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25 March 2017


19 novembre 1995. Nevio Sala, coach de Parme, lance dans le grand bain son 3e gardien face au Milan AC de George Weah, Roberto Baggio et Marco Simone. Auteur d’une prestation exceptionnelle récompensée d’un clean-sheet et saluée après-match par Fabio Capello, le néo-professionnel est reconduit jusqu’au retour de Luca Bucci, titulaire habituel mais blessé pour 8 semaines. Le nouvel espoir du stade Ennio Tardini passe alors numéro 2 en fin de saison avant que Carlo Ancelotti, arrivé sur le banc parmesan durant l’été ne l’investisse titulaire, dès la 9e journée. Ce gamin de 17 ans à la gueule d’ange et aux gants Reusch, devenu gardien 5 ans plus tôt après avoir vu Thomas Nkono emmener les Lions Indomptables jusqu’en huitième de finale de la Coupe du Monde 1990 en Italie, c’est Gianluigi Buffon, le 8e gardien de but à atteindre la barre symbolique des 1000 matchs. Où puise-t-il l’énergie et l’envie de continuer? Manquerait-il quelque chose à son immense carrière?

En l’espace de 64 jours sur le terrain – du 1er juillet au 2 septembre pour simplifier – 22 ans ont passé de Parme à Turin et celui qui avait débuté le football au poste de libero a tout gagné, ou presque. Une Coupe du Monde, une coupe de l’UEFA, 7 titres de champion d’Italie, un titre de Série B, 2 coupes d’Italie, 5 Supercoupes d’Italie, 11 fois meilleur gardien de Série A, 4 fois meilleur gardien européen, 4 fois meilleur gardien du monde… la liste des récompenses et trophées de celui qu’on surnomme Superman est longue comme la botte de l’Italie.

Malgré 425 clean-sheets, 168 sélections, 39 706 minutes sous le maillot de la Vieille-Dame – un peu moins de 28 jours – , l’homme aux 5 coupes du monde et 4 championnats d’Europe au compteur est toujours là, assoiffé de victoires et d’exploits, comme en atteste son record d’invincibilité de 973 minutes établi en début d’année 2016 à 38 ans (trente-huit ans !!), rayant ainsi des tablettes le milanais Sebastiano Rossi et son record vieux de 12 ans.

Insatiable Buffon, heureux comme un enfant, à 39 ans - Photo : Getty
Insatiable Buffon, heureux comme un enfant, à 38 ans – Photo : Getty

Sur le rectangle vert, Gigi Buffon a tout vu, tout vécu, tout connu. À un poste trop peu mis en valeur dans un sport où l’on préfère souvent celui qui marque les buts à celui qui les annihile et aux rivalités aiguisées, il a su fédérer et gagner le respect de tous, privilège Hall of fame réservé aux plus grands et fruit d’une exemplarité rare comme lorsque Buffon, capitaine de toute l’Italie, renversa les sifflets de quelques bouffons pendant La Marseillaise en applaudissant bras levés l’hymne national français. Que dire de sa relation si particulière avec les tifosi de la Lazio qui le considèrent comme l’un des leurs ? Un respect mutuel digne d’un film de science-fiction quand on connaît la réputation des Ultras du club de la capitale et l’amour porté à la Juventus à travers l’Italie. Mais au Stade olympique de Rome comme à Turin, Gigi joue chez lui.

Resté au club pour reconstruire l’équipe depuis la Série B, il trouve encore à 39 ans l’énergie pour se dépasser. Par amour du jeu, bien sûr, mais aussi parce qu’un trophée lui résiste encore avec sa Juve : La Ligue des Champions. Il l’a caressée du regard par deux fois, sans pouvoir l’embrasser et s’est promis de la remporter avant la fin de sa carrière et d’effacer le douloureux souvenir de cette finale perdue en 2003 face au Milan AC au terme d’une séance de tirs au but au scénario Hitchcockien.

Buffon vient de perdre sa 1ère finale de Ligue des Champions - Photo : Goal.com
28 mai 2003, Buffon vient de perdre sa 1ère finale de Ligue des Champions – Photo : Goal.com

Auteur d’un arrêt réflexe main gauche de toute beauté qui restera dans sa légende – une tête d’Inzaghi à bout portant à la base de son poteau dans le temps réglementaire -, Buffon doit faire face dès l’entame de la séance fatidique à l’échec de Trezeguet sur le 1er tir bianconero. S’il ne peut rien sur la frappe de Seginho, Buffon s’impose face à Seedorf et maintient la Juve à hauteur du Milan. Aussitôt, Zalayeta voit sa tentative repoussée par Dida, mais Buffon sort tel un diable de sa boîte et maintient les compteurs à 1-1 après trois tentatives pour la deuxième fois de la soirée en neutralisant la frappe de Kaladze.

Montero s’élance alors face à Dida qui repousse à son tour un 2e tir au but de suite, son 3e dans la série. Buffon tentera bien l’impossible sur les frappes de Nesta et Shevchenko mais rien n’y fait. Le Milan AC de Carlo Ancelotti remporte la Coupe aux grandes oreilles au nez et à la barbe du gardien transalpin. Cruelle désillusion pour Buffon qui quitte la pelouse et rentre directement au vestiaire, avant même la cérémonie de remise du trophée.

Douze ans après le cauchemar du Théâtre des rêves, Buffon et la Juve sont à nouveau battus en finale, à Berlin cette fois. Face au FC Barcelone, il aura encore tout tenté, s’illustrant une fois de plus d’un réflexe à contre pied dont il a le secret face à Dani Alves. Les catalans s’imposent 3 buts à 1 et Buffon voit une nouvelle fois le précieux trophée lui échapper. Deux échecs en autant de tentatives, Gigi pourrait se croire maudit. Certains diront que la Champions League est devenue sa kryptonite mais déterminé et tourné vers l’avenir, Superman sait qu’il pourra s’appuyer sur ses coéquipiers et le Pacte Juve pour l’accompagner dans sa quête jusqu’à Cardiff, le 2 juin, vers un nouveau Millenium.

Photo de couverture : Reuters

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