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31 December 2019


Main Opposée vous propose de revenir sur la carrière de légendes et artistes du poste de gardien. Aujourd’hui, l’emblématique Christophe Revault.

Christophe Revault est un gardien à part. Tout le monde se souvient de cet homme de caractère bourré d’autorité qui ne savait contenir ses moments de joies, de colères, mais aussi sa rage de vaincre lorsqu’il sauvait son équipe de la défaite. Son brassard de capitaine en portait d’ailleurs la signature, il aura laissé une trace indélébile dans le club toulousain où il a su s’imposer comme un véritable meneur d’hommes. Avec plus de 400 matchs disputés en professionnel, le parisien de naissance a tout connu ou presque, du National jusqu’en Ligue 1…

POUR COMMENCER
(1972-1989)

Né le 22 mars 1972 à Paris, Chistophe Revault devient licencié dès l’âge de 5 ans dans le club de Sevran. Déjà attiré par la poste de gardien, Revault rêve d’enfiler les gants tout comme son papa, lui aussi gardien de but. À 12 ans, il décide de s’engager avec Noisy-le-Sec où il évoluera pendant 2 ans. Les parents de Christophe décide alors d’envoyer le CV de leur fils à différents clubs dont notamment Lens ou bien Le Havre. Rien de concret malheureusement, il décide donc de s’engager avec Alfortville qui évolue dans la même poule que… Le Havre ! Lorsque les deux équipes s’affrontent, Christophe réalise un match de haute volée, les dirigeants normands deviennent désireux d’engager le natif parisien. Il y signera un contrat d’apprenti d’une durée de 2 ans suivi d’un contrat de stagiaire d’une durée de 3 ans.

LES DÉBUTS AU HAC
(1989-1997)

Âgé de 17 ans, Christophe Revault effectue des débuts pour le moins discrets. Il accède au groupe professionnel du Havre durant la saison 1989/90, une prouesse pour cet adolescent qui parvient pas à pas à s’imposer dans le club normand. En manque d’expérience, il ne disputera que 4 matchs de D2 lors de ses deux premières années avec l’équipe première mais son talent est déjà perceptible, les dirigeants havrais le savent. C’est d’ailleurs la consécration pour le club normand qui remonte en D1 après plusieurs années de purgatoire.

Hélas, il n’est pas encore l’heure pour Revault d’endosser le costume de titulaire. Il disputera tout de même son premier match de D1 lors de la saison 1992/93 face au Paris SG, à l’âge de 20 ans. Son baptême du feu se soldera par une courte défaite (1-0) mais il réalise un festival d’arrêts et se montre impeccable dans les buts, rassurant en prévision de l’avenir. Cela ne suffira pas pour basculer la hiérarchie, il patientera dans l’ombre deux saisons supplémentaires, barré par Fabien Piveteau.

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Premier au second rang, Christophe Revault s’avère être l’un des talents de demain (saison 1996-1997).
(source : Paris-et-gagne.com)

Après trois saisons disputées dans l’élite, le staff havrais décide d’accorder sa confiance au jeune portier parisien. Désireux de faire ses preuves au sein du club et Piveteau étant transféré à l’AS Monaco, l’opportunité est trop belle pour la gâcher cette occasion de briller enfin. Revault (22 ans) dispute l’intégralité du championnat pour sa première saison en D1 et va littéralement réaliser des exploits dans les buts, devenant indispensable à l’effectif du HAC. À tel point qu’il recevra en fin de saison l’étoile d’or France Football des gardiens de D1, distinction qu’il recevra durant 3 années consécutives pour sa régularité et ses performances malgré les classements moyens du Havre (14ème, 13ème, 14ème).

Il n’y a plus aucun doute, Christophe Revault vient de disputer 3 saisons pleines, il devient l’un des futurs espoirs du football français, son style plaît et séduit le grand public. Ses envolées félines ainsi que sa détermination sur chaque ballon sont très appréciées.

