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1 July 2017


Florian Trimborn, gardien de National 3 (ex-CFA2) souvent comparé à Kiraly pour son style vestimentaire sur le terrain qui est le même depuis 10 ans (pantalon noir, chaussures blanches et gants Uhlsport), nous a fait l’honneur de se confier en exclusivité à Main Opposée pour nous parler de son quotidien et des choix d’un portier de National 3.

MO : Florian, pourrais-tu présenter ton parcours aux lecteurs de Main Opposée? 
Florian Trimborn : J’ai commencé le football à Merlebach à 4 ans en pré-débutant, mon parrain, ancien joueur professionnel,  avait été formé à Merlebach et mon grand-père qui s’occupait de moi m’ a dit que je commencerais là-haut. Quand j’ai commencé je n’avais pas de poste prédéfini donc il m’a fallu 6 mois pour que je me retrouve aux buts pour un tournoi. J’arrête un penalty et depuis ce moment-là je n’ai pas quitter la cage. Après, je suis parti à Forbach, en sport-étude. J’ai fait une année, puis j’ai été à Behren les Forbach. J’ai fait mes années de 14 fédéraux et de 16 ans nationaux à Magny et c’est là que j’ai eu le plus de touches avec le monde pro, mais ça c’est pas fait. Après le lycée, j’ai Sarre Union qui m’a contacté avec l’objectif de faire monter l’équipe réserve de PH à DHR et la première de DH à National 3, et l’objectif à été atteint. Deux ans après, j’avais fait quelques matchs en National 3 et à ce moment là, mon grand-père tombe gravement malade. Mes grands-parents ça représente un peu tout pour moi donc j’emmenais ma grand-mère à Strasbourg tous les jours depuis chez moi, mais c’était impossible de le concilier avec le foot de haut niveau. J’ai donc pris la décision de partir et d’aller dans un club de PH où je savais que si je n’allais pas à l’entrainement, on ne m’en tiendrai pas rigueur et je pourrai jouer sans trop m’entrainer. Et bien m’en a pris puisque en septembre mon grand-père est décédé (3 mois après qur son grand père soit hospitalisé). Deux ans après mon départ de Sarre Union, j’ai rejoins Forbach qui m’avait contacté où j’ai fait quelques matchs de National 3. Par la suite, je suis parti à Sarreguemines car je connais très bien l’entraîneur des gardiens. Cela m’a permis de reprendre la forme que j’avais perdu à Forbach vu que je jouais beaucoup moins, et c’est avec Sarreguemines que l’on fait nos 2 belles épopées en Coupe de France en éliminant 4 Ligue 2 en 2 ans (Valenciennes par deux fois, Reims et Dijon). Et cette saison, j’évolue désormais à Sarre Union.

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MO : Ne penses-tu pas que jouer la coupe de France et le championnat à fond, pour un club de National 3 qui joue la montée, peut être compliqué ?
FT : Ça a été un problème à Sarreguemines, mais ce n’est pas forcément un problème de National 3. Quand nous avons joué Granville, Granville était aussi en National 3, ils jouaient la montée en National 2 (ex-CFA) et ils sont montés. Pourtant ils ont fait comme nous, ils ont joué contre des équipes de Ligue 2, ils ont joué Marseille mais ils n’ont pas perdu de point avant (les matchs de coupe de France ndlr) parce qu’en fait eux, ils avaient un club où les ¾ des joueurs ne bossaient pas, ils étaient sous contrat au club, ils entrainaient des gamins et ils allaient jouer. Ils avaient beaucoup plus de joueurs, de moyens que nous, donc forcément ils pouvaient se permettre des rotations. Nous, quand on faisait tourner, c’était un peu plus compliqué surtout quand il y a des blessures. Sur les deux années-là, ça nous a très certainement coûté la montée en National 2 de jouer la coupe de France comme on l’a joué, mais ça procure tellement d’émotions qu’on ne peut pas avoir de regrets.

MO : Comment aurais-tu vécu une montée en National 2 personnellement?

FT : On a commencé à en parler en fin d’année quand on a débuté le sprint final de la saison et qu’on gagnait. On se regardait avec certains et on se disait qu’on allait tout faire pour faire monter le club, en sachant que si le club devait monter on n’aurait pas pu rester. Avec les activités professionnelles de chacun, c’est très compliqué d’allier le National 2 avec l’activité professionnelle. Le National 3, ça va encore, c’est des déplacements interrégionaux, mais quand tu joues en National 2, tu dois te déplacer à Lyon, partir très tôt le samedi matin ou la veille, certains bossent le samedi matin ou le vendredi soir de nuit, c’est très compliqué.

