Blog


19 November 2018


Arrivé dans la cité des ducs il y a deux ans, Juan Carlos Ordoñez, gardien espagnol du Nantes Métropole Futsal, s’est confié à Main Opposée dans un français parfait sur sa carrière, le poste de gardien de but au futsal, et la vie à Nantes. Un entretien passionnant à retrouver ci-dessous.

Main opposée : Bonjour Juan Carlos, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Juan Carlos Ordoñez : Je m’appelle Juan Carlos Ordoñez, je suis joueur du Nantes Métropole Futsal depuis 2 ans. Je suis très content de vivre à Nantes car c’est une ville magnifique. Maintenant, on va voir l’entretien que tu m’as préparé (rires).

MO : Pourquoi et comment es-tu venu à jouer au futsal?

JCO : J’ai débuté le futsal à 15 ans, avant je jouais au handball. Un jour, un coach a vu ma façon de plonger et faire des arrêts au handball, alors il m’a demandé de venir jouer au futsal car il pensait que je pouvais devenir un bon gardien de futsal. Donc cette année-là,  j’ai commencé à jouer au futsal et au handball en même temps. Le choix a été difficile, mais j’ai choisi le futsal.

Dès lors, j’ai commencé à ,jouer en sélection jusqu’en U18, et à 17 ans, j’ai intégré le groupe en D1 espagnole, même si je ne jouais pas. À partir de là, je pourrais te raconter beaucoup de choses car ma carrière de joueur de futsal est longue. J’ai joué avec trois équipes différentes en première division et le reste en deuxième division. Lorsque j’étais en première division, j’étais à chaque fois le gardien n°1.

Après, la 1ère division est très difficile puisque tous les gardiens sont bons. Alors il faut attendre ton opportunité. La chance que j’ai eu, c’est d’avoir pu jouer en première division car je travaillais dur. Cependant, c’est compliqué de maintenir le niveau : si tu te blesses, « tu es mort », littéralement.

MO : Pourquoi avoir choisi le poste de gardien ?

JCO: Parce qu’au début, lorsque je jouais au handball, il n’y avait pas de gardiens, alors l’entraîneur m’a demandé de jouer dans les buts. J’ai accepté et j’ai remarqué que j’avais la qualité d’arrêter les ballons, d’avoir des réflexes, alors je suis resté gardien.

MO : Quelles qualités faut-il pour être un bon gardien au futsal ?

JCO : Surtout il y a deux choses importantes. Tout d’abord tu dois avoir beaucoup de réflexes mais cette qualité est innée. Tu peux l’améliorer mais c’est naturel, et puis tu ne dois pas avoir peur du ballon. Ensuite, il y a des choses spécifiques que tu dois travailler. Tu peux avoir de bons réflexes et ne pas avoir peur du ballon, si tu ne travailles pas le reste comme les relances, la technique, la tactique, c’est compliqué. Le gardien de but doit être tout le temps concentré. Je pense que le poste de gardien de but représente 70 % de l’équipe. C’est un coach qui m’a dit cela et maintenant je m’en souviens tout le temps (rires).

MO : Comment communiques-tu avec tes partenaires sur un terrain de futsal ?

JCO : Normalement tu parles beaucoup. Ce que j’ai oublié de te dire lors de la précédente question, c’est que la communication est très importante pour un gardien de but. Quand ton joueur est en train de défendre lors d’une action tu peux lui dire « à gauche »,  « à droite », « devant », « derrière », « attention dans le dos », « attention au deuxième poteau », « attention dans la diagonale ». Il faut toujours communiquer, c’est très important. Quand je suis arrivé à Nantes , c’était très difficile au début car je ne savais pas dire les choses de la manière exacte, mais après j’ai appris le français donc c’était plus facile (rires).

J.Carlos Ordoñez à la relance - photo : lpnsm.com
J.Carlos Ordoñez à la relance – photo : lpnsm.com

MO : Le jeu au pied est-il primordial pour un gardien de futsal ?

JCO : Il y a une mode depuis 5 années où le gardien doit tout le temps jouer au pied, mais ce n’est pas la vérité. Il faut la technique pour faire une relance mais ce n’est pas nécessaire de tout le temps jouer avec les pieds. Quand tu es gardien, tu peux améliorer cet aspect du jeu mais si tu ne joues pas très bien avec le pied, ce n’est pas grave. Par exemple, si un joueur te donne le ballon, tu peux lui redonner tranquillement le ballon. Ce n’est pas nécessaire de trouver un gardien très doué avec ses pieds. Le plus important c’est être gardien, c’est à dire connaître les moments du gardien, par exemple savoir le moment exact pour sortir, en tout cas c’est mon avis personnel.

MO : Comment prépares-tu tes matchs ? Visionnez-vous des séquences vidéos concernant les joueurs adverses ?

JCO : Quand tu joues à un haut niveau, la vidéo, c’est très important. C’est Fabrice (Gacougnolle, entraîneur du Nantes Métropole Futsal) et tout le staff technique qui préparent les séances vidéos. Ils font un travail magnifique pour nous montrer les actions de l’équipe adverse. Par exemple, c’est bien de savoir pour les 10mètres (l’équivalent du penalty au futsal) quel joueur frappe avec le pied gauche ou droit, s’il tire en force ou non. C’est pour cette raison que lors de notre dernier match à domicile, j’ai arrêté un 10 mètres qui était très important puisque nous avons remporté ce match 3-2 ( lors de la deuxième journée de championnat le 29 septembre 2018 contre Toulouse). Ce sont les petits détails qui font la différence.

