Andoni Zubizarreta : histoire du portier devenu directeur

Avant d’être le directeur sportif de l’Olympique de Marseille, Andoni Zubizarreta a été celui de l’Athletic Bilbao, pendant trois ans, et celui du FC Barcelone pendant cinq. Avant tout ça, Zubi a été gardien de but. Pas dans n’importe quels clubs et pas n’importe comment… Sauf une fois, face au Nigéria. Portrait.

En quelques chiffres, Andoni c’est 950 matchs joués dans sa carrière. Parmi eux, 622 de Liga. Record en cours. Il a aussi gardé les buts de la Roja à 126 reprises, ce qui fait de lui le quatrième joueur le plus capé de la sélection espagnole derrière San Iker, Sergio Ramos et Xavi. Durant ses années en sélection, Andoni Zubizarreta, comme Hierro, Iker Casillas et Xavi, a participé à quatre phases finales de Coupe du monde. Sa dernière n’aura pas été sa meilleure, puisque la Roja ne passe pas les poules en 1998.

Il débute en championnat espagnol sous les couleurs de l’Athletic Bilbao, équipe pour laquelle il a joué de 1981 à 1986, disputant près de 250 matchs pour les basques. Avec l’Athletic, il remporte deux championnats consécutifs, en 1983 et 1984. L’année 1984 est historique pour le club puisque en plus du titre de champion, Bilbao rafle aussi la Coupe et la Supercoupe d’Espagne. À la fin de son aventure chez Los Leones, il est considéré comme le meilleur gardien d’Espagne.

Après avoir brillé pendant la coupe du monde 1986 au Mexique, il rejoint le FC Barcelone. La Roja sera éliminée aux tirs au but, en quart de finale, par la géniale Belgique d’Enzo Scifo. Arrivé à Barcelone, Andoni va ajouter de nombreuses lignes à son palmarès. En 1987, il remporte deux distinctions personnelles: le prix Don Balón du meilleur joueur espagnol et le Trophée Zamora, qui récompense le gardien dont le ratio de but encaissé par match est le plus faible du championnat d’Espagne. Onze titres viendront successivement garnir son armoire à trophées jusqu’en 1994. Quatre titres de Champion d’Espagne de 1991 à 1994, une Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1992, une Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe en 1989, une Supercoupe d’Europe en 1992, deux Coupes d’Espagne en 1988 et 1990 et deux Supercoupes d’Espagne en 1991 et 1992. Rien que ça.

Andoni Zubizarreta connait une fin de carrière difficile au FC Barcelone. Nous sommes en 1994 et le Barca s’est lourdement incliné, à Athènes, en finale de Ligue des Champions face au Milan AC. Sur le papier le match aurait dû être une bataille serrée, un match qui se joue sur des détails. Le Milan était alors coaché par Fabio Capello et le FC Barcelone par Johan Cruyff. Sur le terrain, des deux côtés, des stars. Boban, Maldini ou Savićević côté Milan. Stoitchkov, Romário et Koeman côté Barcelonais. Un choc des titans remporté par K.O par les italiens, grâce à un doublé de Massaro, un but de Savićević et un de Desailly ; 4-0 score final. Zubizarreta sera pointé du doigt à l’issu du match et quittera le club en fin de saison.

Il se souvient de la Dream Team barcelonaise, que tout le monde a connu et surtout des entrainements, qui n’étaient pas aussi médiatisés qu’aujourd’hui: “Dans cette équipe, chaque entraînement était une mise à l’épreuve. J’avais devant moi les meilleurs attaquants du monde, qui redoublaient d’ingéniosité pour marquer“.

Après plus de 400 matchs sous les couleurs barcelonaises, “Zubi” signe au FC Valence, son dernier club en tant que joueur. Il y restera quatre ans, le temps d’y jouer 184 matchs et de n’y remporter aucun trophée.

Dans une interview donnée à nos confrères de Sofoot en 2016, Andoni s’est confié sur ceux qui l’ont inspiré. À la question “En tant que gardien de but, qui étaient tes modèles quand tu étais jeune ?“, il répond du tac au tac “José Ángel Iribar et aussi Dino Zoff“. Selon lui, ces deux-là étaient les meilleurs gardiens de son époque et “évidemment je m’inspirais d’eux“. Pourtant, lorsqu’il se remémore ses discussions avec Iribar, ce dernier lui disait que Ricardo Zamora était bien meilleur que lui (Iribar). Zamora a d’ailleurs donné son nom au Trophée Zamora, obtenu par “Zubi” en 1987.