À l’été 1997, Revault est ciblé par plusieurs clubs français mais son choix se portera sur le Paris SG qui souhaite assurer la lourde succession de Bernard Lama…

LA MÉSAVENTURE PARISIENNE
(1997-1998)

C’est à l’âge de 25 ans que Christophe Revault débarque au Paris Saint-Germain. Il arrive dans un vestiaire composé de joueurs phares dont notamment Raí, Marco Simone et Alain Roche. C’est un changement de dimension certain pour l’ancien portier havrais qui va désormais disputer la C1. La tâche est rude et succéder à une icone telle que Bernard Lama implique une pression supplémentaire, de plus que l’international français (en froid avec ses dirigeants) fait toujours partie de l’effectif parisien. Le bon début de saison du PSG permet à Christophe Revault de masquer quelques insuffisances et la comparaison avec son prédécesseur ne rassure pour le moment personne.

Histoiredupsg.fr
Malgré ses efforts, Revault ne parviendra jamais à s’imposer au Paris SG (source : Histoiredupsg.fr).

Tout va basculer pour lui le 22 octobre 1997. Le PSG s’apprête à affronter le Bayern Munich en Ligue des Champions, une belle soirée de football en perspective. Pourtant, rien ne se passe comme prévu pour le dernier rempart français.

La soirée va rapidement tourner en faveur du Bayern avec un premier but inscrit dès les premières minutes de la rencontre. Le pire va survenir d’une passe en retrait d’un joueur parisien pour Revault, qui en manquant son contrôle, permettra à l’attaquant munichois Élber de lui chiper le ballon dans les pieds pour inscrire le second but de la partie. C’est un véritable coup de massue pour le numéro 1 du PSG qui va voir sa confiance dégringoler. Quelques minutes plus tard, Revault s’empare du ballon et se prépare à le relancer de la main pour un de ses défenseurs, mais le cauchemar continue. Le ballon atterrit dans les pieds des attaquants munichois qui en 2 passes vont crucifier le néo-parisien…

En manque de confiance suite à ses mésaventures en coupe d’Europe, il devient rapidement la cible des critiques des médias et supporters du PSG. Christophe Revault est revenu sur cette soirée traumatisante : “J’ai fait les choses bien, j’ai attendu un mercredi soir de Ligue des Champions, télévisé, alors c’était parfait. J’en ai pris 5 ce soir-là, c’était un jour sans […] On a plus envie que le ballon vienne vers le but. On se dit que l’on bosse depuis toujours pour en arriver là, jouer à Munich c’était un rêve de gosse. Les gars me tapaient dans le dos, c’était sympa mais plus on te tape dans le dos, plus tu comprends le poids de tes erreurs”.

Irrégulier, il aura disputé au terme du championnat 28 matchs avec le Paris SG. À bout mentalement, il cédera en cours de saison sa place à Vincent Fernandez, sa doublure. Il assistera notamment aux deux succès de son équipe en finale de la Coupe de France et de la Ligue depuis le banc de touche. Le championnat étant devenu sans enjeu, il retrouvera sa place de titulaire en fin de saison.

Pressenti en début de saison pour intégrer la liste des joueurs français sélectionné pour le mondial 98, l’échec est cuisant. Christophe Revault ne parviendra jamais à s’imposer dans cet effectif de stars où il s’est probablement senti en manque d’expérience comme le témoigne ces mots recueillis par Canal+ pour le reportage ‘En Cage’ : “J’avais pleins de joueurs d’expérience devant moi qui avaient tout gagné. J’avais 25 ans, j’allais presque les vouvoyer, je me souviens d’Alain Roche qui me disait ‘On a besoin que tu nous parles, que l’on te sente présent derrière nous’. Ce n’est pas que je voulais pas mais j’avais trop de respect“.

Son histoire avec le Paris Saint-Germain n’aura duré qu’un an, Revault sera transféré à l’été 98 au Stade Rennais. L’occasion pour lui de prouver qu’il mérite sa place dans l’élite…

LE REBOND RENNAIS
(1998-2000)

Christophe Revaut l’a compris, il n’est pas de taille pour endosser autant de pression dans un club de haut standing tel que le PSG, il l’admettra quelques années plus tard :”Je me suis aperçu que je n’étais peut-être pas taillé pour un grand club…“.

Désormais au Stade Rennais tout juste racheté par la famille Pinault, l’ancien parisien va profiter des ses deux saisons passées en Bretagne pour retrouver un niveau de jeu correct et regagner sa confiance qui fut tant ébranlée quelques mois plus tôt. Lors de saison première saison chez les bretons, il retrouve une place de titulaire au détriment du chouchou local, Tony Heurtebis. Revault se montre de nouveau régulier, performant et décisif, un véritable bol d’air.

