me suivait, qu’il regardait nos matchs. C’est une étape très importante. 

MO : Tu as déjà eu un premier aperçu de l’Albiceleste lorsque tu défendais les buts de la sélection U20 avec laquelle tu étais même appelé pour disputer les Jeux Olympiques de Rio…

WB : Exactement, c’était avant même que je débute en première division. Mettre le maillot, écouter l’hymne national, représenter son pays… c’est quelque chose d’extraordinaire. Les JO, j’étais dans la liste pour aller à Rio, tout était prêt mais je me suis blessé au tibia et j’ai dû déclarer forfait, malheureusement. 

Benítez a gardé les buts de la sélection argentine en U20 - source : Nice-matin.com
Benítez a gardé les buts de la sélection argentine en U20 – source : Nice-matin.com

MO : Comment as-tu vécu l’élimination de la sélection argentine et les erreurs de Willy Caballero lors du dernier mondial ? 

WB : Comme pour tous les argentins, ce fut difficile parce que nous espérions voir le pays en finale, qu’il puisse gagner le mondial. Après quatre ans d’attente, de stress et d’angoisses, on le vit comme si on était sur le terrain, alors ce fut difficile d’être ainsi éliminé. Le fait de savoir que l’on a été éliminé par le futur champion du monde a un peu calmé la douleur, mais ce fut difficile de voir la sélection comme ça. 

Willy a connu un moment difficile. Il a choisi d’intervenir de la sorte à l’instant T, il a pris une mauvaise décision et encaisser un but. Comme tu le sais, dans 99% des cas, une mauvaise décision du gardien entraîne un but. Ça a été le cas pour lui ce jour-là et en plus, l’équipe perd 3-0 si je me souviens bien. Tout ce qui s’était passé avant s’est additionné contre lui, ils ont dû le remplacer et mettre un autre gardien. 

MO : Romero a longtemps conservé sa place de titulaire en sélection malgré le fait qu’il ne soit pas titulaire en club. Être dans le rythme et avoir du temps de jeu est essentiel pour un gardien. Cela n’aurait-il pas pu remettre en cause la place de numéro 1 ? 

WB : Le sélectionneur actuel a changé beaucoup de choses par rapport à ce qui se passait avant en sélection. Il a dit qu’il accorderait plus d’importance, qu’il allait plus se focaliser sur des joueurs qui jouent dans leurs clubs, des joueurs qui sont dans le rythme et ont le plus de temps de jeu. Un joueur va en sélection lorsqu’il joue et fait bien les choses avec son club. 

Compte tenu de cela, pour revenir à Romero, je pense que cela a joué en sa défaveur de ne pas pouvoir jouer dans son club, de ne pas pouvoir avoir de temps de jeu. Je pense que cela a influencé la décision du sélectionneur à l’heure de prendre un autre gardien. Ce n’est pas pour autant une mauvaise chose d’appeler un autre joueur s’il ne joue pas dans son club, car les autres joueurs travaillent aussi, ils font la même chose que lui, et s’ils sont dans une bonne période, le sélectionneur est dans son droit d’appeler d’autres joueurs et de tester des alternatives.  

MO : Jouer le mondial 2022 est un objectif pour toi ?

WB : Oui, c’est un objectif personnel. C’est un mondial qui, même si le dernier était l’été passé, arrive très rapidement si on y pense. Être au prochain mondial est un objectif que je me donne, alors je vais travailler un maximum pour pouvoir être avec la sélection. 

MO : Un dernier mot pour les lecteurs de MO ? 

WB : Aimez ce que vous faites, être gardien de but.  Soyez forts dans vos têtes et travaillez jour après jour pour grandir, pour ne pas vous laisser abattre dans les moments difficiles. Nous, gardiens de but, sommes différents des autres joueurs, c’est ce que l’on aime et c’est ce qui nous plaît. 

Les Pénos de MO

MO : Ton plus bel arrêt ?

WB : Contre Monaco sur une frappe de Falcao. Je la touche, elle va sur le poteau et elle sort. Un bel arrêt ! 

MO : Ton meilleur souvenir sur un terrain ?

WB : Mon premier match en 1ère division avec Quilmes. 

MO : Ton pire souvenir sur un terrain ?

WB : Ma fracture au tibia, lorsque j’ai dû quitter le terrain. 

MO : Ton gardien préféré ?

WB : Manuel Neuer. Manu comme j’aime l’appeler. 

MO : Ton plat français préféré ?

WB : La daube niçoise. Il faut que tu viennes à Nice la goûter, c’est délicieux !

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photo de couverture : OptaJean (Twitter)

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