Souvent victime de sa mauvaise réputation, le portier stéphanois reste très discret en dehors des terrains et il est d’ailleurs assez rare qu’il se confie devant les médias. Emmanuel Lonjon, journaliste de Yahoo Sport France s’est exprimé sur le site internet 11foot afin de répondre aux détracteurs de Stéphane Ruffier et raconter la seconde personnalité du Basque : “Au top 10 des joueurs les plus vilipendés sur les réseaux sociaux, son nom doit apparaître. On lui reproche parfois d’avoir insulté un amateur, de refuser de jouer pour l’équipe de France, on moque aussi son erreur au Parc face au PSG, il y a déjà quelques années. Alors si tout n’est pas toujours exact là-dedans voire même dans certains cas absolument faux, je n’ai absolument pas envie de le défendre, de justifier ou expliquer quoi que ce soit : je veux simplement vous parler de “Ruff”, Il y a tellement de gens qui parlent de lui sans jamais l’avoir rencontré que je me suis autorisé à en parler, moi qui le connais depuis une dizaine d’années.”
Emmanuel Lonjon raconte par la suite sa rencontre avec l’ancien gardien monégasque : “J’ai découvert Stéphane alors qu’il avait 21 ans, était remplaçant de Flavio Roma et on disait de lui qu’il pourrait d’ailleurs rapidement le remplacer. Très vite, le courant est passé. Parmi ses passions, en dehors de tout ce qui concerne le Pays Basque qu’il aime viscéralement (vous pouvez dire ou écrire de “Ruff” ce que vous voulez mais dites jamais du mal du Pays Basque…), figurent celle des voitures, c’est d’abord cela qui nous a rapproché. Nous avons passé des heures à échanger sur les qualités de tel ou tel préparateur sur tel ou tel modèle de voitures, son analyse était très pointu. A force d’échanger, la confiance s’est installée. Je ne surprendrai personne en disant que “Ruff” est un taiseux, pudique, méfiant mais par contre quand il vous a « à la bonne », que la carapace est fendue, le mec est tellement différent de l’image qu’il renvoie. C’est un garçon simple, généreux et un très gros chambreur voire moqueur.”
L’ami de Stéphane Ruffier n’hésite d’ailleurs pas à illustrer ses propos par une anecdote assez cocasse : “Je lui propose de me rejoindre chez mes parents, il accepte volontiers. Mon petit- frère est traiteur et me demande de l’aide pour aller livrer et décharger une prestation, alors que je lui propose de nous attendre, “Ruff” propose, lui, de nous accompagner. Il attendra dans la voiture. Arrivé à destination, je porte une 1ère caisse puis une 2ème, je me retourne et je vois “Ruff” une caisse de mignardises dans les bras, il porte un débardeur qui laisse apparaître ses tatouages. Pas d’erreur possible sur la personne. Le regard halluciné des clients sur son passage est incroyable. D’abord interloqué, ils le dévisagent. Nous sommes en fin d’après- midi dans un petit village du Puy- de- Dôme en train de livrer de quoi fêter, de mémoire, les 20 ans d’une jeune fille. Autant dire que les probabilités de croiser l’ex gardien de but de Monaco sont faibles !” Ruff” enchaîne les allers- retours. Les clients ne le quittent pas des yeux. On devine les chuchotements. Ils se retournent parfois vers moi et je tâche de faire comme si tout était normal. Un adulte ose enfin s’approcher de lui” :
– “Mais je vous connais, non ?”
– “Ah… C’est possible, oui !” répond très sérieusement Stéphane en continuant d’aider mon petit frère.
Lors de son passage suivant…
– “Mais vous êtes pas le footballeur ? Je vous ai vu à la télé… Vous jouez où ? A Monaco ?”
– “Oui, c’est moi ! Mais je ne joue plus à Monaco !” Il continue sa tâche.
– “D’accord… mais… et vous faites « çà » aussi ? C’est en plus du foot ?”
Ruff s’arrête, regarde son interlocuteur, toujours aussi sérieux :
– “C’est fini Monaco, tout çà ! Je suis à Saint-Etienne maintenant… alors je fais des extras !”
Puis il rejoint le camion. Les convives sont sous le choc. Alors qu’il est donc absent, un autre adulte s’approche de moi :
– “Mais… il travaille vraiment pour vous ?!”
– “Ben… ca fait 2 semaines maintenant… Oui ! pourquoi ?”
“Je salue l’assistance, monte dans le camion et m’en vais. Nous éclatons de rire. Le “Ruff” que je connais est celui- là… et c’est mon ami !”
Photo de couverture : Franceinfo