En 1998, après une carrière professionnelle de 19 ans, Andoni Zubizarreta quitte les terrains sur une fausse note. Le dernier souvenir que laisse “Zubi” au monde pro est un csc qui élimine l’Espagne de la Coupe du Monde en France. La Roja quitte Footix, la célèbre mascotte, sans sortir des poules.

Le nez dans le gazon, le portier espagnol qui vient de marquer contre son camp, sait que son équipe ne verra pas les huitièmes de finale. La Roja s’incline finalement 3-2 face à de surprenants nigérians et dit adieu à son emblématique capitaine et gardien de buts. Zubizarreta prendra sa retraite quelques jours plus tard, sur une fausse note.

Pourtant, ce n’est pas le pire souvenir de la carrière d’Andoni. Dix ans après avoir arrêté sa carrière, il s’était confié au site fifa.com. “Des mauvais souvenirs, j’en ai quelques-uns. Mais les plus douloureux restent l’élimination face à l’Italie aux Etats-Unis en 1994 et contre l’Angleterre à l’Euro 1996. Les deux fois, nous avions l’équipe pour aller au bout“. Finalement, pour lui, les défaites collectives sont plus importantes que les erreurs individuelles.

Il regrette aussi de n’avoir jamais gagné un trophée avec la Roja. “Entre 1994 et 1996, nous formions une équipe extrêmement solide, très forte aussi bien sur le plan technique que physique“.

Trois ans plus tard, Andoni Zubizarreta troque ses gants renforcés contre une veste et un porte documents. Il est nommé directeur sportif à Bilbao. L’Athletic, club dans lequel il a explosé lui réouvre la porte. Jusqu’en 2004, il gère toute la partie sportive du club basque, avec toutes les contraintes que cela comporte. Il doit essentiellement trouver des jeunes joueurs qui doivent impérativement être basques.

Après une courte carrière de consultant sportif pour les médias, il est nommé directeur sportif du FC Barcelone le 2 juillet 2010. Durant ses cinq saisons de règne, “Zubi” aura réussi à signer quelques joueurs de classe mondiale. David Villa, Javier Mascherano, Alexis Sánchez, Cesc Fàbregas, Neymar ou Luis Suárez.

Il fut aussi l’un des témoins privilégiés de la saison ratée de Zlatan dans le club catalan. À propos de l’attaquant suédois, il n’hésite pas à le tacler à la gorge. “Si vous concevez le foot en termes d’individualités, d’actions personnelles, il appartient à tout ceux-là (aux grands joueurs, ndlr) car c’est un technicien extraordinaire. Le problème, c’est que ce sport se joue aussi quand vous n’avez pas le ballon. Il faut donner des solutions à ses équipiers et faire du travail tactique.” Décidément, Ibra n’aura eu de cesse, dans toute sa carrière, que de diviser à son sujet. Grand joueur ou non, le débat est toujours ouvert.

C’est aussi lui qui, après le départ de Pep Guardiola, décide de nommer le regretté Tito Vilanova à la tête de l’équipe professionnelle.

Andoni Zubizarreta connait une fin de carrière de dirigeant, difficile au FC Barcelone. Il est remercié le 5 janvier 2015 après une saison sans titre majeur et de nombreux désaccords avec l’entraineur en poste, Luis Enrique. Certaines mauvaises recrues, dont Thomas Vermaelen, auront eu raison de ses fonctions. Pour rappel, l’international belge, transféré d’Arsenal pour 18M bonus compris, ne fera ses débuts sous les couleurs barcelonaises qu’à la dernière journée de championnat. Les dirigeants n’auront jamais supporté l’achat d’un joueur, finalement indisponible pour la saison.

Depuis 2016 et l’arrivée du nouveau propriétaire de l’Olympique de Marseille, “Zubi” est nommé directeur sportif du très critiqué OM Champion’s Project mené par le trio McCourt, Eyraud et Garcia. Avec le fol espoir de ramener le club marseillais en haut de l’affiche, Andoni Zubizarreta a du pain sur la planche.

source photo: l’Equipe / Zimbio / L’instant classique

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