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17 February 2021


Encore décisif le week-end dernier face à Huesca, Bono confirme en ce début de saison ce qu’il avait laissé entrevoir au final 8 de la Ligue Europa. En l’espace de quelques mois, il est devenu le cadre d’une équipe sévillane ultra compétitive aussi bien en Liga qu’en Ligue des champions. 

L’arbitre met son sifflet à la bouche, le match est terminé et Séville l’emporte grâce à un gigantesque Bono. Combien de fois avons-nous pu entendre ça cette saison ? Le week-end dernier, encore, face à Huesca, le gardien international marocain a sauvé les siens, d’abord d’un arrêt manchette réflexe puis d’un double-arrêt miraculeux. Mais ce n’est pas la première fois, les supporters rennais peuvent également en témoigner. Même Leo Messi s’y est cassé les dents la semaine dernière en demi-finale aller de Coupe du Roi. Il y a des soirs comme ça où le portier sévillan parait tout bonnement infranchissable.

Ses qualités sont multiples. Sa taille est un atout précieux qu’il sait utiliser à merveille. Combiné à une bonne détente, il est efficace sur les frappes lointaines et n’a encaissé qu’un seul but sur une frappe venant de l’extérieur de la surface. Son mètre 92 lui est très utile lors des face-à-faces, exercice qu’il semble adorer. Il maîtrise à la quasi-perfection les sorties en croix, ce qui lui permet de briller lors de ces moments décisifs, son face-à-face remporté en finale de Ligue Europa sur Lukaku en est une magnifique illustration. Présent sur sa ligne et dans les airs, il l’est également au pied. Parfait pour Lopetegui qui prône un jeu de possession à l’extrême. Bono a même délivré une passe décisive lors de la période post-confinement face à Mallorque. Tout cela sans parler de sa passion pour les penaltys : 2/3 arrêtés en Liga cette saison et un autre, crucial, en quart de Ligue Europa l’été dernier.

Un début de saison en fanfare

Un but encaissé pour 11 arrêts en Ligue des champions (3 matchs joués), 13 buts en Liga pour 19 matchs joués et aucun but encaissé en Coupe du Roi après 6 matchs. Bono cette saison, c’est 17 clean sheet en 29 rencontres officielles disputées ! Des statistiques à en faire pâlir les plus grands. D’ailleurs il est à la lutte cette saison avec Oblak (13 buts encaissés en 21 matchs) pour l’obtention du trophée Zamora, récompensant la défense la plus hermétique de la saison et remis symboliquement aux portiers concernés. Mais au-delà des statistiques, c’est l’impact qu’il laisse sur les matchs qui est impressionnant. Les deux penaltys qu’il stoppe (contre le Betis et Alavés) permettent à son équipe de repartir avec 1 et 3 points. La semaine dernière, il écoeure Messi avec un face-à-face et un coup franc repoussés magnifiquement. Il a réussi en peu de temps à conquérir le coeur des sevillistas.

Si Séville est aujourd’hui 4e avec seulement un point de retard sur le Barça et 4 sur le Real (qui a joué un match de plus), le portier marocain n’y est pas pour rien. Elu plusieurs fois homme du match, il sait se montrer décisif, et la dynamique est positive. Il reste sur 7 matchs consécutifs toutes compétitions confondues sans encaisser le moindre but. Il faut remonter quasiment un mois en arrière (le 19 janvier contre Alavés) pour voir les filets rouges et blancs trembler. Avec l’enchainement des matchs tous les 3 jours, Bono fait preuve d’une régularité exceptionnelle.

Une révélation tardive

S’il arrive à l’Atletico en 2012, il ne connaitra la Liga qu’en 2017 avec Gérone alors qu’il a déjà 26 ans. Personne ne lui prédit la réussite qu’il connait depuis ces derniers mois. Natif de Montréal de parents marocains, Yassine Bounou, dit Bono, part vivre à Casablanca (Maroc) à l’âge de 8 ans. Là-bas, il joue pour l’emblématique club du Wydad. Un club avec lequel il fait toutes ses gammes. Il devient même en 2011 le plus jeune joueur dans une finale de ligue des champions de la CAF après la blessure du gardien titulaire. Le Wydad s’incline 1-0. A Casablanca, il ne joue que 10 matchs au total avec l’équipe première avant de se lancer dans l’épopée espagnole.