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Crédit photo : Le Républicain Lorrain

MO : Comment as-tu pu gérer ton emploi du temps, sachant que ta famille s’est agrandi récemment ?
FT : Ça a été plus compliqué quand ma femme a recommencé à travailler. On a pris la décision de partir à 50 km de Sarreguemines parce que mes beaux parents habitent là-haut et pour garder le petit, c’est ce qui fonctionne le mieux. Donc en terme familial, j’ai fait le choix de l’équilibre car clairement c’est un travail d’équipe, tout le monde tire dans le même sens. C’est la vie de famille qui prime et du coup l’équilibre familial, on l’a retrouvé comme ça et c’est ce qui a permis d’allier le travail, le foot et la vie de famille.

Là je vais être à Sarre Union, ça va être plus facile mais quand j’étais à Sareguemines et que je travaillais encore le lundi (plus maintenant car Florian travail dans une banque), on ne se voyait pas de la semaine, on se croisait uniquement quand je rentrais à 23h le soir et le week-end. Il suffisait que j’ai match et on ne se voyait que le dimanche. Je sais très bien ce que je lui dois (à sa femme), c’est pour ça que le choix de Sarre Union rien que pour le cadre familial, il est génial parce que j’y gagne en temps et donc en organisation.

MO : Tu quittes Sarreguemines uniquement pour le contexte familial ?
FT : Non, il y aussi le côté sportif. Sans trop rentrer dans les détails, l’état d’esprit, la dimension et le projet que le club a pour l’avenir, je ne m’y reconnais pas du tout. De ce qui s’est passé, de ce que j’entends de ceux qui y sont en train de partir comme moi, le club veut se professionnaliser, par le suivi médical, par les entraînements, mais ça engendre pour eux de faire un recrutement de professionnels. Sauf que pour les plus anciens, on ne se sent pas trop valorisé parce qu’ils font venir des joueurs de l’extérieur qui ont un super CV, mais ils vont prendre la place d’anciens qui se sont battus, qui ont aidé à ce que le club soit là. C’est pas les valeurs que les clubs avaient il y a 2-3 ans. Ils se donnent les moyens de leurs objectifs, ils veulent monter en National 2, ils veulent que le club grandisse, mais  je ne m’y retrouve pas forcément. Je veux bien monter en National 2, mais dans un club qui garde ses valeurs, sans révolutionner le club du tout au tout vers un mode de fonctionnement qui n’est pas adapté à la vie d’un amateur. J’ai eu le sentiment d’un manque de reconnaissance.

MO : Après votre superbe victoire contre Reims, tu as été invité sur une émission chez Eurosport, quelle sensation as-tu eu ?
FT : On bat Reims le samedi, le dimanche c’était le déferlement médiatique, dans le sens où tu as des messages sur Facebook, sur ton téléphone de gens que tu ne connais pas forcément ou que tu n’as pas vu depuis longtemps. Ce jour-là, les gens du club m’appellent pour me dire qu’Eurosport veut faire une émission. Sur le coup, tu penses que c’est une blague. Et en fait c’est là que tu touches la vie d’un professionnel, tu prends le TGV, tu vas à l’hôtel. C’est super agréable de vivre cette vie là, t’en profites à fond parce que tu sais que ça ne va pas durer longtemps. Quand tu es dans un TGV en première classe alors que t’es toujours en deuxième classe, tu te dis que c’est pas mal (rire). Tous les petits détails sont géniaux!

MO : Tu as aussi pu côtoyé un gardien champion du monde pendant cette émission, Lionel Charbonnier
FT : Je suis arrivé, d’abord j’ai vu Jonathan Zebina et Réginald Becque, le capitaine mythique de Calais donc forcément ça parle à tous les amoureux du foot. Et puis tu as Jonathan Zébina à côté de toi qui a joué à la Juve donc pour moi qui suit supporter de la Juve, c’est génial. Tu as deux types comme ça face à toi super sympa qui te demandent comment ça va, comment ça se passe. J’ai vu Lionel Charbonnier aussi et j’ai eu l’occasion de discuter avec lui parce qu’on avait le même hôtel et on a fait le trajet ensemble. C’était vraiment génial de discuter avec lui, d’échanger un peu sur ses expériences. C’était une expérience vraiment géniale et j’en garde d’excellents souvenirs.

