Blog


7 September 2017



Interrogé par le magazine So Foot, l’emblématique gardien stéphanois partage dans cette interview ses souvenirs intacts de l’épopée européenne où les verts s’étaient hissés jusqu’en finale de la Coupe d’Europe des clubs champions face au Bayern Munich. Champion de France à 4 reprises, le mythique portier yougoslave comptabilise 383 matchs disputés sous le blason stéphanois, une légende qui aura marqué l’histoire de son club…

Sa fin de carrière
“Lorsque vous terminez votre carrière, que vous quittez les terrains de foot, il faut sortir le joueur qui est en vous parce que s’il reste, il vous gêne énormément. Il veut toujours se comparer aux joueurs actuels. Si vous arrivez à le mettre de côté, vous pouvez faire une belle après-carrière, comme dirigeant sportif par exemple. Vous n’êtes pas gêné intérieurement. Vous ne vous dites pas tel club ou telle personne n’a pas été correct avec moi, alors que j’ai tellement donné par le passé… quand j’ai disputé mon dernier match, je savais qu’il n’y en aurait plus derrière. Durant toute ma carrière à Saint-Étienne, je n’ai manqué que quatre rencontres. Les matchs, les entraînements, tous les gestes à répéter, j’en avais un peu marre à la fin. J’étais un peu fatigué, je sortais de 22 ans de carrière, donc je n’ai eu aucun mal à sortir ce grand joueur, ce grand gardien de but qui était en moi.”

Lié à Saint-Etienne
“À l’époque la France était une grande nation dans le sport, la culture, l’industrie, dans tous les domaines. Depuis 1958 jusqu’à l’époque de Saint-Étienne, il n’y avait pas beaucoup de succès footballistiques, surtout sur le plan international. On était une jeune équipe dans une petite ville industrielle de mineurs de 300 000 habitants. Elle ne comptait que deux étrangers, l’Argentin Piazza et le Yougoslave Ćurković. On a disputé des matchs exceptionnels à partir de Split en Coupe d’Europe. On a renversé une situation incroyable (défaite 4-1 à l’aller, victoire 5-1 au retour). Saint-Étienne et puis la France ont commencé à vibrer. Saint-Étienne l’a rendu fière. La fierté, c’est le plus important pour une nation. La France était fière de son football et de ses jeunes joueurs issus du cru, comme Sarramagna, Lopez, Synaeghel, Patrick Revelli, Janvion… entourés de quelques cadres comme Larqué, Hervé Revelli, Bereta. Saint-Étienne est devenu une sorte d’équipe de France où les joueurs étaient clairement identifiés. Tout le monde a commencé à nous supporter. Bien sûr, l’apothéose fut lorsqu’on est allés en demi-finales de la Coupe des champions, et puis en finale l’année suivante. Ensuite, il y a les titres qu’on a remportés. Extraordinaire. Saint-Étienne a pris une place dans le cœur des Français pour toujours. Mais il ne faut pas oublier Rocher, Herbin et Garonnaire qui y sont également pour beaucoup dans nos succès.”

Le quart de finale aller contre Kiev (défaite 2-0)
“Je m’en souviens comme si c’était hier. Un froid de canard, une ambiance glaciale. C’était compliqué. Même avec toute mon expérience, je ne connaissais rien de cette équipe, je ne savais pas comment elle jouait, mais elle possédait de grands joueurs et surtout un grand entraîneur : Lobanovski. Cette équipe était capable d’apprendre et de reproduire des actions par cœur. Lorsqu’on a marqué le troisième but au match retour (Sainté est virtuellement qualifié en menant 3-0), on avait la victoire dans la poche. J’ai commencé à trembler parce que je me disais qu’ils allaient pousser. Je n’étais pas sûr qu’on pourrait préserver le résultat, mais finalement, le Dynamo Kiev n’a pas attaqué, il ne pouvait pas.”

Sa performance lors de la demi-finale de Coupe des clubs champions face au PSV Eindhoven
“Ce 0-0 nous a permis de nous qualifier et de disputer la finale. J’ai déjà fait des arrêts encore plus fantastiques que face à Eindhoven, mais l’enjeu du match donnait encore plus d’importance. Mais vous savez, notre défilé sur les Champs-Élysées avec des milliers de personnes venues nous saluer, c’était un merci pour tout ce que nous avions fait jusqu’ici, pas seulement pour la finale.”

Autoritaire sur le terrain
“J’aime le travail bien fait. Sans travail, vous ne pouvez pas progresser. J’ai été forgé comme ça. Footballeur c’est un travail, un métier très sérieux, exigeant. À Saint-Étienne avec une jeune équipe, j’ai simplement imposé quelque chose, en accord avec mon entraîneur qui était aussi quelqu’un de très exigeant. Le président Roger Rocher l’était aussi, les mineurs de Saint-Étienne également, donc je m’entendais naturellement avec eux. Sans fausse modestie, je pense que mes jeunes coéquipiers ont beaucoup appris grâce au travail que j’ai apporté.”

L’apprentissage de le langue française
“Lorsque je suis arrivé à Saint-Étienne, je ne parlais pas un mot de français, un peu l’espagnol parce qu’on faisait des tournois fréquemment en Amérique du Sud pendant l’hiver. À Saint-Étienne, lors de mon premier stage, j’ai partagé ma chambre avec mon très cher ami Aimé Jacquet. C’était mon premier professeur de français. Il était patient, pédagogue. On garde un contact très fraternel.”

Ivan Ćurković, loup solitaire ?
“J’étais assez nerveux pendant les matchs. Parfois la tension psychologique était importante. J’étais quelqu’un qui parlait beaucoup, replaçait, dirigeait mes partenaires. Je préférais rentrer à la maison voir ma femme, boire du thé. Je ne pouvais pas dormir tout de suite. Je n’étais pas prêt à sortir. Je calmais ma nervosité chez moi avec une tisane. Avec mon caractère et ma rigueur, j’étais peut-être un peu différent, mais il faut des caractères différents dans une équipe de foot.”

 

Photo de couverture : Sur la route des Verts

News Feeds
Rejoins la communauté
Articles récents
Si tu souhaites recevoir du contenu exclusif, souscris à ma newsletter :
Haut de la page
Partages