Malheureusement, le 25 avril 1999 à Lyon, il est victime d’une rupture des ligaments croisés qui l’éloigne des terrains jusqu’au 17 novembre de la même année. Très attendu pour son retour à la compétition, Revault peine à retrouver son véritable niveau et à rééditer ses performances passées. Le dernier rempart rennais va tout de même conserver sa place de titulaire jusqu’à la fin de la saison, mais le club lui signifie dès le championnat terminé qu’il ne compte plus sur lui.

Lors du mercato estival, c’est une ancienne connaissance de Revault qui débarque dans le club breton… Bernard Lama. Désireux de s’imposer en tant que numéro 1, il s’engage dans le même temps avec Toulouse (tout juste promu), équipe dans laquelle il deviendra une légende du club…

L’ASCENSION TOULOUSAINE
(2000-2006)

Alors âgé de 28 ans, Revault débarque dans la ville rose avec la ferme attention de devenir un titulaire affirmé. Sa première saison sous le maillot du TFC est cauchemardesque, le club termine à la 18ème place du championnat et se voit rétrogradé en National en raison d’un déficit budgétaire important. C’est un coup de tonnerre inattendu dans la carrière du natif parisien qui va pourtant jurer fidélité à son nouveau club. Il va d’ailleurs s’emparer du brassard de capitaine et réaliser de véritables prouesses dans les buts. Le néo-toulousain va disputer l’intégralité de la saison passée en National et va rapidement s’imposer comme un véritable leader pour mener son équipe jusqu’à la deuxième division.

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Fidèle à son image, Revault savoure la victoire avec ses supporters. (source : Ladepeche.fr)

La saison 2002-2003 est celle du renouveau pour Toulouse. Le club est champion de France de L2 et Christophe Revault est élu meilleur gardien de la division lors des Trophées UNFP, cette récompense témoigne de la détermination du capitaine du TFC et de son importance de la remontée dans l’élite du football français.

De retour en Ligue 1, Christophe Revault se montre de nouveau sous son meilleur jour, il redevient l’un des tops gardiens du championnat de France. Performant et régulier, le capitaine toulousain va disputer deux saisons pleines et devenir l’une des icônes du club, son charisme et sa ‘grande gueule’ lui valent le respect de ses coéquipiers et des supporters. Pour illustrer nos propos, voici un petit florilège des performances de Revault…

Désormais âgé de 32 ans, Revault dispute la quasi-totalité (25 matchs) de la saison 2005-2006. En effet, le genou du dernier rempart toulousain va céder lors d’une rencontre face au FC Nantes (février 2006). Le bilan est sans appel, rupture des ligaments croisés. L’intérim va être assuré par Nicolas Douchez (25 ans) pour le reste du championnat, ce jeune gardien va se montrer impressionnant de talent dans les buts malgré la mauvaise passe du club qui terminera la saison à la 16ème place.

À l’intersaison 2006, Elie Baup devient l’entraineur du Toulouse FC. L’homme à la casquette décide d’accorder sa confiance à la jeunesse, Nicolas Douchez bouscule la hiérarchie et Revault s’engage dans la foulée avec le Stade Rennais en tant que doublure de Simon Pouplin.

Peu importe, Revault s’en va en héros. Il aura marqué l’histoire du club en lui restant fidèle malgré la rétrogradation en National avec un rôle majeur dans la remontée du club en Ligue 1. Il aura disputé plus de 200 matchs avec le TFC, son énergie débordante et son sens du spectacle ont fait de lui l’un des ‘chouchou’ du Stadium.

LE CALME BRETON 
(2006-2007)

Recruter dans la volonté d’épauler Simon Pouplin, Christophe Revault est à un tournant de sa carrière. Âgé de 34 ans, il décide de respecter ses engagements avec le Stade Rennais où il ne disputera pas la moindre minute en championnat et assume pleinement son rôle de doublure, mais la soif de compétition va rapidement reprendre le dessus.