MO : Toi le fan de la Juve, as-tu pu parler un peu de Buffon avec Zebina ?
FT : Je lui en ai touché un mot, moi la Juve je la suivais déjà avant, mais depuis que Gigi est là, encore plus. Pour moi c’est la référence ultime à ce poste-là donc forcément je suis fan. On commence à discuter (avec Zébina) et il me dit : ” y a des joueurs qui sont professionnels et il y a les professionnels. Lui fait partie de la deuxième catégorie, il a beau avoir l’âge qu’il a, acquis plein de titres, quand tu le vois à l’entrainement, il se défonce. Pourtant, entre guillemets, il n’aurait plus l’âge de le faire et il le fait. C’est un modèle en terme de professionnalisme. Au-delà de ça, l’homme en tant que tel est une personne géniale et tu vois comment il est respecté en Italie au-delà de son côté de joueur de la Juve. Il a une autre dimension qu’un simple joueur de foot”. C’est extraordinaire, le mec ça fait 15 ans qu’il est au top !

MO : Quel est le projet de Sarre-Union pour le club et pour toi ?
FT : Le projet est très simple, ils viennent de vivre deux années très compliquées. Alors oui, il y a eu l’intermède Coupe de France dont tout le monde parle avec le huitième (de finale) contre Lorient. Mais l’année où ils font leur huitième, ils descendent de National 2 en National 3, donc c’est quand même une année en championnat qui, sur le plan sportif , ne se passe bien du tout. L’année qui suit, l’objectif était de remonter immédiatement et en fait, ils ont joué le maintien jusqu’à 3 journées de la fin. Donc là ils ont remis certaines choses en place, le coach change parce qu’il y a besoin d’un nouveau souffle et de quelqu’un avec d’autres méthodes. Le but, c’est de faire forcément mieux que cette année sans trop se prendre la tête, voir un petit peu ce qu’il va se passer et puis après, advienne que pourra en fonction du classement et faire un bilan à mi-saison. Pourquoi pas jouer un coup pour aller un cran au-dessus, mais après ce n’est pas l’objectif premier du club, l’objectif c’est de faire mieux que les deux saisons précédentes. Repartir sur une équipe qui fait des bons résultats, qui fait plaisir au public, chose très importante. C’est les alsaciens, ils ont plus la mentalité allemande, la moyenne des gens au stade chez eux, c’est entre 500 et 600 alors que Sarreguemines c’était entre 200 et 300. Donc ces gens-là, il faut leur redonner le goût de revenir au stade. C’est un peu le but de cette année. Moi personnellement j’ai 28 ans, je suis en pleine forme. C’est un âge où nous les gardiens atteignons notre pic de forme, donc j’ai hâte de commencer ce challenge-là pour redonner au club ses lettres de noblesses.

MO : As-tu eu l’opportunité de jouer dans un club professionnel ?

FT : Quand j’avais 14 ans, j’étais à Magny (club de la banlieue de Metz), on avait fait un tournoi international à Lyon, le tournoi se passe très bien, je fais meilleur gardien du tournoi. Je ne le sais que 3 mois plus tard, au mois de juin, mais Saint-Etienne avait appelé mon parrain et le coach lui avait dit : “ton neveu, fin juin, on le fait signer au centre de formation chez nous pendant 3 ans”. Mon parrain ne m’a rien dit parce qu’il sait comment ça marche dans le foot, tout peut aller très vite. En fin d’année, le staff du coach principal, Frederic Antonetti, se fait virer et ce gars là avec. Donc la chance d’aller là-bas se volatilise, moi je l’apprends plus tard donc le regret est moindre. À 16 ans, j’ai fait une semaine d’essai à Lille. Au moment du bilan, l’entraineur me dit : « t’es un peu plus fort que les gardiens qu’on a chez nous, le seul inconvénient qu’il y a, c’est que tu viens de loin, faut qu’on paye le centre de formation et les gardiens qu’on a chez nous viennent de la métropole du LOSC, donc on n’a pas les frais. Et vu que t’es pas exceptionnellement au-dessus mais juste un petit peu, on peut pas te prendre ». Et la fin du monde pro pour moi est à ce moment-là. Avec le recul, si j’avais juste dû y aller pour faire le centre de formation et après peut-être ne pas réussir, est-ce que j’aurais été encore aussi motivé à faire mes études derrière ? ou rencontrer ma femme et avoir mon fils ? Je n’ai pas de regrets par rapport à ça, je suis parfaitement content de la vie que j’ai actuellement et d’évoluer régulièrement en National 3.

MO tient à remercier Florian Trimborn pour sa sympathie et le temps qu’il nous a accordé. On lui souhaite bien sûr d’atteindre ses objectifs footballistiques, professionnels et de s’épanouir dans sa vie de famille.

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