MO : Qui sont tes gardiens favoris  ?

JCO : Quand j’ai commencé à jouer au futsal, j’avais un gardien favori qui s’appelle Jesús Claveria. Après quand j’ai débuté à jouer en première division, j’ai joué contre le meilleur gardien de l’histoire, Luis Amado. C’était l’un des 5 meilleurs du monde tous postes confondus. Il était formidable, je le regardais beaucoup, il a une histoire magnifique. Quand il a commencé à jouer au futsal, un coach lui a dit qu’il ne sera jamais un bon gardien. Il a retenu cette phrase et s’est mis à beaucoup travailler et il est devenu le meilleur gardien de l’histoire.

MO : Avant de venir à Nantes, tu jouais en Espagne. Quelle différence y-a t-il entre le championnat espagnol et le français ?

JCO : Avant d’arriver à Nantes, je jouais à Jaén Paraíso Interior, en première division, qui a gagné deux coupes d’Espagn. L’équipe est très forte maintenant. Je me suis arrêté pendant 3 années pour commencer à étudier les concours d’enseignant. C’est là que Fabrice s’est souvenu de moi, il m’a appelé pour me demander si je voulais faire la reprise avec Nantes. Il y avait déjà un gardien, mais il souhaitait avoir un autre gardien. J’ai réfléchi, j’étais en train d’étudier le français, puis j’ai accepté.

Pour revenir à ta question, j’ai trouvé une différence importante. En Espagne, le jeu est tout le temps tactique avec une intensité maximum. Ici, le jeu est différent. L’intensité est moins importante et tu joues un tiers du temps sur une individualité de l’équipe. En France, les équipes cherchent l’individualité du joueur important, il n’y a pas beaucoup d’exercices de tactiques ou de stratégies, mais ça va venir. C’est pour ça qu’il y a des coachs qui sont venus enseigner la tactique.

MO : Le Futsal est-il professionnel en Espagne ?

JCO : Oui. En Espagne, joueur de futsal est un métier, mais je pense que le professionnalisme va arriver en France parce que pour les sports de haut niveau, il faut pouvoir donner tout le nécessaire. Pour que la ligue devienne professionnelle, il faut que tous les clubs soient professionnels.

photo: lpnsm.com
photo : lpnsm.com

MO : C’est ta deuxième saison à Nantes. Comment t’acclimates-tu à la ville et plus généralement au pays ?

JCO : Je l’ai déjà dit au début, je suis amoureux de la culture française, surtout de la ville de Nantes, parce que quand je suis venu ici, j’ai trouvé une grande ville pour faire beaucoup de choses et en profiter. Quand j’ai du temps libre , j’aime profiter de la nourriture, c’est magnifique. Quand je retournerai en Espagne, j’aimerais rapporter un beau souvenir de la ville de Nantes. Ça fait deux années que je suis ici et que je profite de la vie.

 

MO : Sur le plan collectif, quels sont les objectifs du club ? Les play-offs ?

JCO : Le premier objectif, c’est de gagner tous les matchs et de prendre les matchs les uns après les autres, parce que tu peux penser que les play-offs c’est magnifique, mais avant il faut jouer les matchs. Lorsque tu rencontres des équipes qui sont « moins fortes », elles vont tout donner, donc il faut être tout le temps concentré. Le premier objectif, c’est celui là. Après la fin de la 1ère phase, nous verrons si nous sommes capables de jouer les play-offs. Si tu me demandes si on cherche les play-offs, je te dis oui car cette année nous avons une grande équipe. Nous avons l’opportunité de jouer les play-offs, à nous de la saisir.

LES PENOS DE MO

26462CB2-5302-4637-A1F8-986E88608565

MO : Quel est ton plus bel arrêt ?

JCO : Pour un gardien, le plus bel arrêt, c’est celui qui te permet de remporter le match. Après je ne saurais te dire lequel en particulier.

MO : Quel est ton meilleur moment en tant que gardien de but de futsal ?

JCO : Mon meilleur souvenir, c’est quand j’ai gagné la coupe d’Espagne en U18 quand je jouais en Andalousie. Un autre souvenir que j’ai, c’est la victoire lors d’un tournoi international à Moscou quand je jouais avec l’équipe de Caja Segovia, c’était une grande équipe. Il y a également les différentes médailles que j’ai reçues dans ma vie, notamment une médaille qui récompensait le joueur le plus fairplay.

MO : Un dernier mot pour les lecteurs de MO ?

JCO : Quand tu m’as contacté, j’ai commencé à regarder les différents documents qui se trouvent sur votre site internet. Je vous remercie de m’accorder un entretien et je vous remercie de la manière dont vous avez fait les choses. Désormais je serais attentif au site internet.

—————

Main opposée remercie Juan Carlos pour le temps qu’il nous a accordé dans un français parfait . Nous lui souhaitons le meilleur pour la saison à venir avec le Nantes Métropole Futsal et le reste de sa carrière sportive et professionnelle.

——————————

Photo de couverture: nantesmetropolefutsal.fr

News Feeds
Rejoins la communauté
Articles récents
Si tu souhaites recevoir du contenu exclusif, souscris à ma newsletter :
Haut de la page
Partages