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5 October 2018


Chez Main Opposée, nous partons à la recherche du Saint-Graal. Celui qui transcende l’homme, qui abasourdit le spectateur et fait frissonner le portier. Vous l’aurez compris, nous cherchons l’arrêt parfait. Une quête présomptueuse, mais une quête que nous poursuivrons sans relâche, car elle mène à notre paradis. Si l’homme cherche un sens à son existence, nous chercherons ici plus encore. Nous cherchons le surhumain, le divin, celui qui nous fera même croire aux beautés de l’enfer et aux horreurs du paradis. Une quête impossible sûrement, mais nous, portiers, domptons l’impossible. Et qui d’autre qu’un portier pour incarner la perfection que nous cherchons tous à atteindre ?

De la perfection de la gloire

Il se tient là, exténué, gisant sur le sol comme abattu. Il vient de donner sa vie pour sa patrie. “Comment un tel sacrifice est-il possible ?“, se demandent des millions de spectateurs ébahis ayant vu la scène. Parallèlement, dans la tête du martyre, une seule question l’obnubilait : “Comment ne pas accomplir un tel sacrifice ?“. La réalité du portier est souvent fantasmagorique, bien trop exiguë pour que la raison humaine puisse s’y faufiler aisément. Incompris, le portier vit sa vie et sévit sans qu’on le saisisse. Une épopée solitaire acceptée dès le plus jeune âge. Néanmoins, l’abysse impitoyable qui sépare le portier du reste du monde s’estompe parfois. Il en résulte alors un moment d’apothéose pur, où la présence fantomatique du portier devient une omniprésente évidence. Alors, le spectral héros en ressort resplendissant, comme si toute cette gloire venait de briser le voile qui le rendait invisible.

L’apparition de ce soir se nomme Jan Oblak. Fantôme slovène en pleine ascension, le gardien de l’Atleti surgit comme une épouvante ce soir là, terrifiant toute l’attaque du Bayer Leverkusen. Sur une perte de balle de son défenseur central, le portier voit les attaquants du club allemand se ruer sur lui. Dix secondes plus tard, Oblak est écroulé, comme roué de coups à la suite d’une bataille surnaturelle. À la vue de la chimère qui se présentait à eux, les joueurs allemands sont terrifiés, comme zombifiés par cette vision tout droit sortie de “La maison des morts”. Alors, comme tout être humain raisonnable, ils paniquent. Un premier affront que l’affreux Oblak repousse du buste. Le ballon revient sur un second joueur qui s’empresse de fusiller le funeste portier, mais rien n’y fait, tant le portier semble prêt à y laisser sa vie. Mais le sort s’acharne, et le ballon revient. Là, un crochet qui fait trésailler le portier mort-vivant, et s’en suit une dernière tentative que les tentacules de Jan repoussent encore. Un autre joueur arrive mais rien n’y fait, ce soir, Oblak donnera sa vie pour que son équipe puisse vivre son aventure européenne, éclairée par les ténèbres divines du spectre Oblakien.

Le triple arrêt d’Oblak illustre un véritable complexe que, nous, portiers, nourissons : celui d’être à jamais dans l’ombre. Il est si rare de voir le gardien mis en avant que c’est exactement pour ce genre de situations que nous vivons. La gloire issue d’une telle prouesse reste sans aucun doute le plus bel aspect de notre poste. Tel l’oiseau en plein désert, la gloire est l’oasis du portier. Il nous permet dans cet océan de sécheresse de nous ressourcer afin de mieux continuer notre exode.  Charles de Gaulle disait : “Soyons fermes, purs et fidèles ; au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n’ont pas cédé.”. Au bout de ses peines, Oblak trouve la gloire et retourne à son repos éternel. Mais nos esprits retiendront la vision de cet esprit acharné, décidé à se sacrifier pour son équipe.  La beauté du sacrifice ultime au service de la perfection de l’arrêt.

Crédit photo : Tuxboard.com

 

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