Bounou au Wydad Casablanca. Crédit photo : Wikipédia
Bounou au Wydad Casablanca – Crédit photo : Wikipédia

Quand il rejoint la péninsule ibérique, l’Espagne est alors l’El Dorado du football : une nation championne du monde et championne d’Europe avec les Casillas, Xavi, Iniesta et consorts. La Liga c’est Ronaldo contre Messi, un championnat scruté par tous. Mais lorsqu’il arrive à l’Atletico, Bono est barré par la concurrence notamment de Courtois et est relégué en équipe B. Lorsque le belge va partir vers Chelsea, Bono est propulsé en équipe première mais en tant que doublure. Il ne jouera pas une minute. Il demande alors à être prêté pour jouer. Il atterrit à Saragosse, en deuxième division, où il jouera deux saisons et manquera la montée lors de barrages, mais commence à être repéré par quelques recruteurs et c’est à Gérone qu’il va rebondir.

Transféré par l’Atletico où il n’aura jamais joué en équipe première, il arrive dans la province catalane alors en deuxième division. Après une saison très réussie sur le plan personnel et sur le plan collectif, il accède enfin à la Liga qui le fait tant rêver. Il commence la saison remplaçant mais va très vite se faire sa place et s’offrir un gros scalp : le Real Madrid. Lors de sa deuxième saison à Gérone, il réalise 125 arrêts, ce qui fait de lui le gardien ayant fait le plus grand nombre d’arrêts de la saison. Malgré ça, Gérone est relégué, mais pas question pour Bono de retrouver la deuxième division : il est prêté avec option d’achat à Séville.

Merci la Covid

A Séville, Bono est barré par Vaclik, très performant dès le début de saison. Cependant, plus la saison avance et plus Vaclik commence à essuyer les critiques et enchainer les matchs décevants. La crise sanitaire vient stopper la saison, Séville est encore en lice en Ligue Europa et pas mal classé en Liga. La saison reprend en juin avec Vaclik toujours dans les buts, mais le tchèque se blesse après sept matchs. Il reste alors quatre matchs de championnat et la ligue Europa à Bono pour faire ses preuves. Il se dit d’ailleurs que Séville ne compte pas lever l’option d’achat pour le conserver. S’en suivent 3 victoires et un nul en Liga qui font échouer Séville à la 4e place, devancé à la différence de buts par l’Atletico. Mais l’essentiel, c’est l’Europa League et Bono va alors saisir l’opportunité qui lui est donnée de démontrer toute l’étendue de son talent et se révéler aux yeux de ceux qui doutaient encore de ses qualités.

Bono remporte prend le meilleur sur Lukaku en finale de l'Europa League - Crédit photo : Sevilla FC
Bono remporte prend le meilleur sur Lukaku en finale de l’Europa League – Crédit photo : Sevilla FC

Séville accède facilement au Final 8 de la Ligue Europa en battant Rome 2-0. Wolverhampton se dresse alors face aux andalous en quart-de-finale, et c’est là que le show Bono va pouvoir commencer. 13e minute et l’arbitre désigne le point de penalty de la surface sevillane après une faute de Diego Carlos. Jimenez s’élance et Bono s’interpose. Cet arrêt salvateur permet à Séville de ne pas être mené d’entrée, essentiel dans un match couperet. Un arrêt déterminant et décisif puisqu’Ocampos délivrera les siens à la 88e minute. Se présentent ensuite des Red Devils plein d’ambition. Grâce à sept arrêts de Bono – seul Bruno Fernandes parvient à trouver la faille sur penalty – Séville prend le dessus (2-1). Enfin, en finale, l’Inter et son attaque de feu qui aujourd’hui domine le Calcio, se présentent face aux andalous et leur portier. Seulement deux arrêts pour Bono au tableau des stats, mais surtout ce face-à-face héroïque devant Lukaku. Séville remporte la Ligue Europa, Bono est élu meilleur gardien du tournoi, Séville lève l’option d’achat et le gardien international marocain fait désormais parti des incontournables à Nervión.

Cette révélation est, depuis le début de saison, suivie par une magnifique confirmation ! Bien placé dans la course au Zamora, Bono peut rentrer dans l’histoire du FC Séville ce mercredi face à Dortmund. S’il garde sa cage inviolée durant plus de 73 minutes, il deviendra alors le gardien détenteur de la plus longue série d’invincibilité du club andalou, détrônant ainsi le légendaire Andrés Palop et ses 780 minutes sans prendre de but. Alors oui, en face il y aura Haaland, Sancho et toute l’armada du Borussia, mais pour Bono rien n’est impossible, loin de là.

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Photo de couverture : Séville FC

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