Son retour sur les terres bretonnes n’aura duré qu’un an, son goût du challenge va le conduire là où tout a commencé pour lui…

LA FIN DE CARRIERE HAVRAISE
(2007-2010)

De retour dans son club formateur, Christophe Revault souhaite voir Le Havre retrouver l’élite. C’est d’ailleurs le projet du club, et l’ancien capitaine toulousain est séduit par ce nouveau challenge qui s’offre à lui. Comme à ses 20 ans, le portier havrais va de nouveau défrayer la chronique en se montrant décisif tout au long de la saison et va pour la troisième fois de sa carrière connaître la montée en Ligue 1.

Récompensé en fin de saison lors des trophées UNFP en étant élu meilleur gardien de Ligue 2, le dernier rempart du HAC impressionne pour un gardien de 35 ans qui à tout de même été victime de deux ruptures des ligaments croisés.

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Revault, bondissant comme à son habitude. (source : HAC)

Malheureusement, la saison du HAC en Ligue 1 est un véritable calvaire, le club termine à la dernière place du classement du championnat. Christophe Revault voit son statut fragilisé par la nouvelle descente du club en Ligue 2 et se voit remplacé par un Johnny Placide en plein essor.

Le capitaine havrais raccrochera les gants en mai 2010 à l’âge de 38 ans au terme d’une carrière qui aura duré 20 ans.

De la C1 jusqu’en National, Revault aura tout connu : montées, descentes, blessures, pression médiatique. Fragilisé mentalement à plusieurs reprises, il a toujours su rebondir et prouver que sa Mésaventure Parisienne n’était qu’un mauvais souvenir d’une carrière riche en rebondissements.

france 3 régions
Décisif jusqu’à ses derniers matchs. (source : France 3 régions)

L’APRÈS-CARRIÈRE
(de 2010 à aujourd’hui)

Rapidement reconverti en tant que superviseur au sein du club normand, Chistophe Revault va également reprendre ses études dans le secteur de l’organisation et de la gestion sportive alternant FAC et service administratif du HAC. Il va notamment travailler en parallèle sur la chaîne C8 en qualité de consultant et trouver au fil des mois un rôle de conseiller auprès du président, l’ancien capitaine du club ne tient pas en place.

En novembre 2012, suite à une série de mauvais résultats accumulés par le HAC et une décevante 16ème place au classement, le président Louvel décide de remplacer l’entraîneur de l’époque (Cédric Daury) par Christophe Revault afin de donner un nouvel élan au groupe. Nommé pour 7 matchs, le bilan de l’ancien portier toulousain sera de 6 victoires pour une petite défaite. Il décidera néanmoins de démissionner de son poste d’entraîneur pour revenir à ses anciennes occupations.

De nouveau nommé entraîneur par intérim en septembre 2015, Christophe Revault succède cette fois à Thierry Goudet. Là aussi, Revault va réaliser un intérim plus que correct avec 5 victoires et 1 match nul. Toujours pas emballé à l’idée de poursuivre en tant qu’entraîneur principal, il laisse sa place à Bob Bradley sera nommé à la tête de l’équipe havraise.

Aujourd’hui, Revault siège toujours dans les bureaux du HAC en tant que directeur sportif.

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Toujours apprécié du public, Christophe Revault est respecté de tous(source : France Bleu)

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“Pourquoi le gardien n’aurait pas le droit de lever le poing lorsqu’il fait un arrêt décisif ? Moi j’en ai besoin, ça bouillonne intérieurement et ça sort”
-Christophe Revault-


À PART ÇA
– La raison de son crâne rasé ? Un défi lancé par ses amis lors de la finale du mondial 98.

– Lorsque il évoluait au TFC (2001), une partie de sa maison a été détruite suite à l’explosion de l’usine AZF (31 morts et environ 3 000 blessés).

– Le fils de Christophe Revault est également gardien de but.


Palmarès
– Vainqueur de la Coupe de France et de la Coupe de la Ligue avec le Paris SG (1998)
– Champion de France de L2 avec Toulouse (2003)
– Champion de France de L2 avec Le Havre (2008)

Distinctions personnelles
– Étoile d’Or France Football en 1995, 1996 et 1997
– Élu meilleur gardien de L2 aux Trophée UNFP en 2003 avec le TFC et en 2008 avec Le Havre


Photo de couverture : Ladepeche.fr

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